Contexte Les fractures pelviennes - y compris les fractures du col
du fémur - sont à l'origine d'une morbidité et d'une
mortalité importantes chez la femme âgée. Bien que la
radiothérapie pelvienne puisse augmenter le risque de telles fractures,
cet effet n'a pas été étudié.
Objectif Déterminer si le taux de fracture pelvienne est plus
élevé chez les femmes qui ont eu une irradiation pelvienne pour
cancer pelvien (anal, cervical ou rectal) que chez celles qui ont eu un cancer
du même type sans irradiation.
Plan expérimental, cadre et participants Nous avons
effectué une étude de cohorte rétrospective en utilisant
les données du registre du cancer SEER (Surveillance, Epidemiology and
End Results) reliées à des données concernant les
affiliés à Medicare. Au total, 6 428 femmes âgées
de 65 ans et plus, atteintes d'un cancer pelvien entre 1986 et 1999, ont
été incluses. Nous avons comparé les résultats
obtenus chez les femmes qui avaient eu une radiothérapie (n = 2 855) et
chez celles qui n'en avaient pas eu (n = 3 573). Afin d'étudier
l'influence éventuelle d'un biais de sélection, nous avons
également évalué les effets de l'irradiation sur les
fractures ostéoporotiques dans des sites non irradiés (membre
supérieur et rachis).
Principal critère de jugement Nous avons évalué
les effets au cours du temps de l'irradiation sur l'incidence des fractures
pelviennes et nous avons pratiqué un ajustement sur les facteurs de
confusion potentiels en utilisant un modèle des risques
proportionnels.
Résultats Les femmes qui avaient eu une radiothérapie
avaient plus de risques d'avoir une fracture pelvienne que les femmes qui
n'avaient pas eu de radiothérapie (taux cumulatif de fracture sur 5
ans: 14,0 % vs 7,5 % chez les femmes atteintes d'un cancer anal, 8,2
% vs 5,9 % chez les femmes atteintes d'un cancer cervical et 11,2 % vs 8,7 %
chez les femmes atteintes d'un cancer rectal); la différence
était statistiquement significative et la plupart des fractures (90 %)
avaient pour siège le col du fémur. Nous avons fait un
ajustement sur les facteurs de confusion potentiels suivants: l'âge, la
race, le stade du cancer et la zone géographique. L'impact de
l'irradiation variait en fonction du siège du cancer: la
radiothérapie effectuée pour cancer anal était
associée à un risque plus élevé de fracture
pelvienne (rapport des risques instantanés [RRI]: 3,16; intervalle de
confiance [IC] à 95 %: 1,48-6,73) que celle effectuée pour
cancer cervical (RRI: 1,66; IC à 95 %: 1,06-2,59) ou pour cancer rectal
(RRI: 1,65; IC à 95 %: 1,33-2,05). Aucune différence
statistiquement significative n'a été constatée dans les
taux de fractures du membre supérieur et du rachis entre les groupes
irradiées et non irradiées (RRI: 1,15; IC à 95 %:
0,89-1,48).
Conclusions L'irradiation pelvienne augmente nettement le risque de
fracture pelvienne chez la femme âgée. Étant donné
l'existence d'un risque de base élevé pour ce type de fracture,
cette constatation est particulièrement préoccupante.
JAMA. 2005;294:2587-2593.