Contexte Des dizaines de milliers parmi les 250 000 enfants-soldats
estimés à travers le monde sont abusés ou ont
été abusés au cours de la dernière décennie
dans la région des grands lacs d'Afrique. Au cours du processus de
reconstruction de ces sociétés déchirées par la
guerre, il est important de comprendre comment les traumatismes psychologiques
peuvent former la capacité des enfants-soldats à se
réconcilier.
Objectif Explorer l'association entre symptômes de PTSD
(post-traumatic stress disorder) et les possibilités de
réconciliation et les sentiments de revanche chez des anciens
enfants-soldats ougandais et congolais.
Schéma, environnement et participants Etude transversale sur
le terrain de 169 anciens enfants-soldats (âgés de 11 à 18
ans) dans des centres de réhabilitation en Ouganda et dans la
République Démocratique du Congo, menée en 2005.
Principaux critères de jugement Evaluation des
expériences potentiellement liées à la guerre au travers
d'une échelle d'événements spécifiques d'un
échantillon; symptômes de PTSD évalués à
l'aide de l'index Child Posttraumatic Stress Disorder Reaction Index
(CPTSD-RI), un score de 35 ou plus indiquant des symptômes cliniquement
significatifs de PTSD; et possibilité de réconciliation et
sentiments de revanche évalués par des questionnaires
structurés.
Résultats Les enfants participants à cette
étude avaient un âge moyen de 15.3 ans. Ces anciens
enfants-soldats rapportaient qu'ils avaient été
enrôlés de force par les forces armées à un jeune
âge (moyenne [DS],12.1 [2] ans), avaient servi en moyenne 38 mois (DS,
24 mois), et avaient été démobilisés en moyenne
2.3 mois avant le recueil des données (DS, 2.4 mois). Les enfants
avaient été exposés à un niveau
élevé d'événements potentiellement traumatiques
(moyenne [DS], 11.1 [2.99]). Les expériences traumatiques les plus
souvent rapportés étaient d'avoir été le
témoin de fusillades (92.9%), d'avoir vu quelqu'un blessé
(89.9%), et d'avoir été sévèrement battus (84%).
Au total, 54.4% avaient rapporté avoir tué quelqu'un, et 27.8%
rapportaient qu'ils avaient été forces d'avoir des rapports
sexuels. Parmi les 169 interrogés, 59 (34.9%; intervalle de confiance
à 95%, 34.4%-35.4%) avaient un score de symptômes de a PTSD
supérieur à 35. Les enfants qui montraient plus de
symptômes de PTSD avaient significativement moins de possibilité
de réconciliation (p=-0.34, P<0.001) et plus de sentiments de
revanche (p=0.29, P<0.001).
Conclusions Les symptômes de PTSD sont associés
à moins de possibilité de réconciliation et à plus
de sentiments de revanche chez les anciens enfants-soldats ougandais et
congolais. L'effet du traumatisme psychologique doit être pris en compte
lorsque ces enfants sont en réhabilitation et
réintégrés dans la vie civile.
JAMA.
2007;298(5):555-559