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Les équipes d'intervention rapideEst-ce le moment?
Jeffrey E. Nowak, MD;
Richard J. Brilli, MD
Les arrêts cardiorespiratoires en pédiatrie survenant
en dehors des unités de soins intensifs (USI) rendent compte de 8.5%
à 14% des arrêts impliquant les enfants à l'hôpital
et ont un mauvais pronostic, avec des taux de mortalité de 50% à
67%.1-4
La réduction ou l'élimination de ces arrêts doit
être une des priorités majeures des soins en pédiatrie
Les équipes d'intervention rapide (ERR) ont été
développées en premier au sein des unités pour adultes
pour diminuer les arrêts cardiorespiratoires et la mortalité
hospitalière.5
Les équipes d'intervention rapide font habituellement partie d'un
système hospitalier qui inclut une équipe, les
éléments d'activation de cette équipe, le processus de
qualité pour évaluer l'efficacité de cette équipe
et le soutien administratif et financier de ce système. La plupart des
études ayant examiné les ERR dans des hôpitaux pour
adultes, ont rapporté une diminution des taux d'arrêt
cardiorespiratoire, des taux de mortalité ou des deux par rapport
à des témoins
historiques,6-9
bien qu'un essai contrôlé ayant randomisé les
hôpitaux pour soit mettre en place une ERR soit continuer la pratique
habituelle, n'ait pas montré de
bénéfice.10
Cette inconstance a entraîné certains à mettre en garde
contre une mise en place générale des ERR, suggérant que
les ressources nécessaires pour utiliser une ERR pourraient être
utilisées d'une autre meilleure
façon.11,12
D'autres suggèrent que les ERR devraient être largement mises en
place car les données actuelles suggèrent un «
bénéfice relativement large pour un coût et un risque
relativement
faibles."13
Il existe relativement peu de publications sur les données
concernant l'expérience pédiatrique avec les ERR, mais les
résultats initiaux sont encourageants. L'étude de Tibballs et
al14 a
rapporté des réductions significatives des taux d'arrêts
et de la mortalité en dehors des USI à la suite de l'institution
d'un ERR dans un grand hôpital pour enfants en Australie. L'étude
de Brilli et
al15 a
rapporté une réduction statistiquement significative des
arrêts et cardiaques respiratoires en dehors des USI de même
qu'une tendance non significative vers une diminution de la mortalité
après mise en place d'une ERR dans un grand hôpital pour enfants
des Etats-Unis.
Dans ce numéro du JAMA, Sharek et
collaborateurs16
démontrent une réduction significative de la mortalité
hospitalière à la suite de la mise en place d'une ERR. Les
auteurs ont comparé le taux de mortalité de l'hôpital
pendant les 56 mois précédant la mise en place d'une ERR avec le
taux de mortalité pendant les 15 mois suivant la mise en place d'une
ERR. Dans ce grand hôpital universitaire pour enfant, le taux de
mortalité avait diminué de 1.01 décès pour 100
sorties avant l'ERR à 0.83 décès après le RRT
(P=0.007). Les auteurs ont aussi démontré une réduction
de 72% des taux d'arrêt respiratoire et cardiaque survenant en dehors
des USI avec pour les taux avant et après ERR, 2.45 vs 0.69 codes pour
1000 admissions, respectivement (P=0.007).
Bien que Sharek et al fournissent de nouvelles informations fortes et
importantes sur l'efficacité des ERR dans les hôpitaux
pédiatriques, leurs données soulignent plusieurs
problèmes persistants concernant les ERR pédiatriques qui
demandent un examen et un débat complémentaire. Ces
problèmes incluent la standardisation d'une définition de
l'arrêt en pédiatrie, établissant des critères
optimaux de déclenchement avant d'activer l'équipe
d'intervention pédiatrique, déterminant la composition optimale
de l'équipe d'intervention et son direction et catégorisant les
arrêts évitables et non évitables par ERR dans le contexte
pédiatrique.
Les trois études publiées sur les ERR pédiatriques ont
utilisé des définitions différentes de l'arrêt.
L'étude de Tibballs et
al14 a
décrit seulement des arrêts cardiaques, excluant les arrêts
respiratoires isolés. L'étude de Brilli et
al15 a
défini les arrêts comme tout arrêt nécessitant une
ventilation au masque, une intubation trachéale, des compressions
thoraciques ou une cardioversion/ défibrillation. L'étude de
Sharek et
al16 a
utilisé une définition similaire à celle de Brilli et al,
à l'exception que les événements étaient exclus
lorsque une ventilation au masque n'était utilisée que
brièvement, ce qui était survenu dans 5.6% de l'activation des
ERR. Ces différences de définition rendent difficile la
comparaison directe des taux d'arrêt entre les études. Dans
l'étude de Sharek et al, l'exclusion des événements
nécessitant une ventilation brève au masque a diminué les
taux d'arrêt après ERR, empêchant une comparaison avec les
taux d'arrêt après ERR décrits par Brilli et al. Il est
important de noter que ces différences de définition n'affectent
pas les données de mortalité avant et après ERR
présentées par Sharek et al. La détérioration
respiratoire isolée étant un scénario fréquent de
l'arrêt chez les enfants, les futures études examinant la valeur
des ERR pédiatriques devraient inclure des patients ayant un
arrêt respiratoire ou un arrêt cardiorespiratoire qui
nécessite une des interventions cliniques suivantes: ventilation au
masque, compressions thoraciques, intubation trachéale ou
cardioversion/défibrillation.
L'efficacité de toute ERR déprendra grandement des
critères utilisés pour déclencher l'utilisation de
l'équipe d'intervention. Les critères d'activation
utilisés par Sharek et al et Brilli et al comprenaient le sens
subjectif d'une membre de l'équipe d'être «
préoccupé » ou des modifications aiguës non
spécifiques des signes vitaux ou du niveau de
conscience.15,16
Ceci suggère que les critères subjectifs sont efficaces en
pédiatrie et peuvent être utilisés par les hôpitaux
qui mettent actuellement sur pied des ERR. Efficace, toutefois, ne signifie
pas forcément optimal. Les ERR chez l'adulte ont démontré
le bénéfice d'utiliser des critères d'activation
objectifs,9
et Tibballs et
al14 ont
utilisé des anomalies spécifiques par âge des
paramètres des signes vitaux pour activer l'équipe
d'intervention rapide. Plus de travail est nécessaire pour
définir la série optimale des critères de
déclenchement chez l'enfant, en particulier en vue des questions
relatives aux normes différentes par âge pour les signes vitaux
en pédiatrie. De plus, le concept d'activation parent/famille des ERR
reste non exploré chez les enfants et les adultes.
Les modèles d'équipe d'intervention rapide ont utilisé
des réponses d'une ou deux catégories aux urgences
médicales. La composition de l'équipe, l'utilisation des
ressources et l'efficacité ultime des ERR sont influencées par
le système que l'hôpital adopte. Un système à une
catégorie utilise une équipe unique pour répondre
à la fois aux urgences médicales et aux urgences de consultation
des services. Un système à deux catégories utilise une
équipe traditionnelle pour répondre aux arrêts
respiratoires ou cardiorespiratoires et un groupe séparé de
personnes (bien qu'un croisement avec un membre de l'équipe puisse
exister) pour répondre aux patients qui se détériorent
mais qui ne sont pas en arrêt. Ce dernier groupe de patients peut
simplement requérir des ajustements ou des conseils concernant les
soins qu'ils reçoivent sur l'unité générale. Un
système de réponse à une catégorie sera conduit
par un médecin, tandis qu'un système à deux
catégories pourra être mené par un médecin ou une
infirmière. L'expertise clinique et technique nécessaire pour un
système à deux catégories peut permettre à
quelques personnes de répondre à des évaluations urgentes
par rapport à des équipes traditionnelles plus importantes et
plus expérimentées. Ces économies de personnel peuvent
avoir une influence significative sur les ressources destinées à
maintenir l'ERR.
Les trois études pédiatriques publiées ont
utilisé une équipe dirigée par un médecin,
Tibballs et
al14 et
Sharek et
al16 ayant
expérimenté un système à une catégorie,
tandis que Brilli et
al15
utilisaient un système à deux catégories. La
première conférence de consensus sur les équipes
d'intervention rapide n'a pas spécifié si les systèmes
à une ou deux catégories sont préférables ou
recommander qui devait diriger l'équipe médicale
d'urgence.13
Dans les hôpitaux pour adultes, des équipes conduites par des
médecins ou des infirmières ont été
utilisées avec
efficacité.13
Il n'existe pas de données publiées chez les enfants
décrivant des ERR dirigées par des infirmières. Les
établissements qui ont mis en place (ou sont en train de le
prévoir) des ERR pédiatriques qui utilisent des équipes
dirigées par un non-médecin devraient publier leur
expérience pour promouvoir un dialogue sur la direction optimale de
l'équipe et sa composition dans les hôpitaux pour enfants.
Les équipes d'intervention rapide ont été
développées pour essayer de diminuer les arrêts
cardiorespiratoires en dehors des USI et pour diminuer la mortalité
globale
hospitalière,5
et ces deux paramètres ont fait l'objet de publication chez des
patients en
pédiatrie.15,16
Néanmoins, certains arrêts respiratoires ou cardiorespiratoires
surviennent brutalement, sans détérioration préalable des
variables physiologiques. Les événements comme la survenue de
convulsions de novo, l'obstruction de tubes de trachéotomie, les
surdosages massifs médicamenteux non intentionnels, ou les troubles du
rythme non provoqués peuvent ne pas être évitables avec
une
ERR.14,15
La discrimination entre les arrêts évitables et non
évitables par une ERR peut être utile pour guider l'allocation
des ressources et la priorité des efforts d'amélioration de la
qualité. Par exemple, bien qu'une ERR puisse ne pas prévenir un
arrêt cardiorespiratoire induit par un surdosage médicamenteux,
un enregistrement médical électronique avec un système
d'alarme pourrait le faire. L'objectif d'éliminer tous les arrêts
en dehors des USI persiste, mais des initiatives multiples pour garantir la
sécurité des patients peuvent être nécessaires pour
atteindre ce but.
Les données sur les résultats des ERR dans les hôpitaux
pédiatriques sont croissantes et jusqu'à présent
suggèrent un certain bénéfice. Sharek et
al16 ont
apporté les observations les plus convaincantes à ce jour
concernant l'efficacité des ERR pédiatriques, un
bénéfice sur la mortalité.
Néanmoins, la question demeure de savoir comment recueillir des
données rigoureuses et comparables, si des effets
bénéfiques sont démontrés ou pas, de façon
à ce qu'une approche optimale en pédiatrie puisse être
déterminée.
Informations sur les auteurs
| | Correspondance: Richard J. Brilli, MD, Pediatric Intensive Care Unit,
Division of Critical Care Medicine, MLC 2005, Cincinnati Children's Hospital,
3333 Burnet Ave, Cincinnati, OH 45229
(rich.brilli{at}cchmc.org).
Les éditoriaux représentent les opinions des auteurs et du
JAMA et pas celles de l'American Medical Association.
Liens financiers: aucun déclaré.
Affiliations des auteurs: Pediatric Intensive Care Unit, Division
of Critical Care Medicine, Cincinnati Children's Hospital Medical Center,
University of Cincinnati College of Medicine, Cincinnati, Ohio.
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ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:2231.
Texte Complet
Effet d'une équipe d'intervention rapide sur la mortalité hospitalière et les taux de code hors USI dans un hôpital pédiatrique
Paul J. Sharek, Layla M. Parast, Kit Leong, Jodi Coombs, Karla Earnest, Jill Sullivan, Lorry R. Frankel, et Stephen J. Roth
JAMA. 2007;298:2267-2275.
Résumé
| Texte Complet
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