|
|
Les enfants de la guerre et opportunités pour la paix
Robert J. Ursano, MD;
Jon A. Shaw, MD
ABUSES ET TORTURES, TOUT EN LEUR DEMANDANT de blesser et de tuer -
tel est le monde quotidien de Presque un quart de million d'enfants-soldats.
Plus de deux millions d'enfants ont été tués à la
guerre au cours de la dernière décennie et 6 millions ont
été handicapés à vie ou
blessés.1
Un million et demi d'individus ont été déplacés en
raison de la guerre et des conflits seulement en
Ouganda.2 On
estime que plus de 30 conflits armés surviennent autour du globe
actuellement dans plus de 25 pays1 et dans 30 occurrences, les droits des
enfants sont gravement
violés.3
Les conflits en Irak et en Afghanistan sont les plus familiers pour les
habitants des Etats-Unis. D'autres conflits sont pourtant aussi mortels et
forment des héritages qui demanderont des décennies ou des
siècles pour les corriger, une durée de temps qui va
au-delà des objectifs à l'échelle individuelle et existe
seulement dans les désirs du collectif humain de changer pour un
meilleur monde.
Les soins médicaux et les professionnels de santé sont
souvent à l'avant-front de l'effort
médico-humanitaire.4
Les études publiées dans ce numéro du JAMA par Bayer et
al, 5 Vinck
et al,6 et
Bolton et al2
sur les populations ougandaises touchées par la guerre reflète
cet effort pour apporter du savoir médical dans le contexte
désastreux de la guerre, à la fois pour intervenir auprès
des survivants et pour trouver des opportunités de bâtir la paix.
La guerre en Ouganda a fait rage entre la LRA (Lord's Resistance Army) et le
gouvernement depuis les années 1980. La LRA représentait
initialement la minorité oppressée Acholi mais avec les
années, elle est devenue une armée d'enfants kidnappés,
conduite par un chef rebelle messianique sans objectifs politiques clairs et a
été responsable de terroriser le pays par des actes brutaux de
violence, de mutilations et d'enlèvements d'enfants. L'utilisation
d'enfants dans l'armée remonte à très loin: le service de
David auprès du roi Saul, les tambours de Napoléon, les jeunes
enfants qui servaient de "powder monkeys" (qui remplissaient les
cartouches dans l'entrepont pour les passer aux combattants. NDLT/R) sur les
navires de la Royal Navy et de porteurs de drapeau lors de la
révolution américaine, les jeunesses hitlériennes de
l'Allemagne nazie qui étaient entraînés en unités
combattantes lors de défense de Berlin, et, plus récemment, les
attentats suicides.
Les enfants sont particulièrement vulnérables à
l'enrôlement en raison de leur immaturité émotionnelle et
physique. De nombreux enfants sont des réfugiés ayant fuit leur
domicile, séparés de leur famille, orphelins, et ayant peu de
moyens de soutien ou d'accès à une éducation ou un
emploi. Certains rejoignent des milices armées afin d'obtenir
sécurité et accès à de la nourriture et à
un abri. Les milices deviennent une source de sécurité, une
famille de remplacement et la garantie d'avoir des repas, des vêtements
et un abri, ou la chance d'exprimer de la rage et le sentiment d'une
oppression. Une fois recrutés—ou enlevés—ces enfants
servent souvent de porteurs, de cuisiniers, de guetteurs et d'espions mais
aussi de boucliers humains, de divertissement sexuel et de
combattants.7,8
Bayer et
al5 ont
mené une enquête sur 169 enfants, anciens combattants ougandais
et de la république démocratique du Congo vivant dans des
centres de réhabilitation; la plupart avaient été
enrôlés de force par la LRA. Ces anciens enfants-soldats avaient
un âge moyen de 12 ans au moment de l'enquête et avaient servi
pendant en moyenne 3 ans. Bayer et al ont mis en évidence des taux
élevés d'exposition à des traumatismes liés
à la guerre, comme la menace d'nt mis en évidence des taux
élevés d'exposition à des traumatismes liés
à la guerre, comme la menace d'être tués ou blessés
(70.4%), de tuer d'autres enfants (54.4%), et d'avoir des rapports sexuels non
désirés (34.9%). De façon non surprenante, la
prévalence de symptômes de stress post traumatique était
élevée (34.9%) chez ces anciens enfants-soldats. L'absence d'une
association à une exposition traumatique, un aspect bien
documenté de ce
trouble,9
pourrait bien être le résultat d'un effet « plafond »
du taux élevé d'exposition au traumatismes dans ce groupe.
Dans une étude de population bien conçue sur 2585 adultes
déportés dans le nord de l'Ouganda, Vinck et al
6 ont
trouvé que les profils d'exposition aux traumatismes, qui sont en
général aussi liés à la quantité
d'exposition au traumatisme, étaient associés à une
augmentation du risqué à la fois de PTSD et de symptômes
de dépression.
Bolton et
al2 ont
mené une étude sur 667 adolescents dans le nord de l'Ouganda
touché par la guerre à l'aide d'un essai randomisé et
comparatif rigoureux destiné à évaluer une
psychothérapie interpersonnelle en fonction de la culture par rapport
à une intervention ludique créative et des témoins en
liste d'attente pour des syndromes localement définis comportant des
symptômes dépressifs. L'étude a trouvé que la
psychothérapie interpersonnelle de groupe était une intervention
efficace dans ces syndromes liés à une dépression, en
particulier chez les adolescentes.
Les aspects les plus récents de ces études sont leurs
implications dans les efforts de paix. Bayer et al
5 ont observe
que plus ces enfants avait eu de symptômes de PTSD, moins ils avaient de
chance de se réconcilier et plus ils avaient de sentiments de revanche
vis-à-vis de ceux qui les avaient blessés. Que ceci ait
été dû à une exposition traumatique ou au trouble
lui-même était moins clair, mais dans chaque cas, l'association
indique la complexité de construire une nation et une région,
sûres et paisibles. Il n'a pas été encore
déterminé si le traitement du PTSD modifie la volonté de
réconciliation (qui peut être plus liée à la
sécurité et à la distance nécessaire pour
être soi-même en sûreté) ou les sentiments de
revanche (une façon partielle de réparer son propre traumatisme
ou de rétablir un monde juste). Des études longitudinales et
d'intervention seront nécessaires pour répondre à cet
aspect important pour reconstruire et restaurer une nation. Même plus
directement, Vinck et al
6 ont aussi
évalué 4 types d'exposition au traumatisme (à savoir
faire l'expérience de faibles niveaux de traumatismes, d'être le
témoin de traumatismes, d'être menacé ou blessé
physiquement et d'être enlevé) et leur association avec des
moyens violents et non violents d'atteindre la paix et 3 définitions de
la paix (fin de la violence, unité, et développement
socio-économique). Des différences par régions, qui sont
les marqueurs de l'ethnicité et des différences culturelles, ont
été observées pour de nombreux paramètres.
Toutefois, il est important de noter que Vinck et al ont aussi trouvé
que ceux ayant des symptômes de PTSD avaient plus de probabilité
de voir la violence comme étant un moyen d'obtenir la paix de
définir la paix comme la fin de la violence, que ceux ayant une
meilleure éducation. En revanche, la non violence comme moyen
d'atteindre la paix avait moins de probabilité d'être
rapportée ayant une dépression et plus de probabilité
d'être rapportée par ceux ayant au moins une éducation
primaire. Seul un âge plus avancé était associé
à une définition de la paix comme étant un
développement socio-économique. Une approche de
régression multiple ayant été utilisée par Vinck
et al, un certain nombre d'autres hypothèses concurrentes expliquant
ces résultats ne peuvent être éliminés. Toutefois,
les résultats de cette étude montrent l'importance de comprendre
les attitudes variées des survivants de la guerre envers la paix et les
moyens possibles d'obtenir la paix. L'étude souligne aussi les
interventions qui peuvent affecter le processus de paix et la construction
d'une nation (à savoir le traitement des PTSD et de la
dépression et les programmes d'éducation).
Personne ne traverse un événement traumatique lié
à la guerre sans en être affecté. On sait peu de choses
sur les modifications des valeurs, des espérances et des vues sur le
futur qu'une exposition à ces traumatismes engendre. Les enfants qui
sont encore en train d'apprendre à réguler leur humeur et leur
agression sont certainement plus vulnérables à ces forces
modifiant la vie.
10 Les
chercheurs rapportant les résultats de leurs études dans ce
numéro attirent une nécessaire attention à la violence de
la guerre et aux problèmes qui en résultent sur la santé
mentale. Une appréciation plus approfondie des effets de l'exposition
aux traumatismes liés à la guerre de même qu'une
amélioration de la compréhension des attitudes individuelles
vis-à-vis de la réconciliation et des moyens nécessaire
pour installer un état de paix peuvent contribuer au
développement d'interventions destinées à répondre
aux barrières qui se dressent devant la guérison non seulement
des maladies mais aussi de l'absence de futur et de vision de la vie.
Informations sur les auteurs
| | Correspondance: Robert J. Ursano, MD, Department of Psychiatry, and
Center for the Study of Traumatic Stress, Uniformed Services University, 430
Jones Bridge Rd, Bethesda, MD 20814
(rursano{at}usuhs.mil).
Liens financiers: Aucun rapporté.
Affiliations des auteurs: Department of Psychiatry and Center for
the Study of Traumatic Stress, Uniformed Services University, Bethesda,
Maryland; and Division of Child and Adolescent Psychiatry,Miller School of
Medicine, University of Miami, Miami, Florida.
BIBLIOGRAPHIE
| |
1. The 2005 Armed Conflicts Report. The Plowshares Monitor.
2005;26(2).
http://www.ploughshares.ca/libraries/monitor/monj05f.htm.
Accessed July 5, 2007.
2. Bolton P, Bass J, Betancourt T, et al. Interventions for depression
symptoms among adolescent survivors of war and displacement in Northern
Uganda: a randomized controlled trial. JAMA.2007; 298(5):519
-527.
FREE FULL TEXT
3. Report of the Special Representative of the Secretary-General for
Children and Armed Conflict. United Nations A60/335. September 7, 2005.
http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N05/483/03/PDF/N0548303.pdf?OpenElement.
Accessed July 5, 2007.4. Iacopino V, Waldman RJ. War and health: from Solferino to
Kosovo—the evolving role of physicians. JAMA.1999; 282(5):479
-481.
FREE FULL TEXT
5. Bayer CP, Klasen F, Adam H. Association of trauma and PTSD symptoms
with openness to reconciliation and feelings of revenge among former Ugandan
and Congolese child soldiers. JAMA.2007; 298(5):555
-559.
FREE FULL TEXT
6. Vinck P, Pham PN, Stover E, Weinstein HM. Exposure to war crimes
and implications for peace building in Northern Uganda.
JAMA.2007; 298(5):543
-554.
FREE FULL TEXT
7. Shaw JA. Children exposed to war/terrorism. Clin Child
Fam Psychol Rev.2003; 6(4):237
-246.
PUBMED
8. Shaw JA. Children of war and children at war: child victims of
terror in Mozambique. In: Ursano R, Fullerton CS, Norwood A, eds.
Terrorism and Disaster. Cambridge, England: Cambridge
University Press; 2003:41
-57.9. Ursano RJ, Fullerton CS, Weisaeth L, Raphael B. Individual and
community responses to disaster. In: Ursano RJ, Fullerton CS, Weisaeth L,
Raphael B, eds. Textbook of Disaster Psychiatry.
Cambridge, England: Cambridge University Press. In press.10. De Silva DGH, Hobbs CJ. Conscription of children in armed conflict.
BMJ.2001; 322(7298):1372
. doi:10.1136/bmj.322.7298.1372
.
FREE FULL TEXT
ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:489.
Texte Complet
Interventions pour des symptômes dépressifs chez les adolescents ayant survécu à la guerre et aux déplacements dans le nord de l'Ouganda: Un essai randomisé, contrôlé
Paul Bolton, Judith Bass, Theresa Betancourt, Liesbeth Speelman, Grace Onyango, Kathleen F. Clougherty, Richard Neugebauer, Laura Murray, et Helen Verdeli
JAMA. 2007;298:519-527.
Résumé
| Texte Complet
Exposition aux crimes de guerre et implications pour le processus de paix dans le nord de l'Ouganda
Patrick Vinck, Phuong N. Pham, Eric Stover, et Harvey M. Weinstein
JAMA. 2007;298:543-554.
Résumé
| Texte Complet
Association entre traumatisme et symptômes de PTSD vue d'une réconciliation et sentiments de revanche chez des anciens enfants-soldats ougandais et congolais
Christophe Pierre Bayer, Fionna Klasen, et Hubertus Adam
JAMA. 2007;298:555.
Résumé
|