Contexte Une désintoxication rapide aux opiacés par
une induction avec des antagonistes aux opiacés utilisant une
anesthésie générale est apparue comme étant une
approche coûteuse, potentiellement dangereuse et non
démontrée pour traiter la dépendance aux
opiacés.
Objectif Déterminer comment se compare une
désintoxication assistée par anesthésie à une
induction rapide avec des antagonistes pour dépendance à
l'héroïne avec deux autres méthodes de
désintoxication et induction avec un antagoniste.
Schéma, environnement et patients Au total, 106 patients
dépendants à l'héroïne cherchant à se
traiter, âgés de 21 à 50 ans, ont été
randomisés vers un traitement sur trois de sevrage avec hospitalisation
durant une période de 72 heures suivies par 12 semaines de traitement
d'entretien avec naltréxone en ambulatoire accompagnée d'une
psychothérapie préventive des rechutes. Cet essai
randomisé a été mené entre 2000 et 2003 au Centre
de Recherches Cliniques du Centre Médical de l'Université de
Columbia. Le traitement ambulatoire se déroulait avec l'aide du service
de recherche sur les troubles liés à la toxicomanie de
l'Université de Columbia. Les patients étaient inclus s'ils
avaient un statut physique de type I ou II de l'American Society of
Anesthesiologists, n'avaient pas de maladie psychiatrique comorbide
majeure et n'étaient pas dépendants à d'autres drogues ou
alcool.
Traitements Désintoxication rapide aux opiacés
assisté par anesthésie avec induction par la naltréxone,
désintoxication rapide aux opiacés assisté par
buprénorphine avec induction par la naltréxone, et
désintoxication rapide aux opiacés assisté par clonidine
avec induction plus tardive par la naltréxone.
Principaux critères d'évaluation Scores de
sévérité de sevrage sur des échelles objectives et
subjectives; pourcentages de patients recevant la naltréxone, achevant
une désintoxication à l'hôpital et conservés sous
traitement; pourcentages d'échantillons d'urines positifs aux
opiacés.
Résultats Les taux moyens de sévérité du
sevrage ont été comparables pour les trois traitements. Par
rapport à la désintoxication assistée par clonidine, les
traitements ayant utilisé des désintoxications assistées
par anesthésies et buprénorphine ont eu des taux
significativement plus élevés d'induction par la
naltréxone (94 % anesthésie, 97 % buprénorphine et 21 %
clonidine), mais les groupes n'étaient pas différents pour les
taux d'achèvement des désintoxications à l'hôpital.
La conservation du traitement pendant 12 semaines n'a pas été
significativement différentes parmi les groupes avec 7 sur 35 (20 %)
dans le groupe assisté par anesthésie, 9 sur 37 (24 %) dans le
groupe assisté par buprénorphine, et 3 sur 34 (9 %) dans le
groupe assisté par clonidine. L'induction avec 50 mg de
naltréxone a réduit significativement le risque de sorties
d'étude (rapport des cotes, 0,28; intervalle de confiance à 95
%, 0,15-0,51). Il n'y a pas eu de différences significatives entre les
groupes pour les pourcentages d'échantillons positifs aux
opiacés. La procédure ayant utilisé une anesthésie
a été associée à 3 événements
indésirables menaçant potentiellement le pronostic vital.
Conclusion Ces données ne sont pas en faveur de
l'anesthésie générale dans la désintoxication
à l'héroïne avec induction rapide par un antagoniste aux
opiacés.
JAMA. 2005;294:903-913.