Contexte Bien que l'amiodarone ne soit approuvée par la Food
and Drug Administration (FDA) américaine que dans le traitement des
arythmies ventriculaires réfractaires, elle constitue l'un des
antiarythmiques les plus fréquemment prescrits aux
États-Unis.
Objectif Évaluer et synthétiser les données
relatives à l'utilisation optimale de l'amiodarone dans diverses
arythmies.
Acquisition des données Recherche systématique sur
MEDLILNE pour identifier les études cliniques revues par des pairs, les
études contrôlées randomisées, les
méta-analyses, et autres études cliniquement pertinentes. La
recherche était limitée aux études menées chez
l'homme, de langue anglaise, publiées entre 1970 et 2007. L'amiodarone
a été recherchée en utilisant les termes effets
indésirables, fibrillation auriculaire, flutter auriculaire,
insuffisance cardiaque congestive, orage rythmique, cardiomyopathie
hypertrophique, défibrillateur implantable, chirurgie, arythmie
ventriculaire, fibrillation ventriculaire, et Wolff-Parkinson-White. Les
bibliographies des articles identifiés et des recommandations des
sociétés savantes ont été passées en revue
pour recueillir des références complémentaires. Quatre
vingt-douze études identifiées répondaient aux
critères d'inclusion et ont été incluses dans cette
revue.
Synthèse des données L'amiodarone peut
présenter un bénéfice clinique en traitement de
première intention de la fibrillation auriculaire chez les patients
avec dysfonction ventriculaire gauche et insuffisance cardiaque, bien que
d'autres agents soient disponibles. L'amiodarone est utile dans le traitement
d'attaque des tachyarythmies ventriculaires soutenues, indépendamment
de la stabilité hémodynamique. Son rôle en prophylaxie est
limité à la phase périopératoire de la chirurgie
cardiaque. L'amiodarone peut être efficace comme adjuvant au traitement
par défibrillateur cardioverteur implantable pour réduire le
nombre de chocs. Cependant, elle comporte un certain nombre d'effets
indésirables graves, incluant les dépôts cornéens
(> 90 %), la neuropathie/névrite optique (? 1 %-2 %), la
pigmentation cutanée bleu-gris (4 %-9 %), la photosensibilité
(25 %-75 %), l'hypothyroïdie (6 %), l'hyperthyroïdie (0,9 %-2 %), la
toxicité pulmonaire (1 %-17 %), la neuropathie
périphérique (0,3 % par an), et l'hépatotoxicité
(élévation des transaminases, 15 %-30 %; hépatite et
cirrhose, < 3 % [0,6 % par an]).
Conclusion L'amiodarone doit être utilisée sous
surveillance continue chez les patients susceptibles d'en tirer le plus de
bénéfice, notamment ceux avec fibrillation auriculaire et
dysfonction ventriculaire gauche, ceux avec arythmie ventriculaire soutenue
aiguë, ainsi que chez les patients en attente de chirurgie cardiaque et
les porteurs de défibrillateur implantable avec chocs
symptomatiques.
JAMA.
2007;298(11):1312-1322