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Les vaccins HPV—Prophylactiques, pas thérapeutiques
Lauri E. Markowitz, MD
Deux vaccins composés à partir de particules virales
du Papillomavirus humain (HPV) L1 (VLP) ont été
développés contre les virus HPV de types 16 et 18—les deux
types de HPV qui sont responsables d'environ 70% des cancers cervicaux dans le
monde.1 Il a
été observé que les deux vaccins avaient une forte
efficacité prophylactique dans de larges essais
cliniques.2-6
Dans ce numéro du JAMA, Hildesheim et collaborateurs
7 rapportent
l'effet de la vaccination avec un des ces vaccins, le vaccin bivalent
HPV-16/18, sur la clairance virale. Ces résultats proviennent d'un
essai en cours au sein d'une population de plus de 7000 femmes,
âgées de 18 à 25 ans, au Costa Rica. L'analyse principale
de l'essai en cours, comme pour les autres essais récemment
publiés sur les vaccines
HPV,2-5
se focalisera sur l'efficacité du vaccin chez les femmes non
infectées par les types spécifiques des vaccins HPV au moment de
leur inclusion. En comparaison, l'analyse de Hildesheim et al
s'intéresse à la question de savoir si le vaccine peut
éliminer l'infection par les types HPV 16/18, présente au moment
de la vaccination. Les résultats ne démontrent aucun effet du
vaccin sur la clairance virale. Chez les femmes qui avaient une infection de
type HPV-16 ou HPV-18 à l'inclusion, définie par la
présence de HPV DNA détectée dans un échantillon
cervical, l'efficacité du vaccine pour prévenir une infection
persistance par HPV-16, HPV-18, ou les deux à 6 mois était de
2.5% (intervalle de confiance à 95% [IC], -9.8% à 13.5%) et
à 12 mois, elle était de -2.0% (IC 95%, -24.3% à
16.3%).
Ces observations sont compatibles avec les données d'essais sur le
vaccin quadrivalent HPV-6/11/16/18. Il n'a pas été
observé que ce vaccin apportait une protection contre la progression
vers une néoplasie cervicale intra-épithéliale (CIE) lors
de la présence au moment de la vaccination des types HPV du
vaccin.3,5
Dans un essai, chez les femmes qui étaient ADN positives mais
séronégatives pour HPV-16 ou HPV-18, l'efficacité contre
les CIE de grade 2 ou 3 associées à HPV-16/18 était de
10.6% (IC 95%, < 0%-46%). Pour celles qui étaient ADN positives et
séropositives pour HPV-16/18, l'efficacité contre les CIE 2/3
associées à HPV-16/18 était de 1.2% (IC 95%,
<0%-35%).3
Les données d'essais récemment publiées sur le vaccin
HPV ont constamment montré une efficacité élevée
du vaccin HPV pour le type évalué dans les études chez
des femmes qui n'avaient pas de preuve d'infection.
2-6
Toutefois, l'efficacité du vaccin dans les populations globales a
été plus faible,
2-5
reflétant la prévalence d'une infection par des types HPV au
moment de l'inclusion et le manque d'efficacité contre la progression
de la maladie chez les femmes déjà infectées. Bien que
ces analyses montrent une efficacité plus faible dans les populations
globales étudiées, l'efficacité augmente avec le temps
lorsque de nouvelles infections surviennent dans le groupe témoin, mais
pas dans le groupe vaccin.
Quelles sont les implications de ces données et leur influence sur
les recommandations ? L'absence d'efficacité thérapeutique du
vaccin quadrivalent HPV a été discutée lors des
délibérations par le Advisory Committee on Immunization
Practices (ACIP). Ces données, avec celles démontrant une forte
probabilité d'acquisition d'une infection par le HPV peu après
le début d'une activité
sexuelle8 et
les données sur le comportement sexuel aux Etats-Unis,
9 ont toutes
contribué en faveur des recommandations d'utilisation d'une vaccination
systématique entre 11 et 12 ans. Cette vaccination n'ayant pas
d'efficacité thérapeutique, l'effet le plus important sera
obtenu si le vaccin est administré avant le début des rapports
sexuels, avant une exposition au HPV. En faisant cette recommandation dans ce
groupe d'âge, l'ACIP a aussi envisagé les données de
tolérance et d'immunogénicité et les questions de
programmation. Bien qu'il existe des données sur la tolérance et
l'immunogénicité dans ce groupe d'âge sur 18
mois,10 de
même qu'il existe des études montrant une bonne protection
pendant 5 ans après vaccination chez des femmes plus
âgées,11
comme que pour d'autres vaccins, les données à long terme sur
l'efficacité sont limitées. Les données sur
l'efficacité à long terme seront particulièrement
importantes, en particulier en ciblant la vaccination sur les 11-12 ans. Le
suivi de la tolérance après autorisation de mise sur le
marché, tel qu'il est fait pour tous les vaccins, sera aussi
important.
Le vaccin quadrivalent HPV a aussi été recommandé pour
la vaccination de rattrapage des femmes américaines âgées
de 13 à 26
ans.12
Idéalement, les femmes devraient être vaccinées avant le
début de leur activité sexuelle, car celles qui sont
sexuellement actives, pourraient moins bénéficier de la
vaccination en ayant la possibilité d'être déjà
infectées par l'un des types HPV du vaccin. Bien que le
bénéfice de la vaccination puisse être moindre chez les
femmes qui sont sexuellement actives, les modèles évaluant
l'impact potentiel des programmes de vaccination contre le HPV aux Etats-Unis
des filles de 12 ans sont rentables, de même que le rattrapage
jusqu'à l'âge de 24
ans.13 Il
est important de noter, qu'avec les programmes de rattrapage, les
modèles montrent que le délai avant un effet du programme de
vaccination sur les lésions CIE et le cancer cervical est plus court
par rapport aux programmes qui se focalisent sur la vaccination limitée
aux filles de 12 ans.
13,14
Les données présentées par Hildesheim et al renforcent
l'idée que les femmes ayant des frottis anormaux (Pap) ou celles ayant
des résultats positifs ADN HPV devraient être prises en charge
selon les recommandations
actuelles15
et que le vaccin HPV ne joue pas un rôle dans le traitement. Les
recommandations de l'ACIP stipulent que les femmes devraient être
avisées que le vaccin n'aura aucun effet thérapeutique sur une
infection existante ou une maladie établie et que les femmes devraient
continuer un dépistage systématique du cancer cervical.
12
Néanmoins, ni le dépistage par un frottis cervical ni un
dépistage par la recherche d'ADN HPV n'est nécessaire avant une
vaccination. Les tests actuellement disponibles pour détecter l'ADN HPV
ne distinguent pas entre les différents types oncogéniques
d'HPV; aucun des 13 types d'HPV n'entraîne de résultat positif.
Les femmes qui ont un résultat anormal du frottis cervical peuvent
être infectées par l'un quelconque des 40 types d'HPV. Même
si une femme est déjà infectée par l'un des types HPV du
vaccin, elle peut bénéficier d'une protection contre les autres
types contenus dans le vaccin. Les femmes qui ont eu et éliminé
une infection par un type HPV contenu dans le vaccin peuvent
bénéficier d'une stimulation de la réponse des anticorps
et d'une augmentation de la protection contre des réinfections futures
contre le même type d'HPV. Les données pour répondre
à ce dernier point pourraient provenir des essais en cours sur le
vaccin.
Le rapport de Hildesheim et al
7 fournit
aussi des données sur l'importance de la prévalence de
l'infection par le HPV au sein de cet essai basé sur une
communauté comprenant des femmes de 18 à 25 ans. Chez les femmes
sexuellement actives incluses dans cet essai (à l'exclusion d'un petit
nombre de CIE de haut grade), 41.3% étaient positives pour tout ADN
HPV. Il est à noter que cette prévalence est similaire à
la prévalence récemment rapportée de toute forme d'ADN
HPV détectée au sein d'un échantillon
représentatif de femmes américaines de même âge
(44.8% chez les 20 à 24
ans).16
Toutefois, le pourcentage de femmes positives pour l'ADN HPV-16 et/ou pour
l'ADN HPV-18 était plus élevé au Costa Rica qu'aux
Etats-Unis ou lors des autres essais sur les vaccins HPV.
3,5
Une prévalence élevée initialement pouvant diminuer
l'efficacité du vaccin dans la population globale de l'essai,
l'efficacité dans cette population globale de l'essai peut être
moindre que dans d'autres études publiées. Les variations de la
prévalence au sein de la population des types spécifiques de HPV
pourraient affecter les recommandations vaccinales selon les différents
contextes.
Dans les prochains mois et les prochaines années, les autres
données seront disponibles à la fois pour le vaccin quadrivalent
HPV-6/11/16/18 et le vaccin bivalent HPV-16/18. Les données seront
aussi disponibles à partir d'études
épidémiologiques sur le HPV. Les groupes consultatifs
émettant les recommandations sur les vaccins devront envisager
l'ensemble de ces données. Les vaccins HPV bivalent et quadrivalent
semblent être aussi efficaces pour prévenir les lésions
précancéreuses associées à HPV-16/18
3,6
et aucun vaccin n'a d'effet thérapeutique. Même si les deux
vaccins sont des L1 VLP, ils diffèrent par leur adjuvant, la
façon d'être produits et les types de HPV inclus. Le vaccin
quadrivalent procure également une protection contre HPV-6 et HPV-11 et
a une efficacité élevée contre les verrues
génitales. La papillomatose respiratoire récidivante est aussi
la conséquence de HPV-6 et HPV-11. Les deux vaccins sont en cours
d'évaluation chez les femmes de plus de 26 ans. Si les vaccins sont
autorisés pour une utilisation chez les femmes plus âgées,
les recommandations auront besoin d'envisager l'épidémiologie du
HPV dans des groupes plus âgés et la rentabilité. Les
données actuelles et les modèles suggèrent que le
bénéfice en termes de santé publique des vaccins HPV
diminue avec un âge plus avancé au moment de la vaccination car
la plupart des infections sont acquises à des âges plus
jeunes.14 Le
vaccin quadrivalent HPV est également évalué chez les
hommes, bien que ces données ne soient pas disponibles avant de
nombreuses années. Les recommandations de vaccination contre le HPV et
le dépistage du cancer du sein peuvent varier selon les
différents pays et les conditions locales,
l'épidémiologie et l'infrastructure. La majorité du
fardeau du cancer cervical se situe dans les pays en voie de
développement et des efforts doivent être faits pour aider
à développer ces recommandations dans ces pays et surmonter les
obstacles à l'introduction du vaccin
HPV.17
Informations sur les auteurs
| | Correspondance: Lauri E. Markowitz, MD, Centers for Disease Control and
Prevention, 1600 Clifton Rd, Atlanta, GA 30333
(lem2{at}cdc.gov).
Lien financier: Aucun rapporté.
Affiliation de l'auteur: National Center for HIV/AIDS, Viral
Hepatitis, STD, and TB Prevention, Centers for Disease Control and Prevention,
Atlanta, Georgia.
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ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:715.
Texte Complet
Effet d'un vaccin 16/18 L1 à base de particules virales du Papillomavirus humain chez des jeunes femmes ayant une infection préexistante: Un essai randomisé
Allan Hildesheim, Rolando Herrero, Sholom Wacholder, Ana C. Rodriguez, Diane Solomon, M. Concepcion Bratti, John T. Schiller, Paula Gonzalez, Gary Dubin, Carolina Porras, Silvia E. Jimenez, Douglas R. Lowy, et for the Costa Rican HPV Vaccine Trial Group
JAMA. 2007;298:743-753.
Résumé
| Texte Complet
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