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Diminuer le fardeau de la dépressionConstruire des villages pour coordonner les soins
Kenneth B. Wells, MD, MPH;
Jeanne Miranda, PhD
DANS CE NUMERO DU JAMA, WANG ET AL1 FOURNISSENT LA PREUVE que la
mise en place de programmes de soins de la dépression par la prise en
charge de la santé comportementale, avec un soutien de l'employeur,
peut améliorer le pronostic clinique, le maintien de l'emploi et
l'efficacité des heures travaillées par rapport aux soins
habituels. Les programmes encouragent les travailleurs déprimés
à apprendre et à utiliser des traitements de la
dépression basés sur les preuves, à soutenir les
praticiens à suivre les recommandations pratiques et à offrir
des conseils téléphoniques et des manuels d'aide pratique. La
valeur financière de l'augmentation du temps de travail à l'aide
d'un programme dépasse les coûts directs d'intervention et
probablement dépasse ou est dans la limite de l'augmentation des
coûts dus à une utilisation plus importante des soins mentaux
sous traitement. Alors que des évaluations formelles de la
rentabilité et du retour sur investissement pour l'employeur sont en
cours, il semble être dans l'intérêt de nombreux employeurs
de mettre en place ces programmes pour protéger leurs investissements
et la productivité des travailleurs qu'ils ont recrutés et
formés.
Ces observations doivent être évaluées dans le cadre de
faits simples, mais interrogateurs sur la dépression. Les troubles
cliniques dépressifs sont parmi les plus prévalents parmi les
pathologies médicales majeures, affectant environ 16% des adultes au
cours de leur
vie.2 En
raison de la prévalence élevée, de l'âge
précoce du début (contrairement à d'autres troubles
dégénératifs qui surviennent après l'âge de
la parenté et des responsabilités professionnelles), et du fort
impact sur l'état fonctionnel, les troubles dépressifs sont des
facteurs contributifs majeurs de handicap à travers le
monde.3 Les
troubles dépressifs sont largement curables, mais souvent demeurent non
reconnus et non
traités.4,5
Alors qu'un nombre de programmes efficaces fait la promotion d'une utilisation
plus importante de traitements dans le contexte d'une délivrance
adaptée, en particulier dans la pratique de soins médicaux
primaires, ces programmes ne sont pas encore largement mis en
place.6-13
Aussi, la technologie est disponible pour traiter cette pathologie
handicapante, mais les systèmes de soins américains ont
échoué et n'ont pas gagné aucun bénéfice de
la technologie permettant de diminuer les conséquences personnelles ou
sociétales de la dépression.
L'approche interventionnelle dans l'étude de Wang et
al1 peut
être définie comme « la construction d'un village »
de plans de santé, de médecins et de ressources qui entourent
les personnes déprimées avec des opportunités pour
apprendre des éléments sur les soins et s'engager dans des soins
basés sur les preuves médicales, pour prendre part à un
ensemble soigneux de besoins thérapeutiques et d'options de mise en
place spécifiques d'un contexte. Cette approche a
généralement prouvé son efficacité dans les soins
primaires,14
et les efforts substantiels de proximité reflètent ceux de
l'étude WECare
study15
démontrant que les traitements de la dépression sont efficaces
pour les femmes à faible revenu et appartenant à des
minorités. Dans l'étude de Wang et al, les correspondants
téléphoniques de la compagnie prenant en charge la santé
comportementale offraient des conseils et communiquaient des recommandations
aux praticiens, une extension de leur rôle
habituel.1
Dans l'étude Partners in
Care,14,16
des infirmières de soins primaires étendaient leurs
capacités de prise en charge de la maladie pour inclure
l'évaluation, l'éducation et le suivi de la dépression.
Dans les deux études, les patients et les praticiens étaient
libres d'utiliser ou ne pas utiliser les ressources de l'étude selon
leurs
préférences.1,14
Ces interventions ont l'avantage de préserver le contexte naturaliste
des systèmes de délivrance des soins, pouvant faciliter par
exemple la transposition des observations en une évolution. Les
interventions dans les deux études ont obtenu en gros les mêmes
résultats: un gain de 10 points en pourcentage dans l'utilisation d'un
traitement approprié et dans la récupération de la
dépression sur une année, de même qu'en gros deux semaines
de plus de jours travaillés dans une année dans l'étude
Wang et al et un mois sur deux ans dans Partners in
Care.1,14,17
Les interventions dans la dépression ont de nombreux avantages pour
les individus, leur famille et leurs amis, leurs employeurs et la
société, enfin sur l'amélioration des symptômes
individuels. Comme la dépression des mères s'améliore
avec le suivi des soins, par exemple, leurs enfants participent aussi
positivement à l'amélioration de la santé mentale.18
L'étude de Wang et
al1
démontre que le traitement de la dépression augmente la
productivité et peut diminuer les pertes économiques dues
à la dépression pour les employés et les employeurs. Si
ces gains dépassent les coûts de fourniture des interventions et
des traitements, il y a de "l'argent sur la table" pour les
personnes concernées qui peut être utilisé pour payer les
interventions. Pourquoi alors de nombreux individus déprimés
endurent-ils leur maladie sans être soignés?
Un obstacle aux soins est que la dépression affecte la motivation et
la cognition, rendant difficile à de nombreuses personnes
déprimées le fait de réaliser qu'ils ont besoin de soins
et pour les obtenir sans les soins de proximité fournis par les
infirmières ou les professionnels de santé. Les membres de la
famille peuvent aussi ne pas identifier une dépression et avoir la
connaissance des soins appropriés. Ceci suggère que des
opportunités pour améliorer l'accès aux soins devraient
être incorporées dans une infrastructure disponible pour les
personnes potentiellement déprimées, comme dans des
environnements de soins primaires. Toutefois, la connaissance des effets du
traitement sur les coûts sociaux comme la productivité peuvent ne
pas apporter une stimulation suffisante pour les praticiens et pour les plans
de santé destinés à améliorer les soins, car ils
ne font pas nécessairement face aux conséquences
financières immédiates dues aux modifications des patients en
termes de productivité ou peuvent ne pas suivre ce critère.
Cependant, la plupart des soins privés de santé aux Etats-Unis
sont financés par des assurances soutenues par l'employeur. Des
contributions directes pour les petits employeurs leur offrent un
intérêt à promouvoir les soins dans la dépression,
indépendamment des obligations politiques ou d'autres motifs comme la
réponse à la demande des employés.
D'autres personnes impliquées, y compris les décideurs et le
public, peuvent bénéficier de l'amélioration des soins
dans la dépression par une augmentation d'une taxe de base pour les
employés qui travaillent plus ou d'une amélioration globale de
l'économie. Il est toutefois difficile dans l'environnement politique
des Etats-Unis d'utiliser les gains économiques d'un secteur tel que le
marché du travail comme levier pour soutenir une amélioration
des soins de santé. Toutefois certaines modifications politiques
pourraient être mises en place pour mieux aligner l'intérêt
à déployer les programmes de traitement de la dépression
chez les diverses personnes impliquées et pour éviter de miner
les objectifs de ces programmes, par exemple en excluant le traitement de la
dépression de la couverture de l'Assurance santé en changeant de
travail ou d'assurance sur la base de l'existence d'une histoire
récente de traitement d'une dépression dans un programme de
prise en charge de la dépression soutenu par un employeur. Avec une
telle politique aussi mal avisée, le risque de perdre la couverture
servirait comme un déterrent majeur lors de la recherche de soins.
Le besoin de coordonner la mise en place et la politique suggère
d'étendre le concept de "village", qui inclut non seulement
des interventions toutes prêtes, mais aussi des efforts
coordonnés chez les personnes concernées. Il est peut-être
vrai que la personne concernée ayant le plus de possibilité
d'influencer la distribution des services pour la plupart des
américains est l'employeur, mais des modifications plus larges et plus
profondes de l'accès aux soins de la dépression peuvent
cependant nécessiter un effort concerté auprès des
parties affectées afin de délivrer des programmes qui
s'adressent aux problèmes personnels et publics et pour fournir un
accès aux traitements de la dépression avec des politiques qui
facilitent l'utilisation de ces traitements et ne pénalisent pas les
individus qui les utilisent. Les études comme celles de Wang et
al1
soutiennent fortement ces solutions intégrées.
La façon exacte de mettre en place les programmes destinés
à améliorer la dépression peut affecter la distribution
des bénéfices—un problème important compte tenu des
preuves de disparités dans la qualité des soins de la
dépression et du potentiel des programmes pratiques à surmonter
les différences dans les résultats de la prise en charge de la
dépression.15,19
Les développeurs d'interventions et de politiques devraient envisager
les implications de leur concepts pour inclure des groupes mal desservis
pouvant ne pas chercher de soins de santé comportementale. En
dépit des efforts intenses de Wang et al 1 pour atteindre les
employés en général, la majorité des personnes
avait déjà pris des renseignements sur les soins ambulatoires.
L'apprentissage pour optimiser les gains personnels et sociétaux en
améliorant la qualité des soins de la dépression dans les
différentes communautés par l'employeur, la pratique et des
programmes se basant sur la communauté et les modifications de la
politique doivent faire partie d'un nouvel agenda pour une action se basant
sur les preuves. Comme le déclarait récemment un participant de
la communauté du programme Witness for Wellness: "La
dépression est l'affaire de chacun."
20
Informations sur les auteurs
| | Correspondance: Kenneth B. Wells, MD, MPH, UCLA, 10920 Wilshire
Blvd,Suite 300, Los Angeles, CA 90024
(kwells{at}ucla.edu).
Liens financiers: Aucun déclaré.
Financement/Soutien: Cet éditorial a
bénéficié du soutien d'une bourse NIMH P30 MH068639 et
R01 MH061570-04.
Autres contributions: Nous remercions le Dr Michael Schoenbaum
(NIMH) pour ses commentaires précieux.
Les éditoriaux représentent les opinions des auteurs et du
JAMA mais pas celles de l'American Medical Association.
Affiliations des auteurs: Department of Psychiatry and
Biobehavioral Sciences, University of California, Los Angeles.
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PUBMED
ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:1367.
Texte Complet
Dépistage téléphonique et gestion des soins pour les travailleurs dépressifs, et impact sur l'évolution clinique et la productivité. Une étude contrôlée randomisée
Philip S. Wang, Gregory E. Simon, Jerry Avorn, Francisca Azocar, Evette J. Ludman, Joyce McCulloch, Maria Z. Petukhova, et Ronald C. Kessler
JAMA. 2007;298:1401-1413.
Résumé
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