|
|
PAGES DU PRATICIEN
Notes des médecins à un examen national d'aptitudes cliniques en tant que facteurs prédictifs de plaintes auprès des organismes de réglementation de la profession médicale
Robyn Tamblyn, PhD;
Michal Abrahamowicz, PhD;
Dale Dauphinee, MD;
Elizabeth Wenghofer, PhD;
André Jacques, MD;
Daniel Klass, MD;
Sydney Smee, MSc;
David Blackmore, PhD;
Nancy Winslade, PharmD;
Nadyne Girard, MSc;
Roxane Du Berger, MSc;
Ilona Bartman, MA;
David L. Buckeridge, MD, PhD;
James A. Hanley, PhD
RÉSUMÉ
| |
Contexte La mauvaise communication entre le médecin et le
patient majore le risque de plaintes et de poursuites pour faute
professionnelle. En réponse à ce problème, le Canada et
les États-Unis ont introduit une réforme de l'examen
nécessaire à l'octroi du permis d'exercer, incluant une
évaluation standardisée à l'échelle nationale des
aptitudes à communiquer du médecin, ainsi que de ses
compétences dans l'interrogatoire clinique et dans l'examen
physique.
Objectif Déterminer si les notes obtenues dans la
communication médecin-patient à l'examen d'aptitude clinique
sont prédictives des plaintes futures dans la pratique
médicale.
Schéma, cadre et participants Étude de cohorte de
l'ensemble des 3 424 médecins ayant passé l'examen
d'évaluation des aptitudes cliniques du Conseil médical du
Canada entre 1993 et 1996, et qui ont obtenu un permis d'exercer la
médecine en Ontario et/ou au Québec. Les participants ont
été suivis jusqu'en 2005, incluant leurs 2 à 12
premières années d'exercice.
Principal critère d'évaluation Taux de plaintes de
patients contre des médecins de l'étude, déposées
auprès des organismes de réglementation de la profession
médicale de l'Ontario ou du Québec et retenues après
enquête. La régression multivariée de Poisson a
été utilisée pour évaluer la relation entre le
taux de plaintes et les notes à l'examen d'aptitude clinique, ainsi
qu'à l'examen écrit traditionnel. Les notes sont basées
sur une moyenne standardisée (ET) de 500 (100).
Résultats Dans l'ensemble, 1 116 plaintes ont
été déposées contre 3 424 médecins, dont
696 ont été retenues après enquête. Chez les
médecins, 17,1 % avaient au moins 1 plainte retenue, dont 81,9 %
concernaient des problèmes de communication ou de qualité des
soins. Les scores de communication avec le patient des médecins
étudiés variaient de 31 à 723 (moyenne [ET], 510,9
[91,1]). Une réduction de 2 ET dans le score de communication
était associée à 1,17 plainte retenue
supplémentaire par 100 médecins par an (risque relatif [RR],
1,38; intervalle de confiance [IC] à 95 %, 1,18-1,61) et à 1,20
plainte supplémentaire pour problèmes de communication par 100
années d'exercice (RR, 1,43; IC 95 %, 1,15-1,77). Après
ajustement sur la capacité prédictive du score de
décision clinique dans l'examen écrit traditionnel, le score de
communication médecin-patient dans l'examen d'aptitude clinique restait
significativement prédictif des plaintes retenues (test du rapport de
vraisemblance, p < 0,001), les scores dans le quartile inférieur
expliquant un taux additionnel de 9,2 % (IC 95 %, 4,7%-13,1%) des
plaintes.
Conclusion Les notes obtenues dans la communication
médecin-patient et dans la prise de décision clinique à
un examen d'aptitude national étaient prédictives des plaintes
déposées auprès des organismes de réglementation
de la profession médicale.
JAMA.
2007;298(9):993-1001
Des décennies d'études ont confirmé qu'une
faible aptitude à communiquer avec les patients est associée
à une moindre satisfaction de ces derniers, à des taux
supérieurs de plaintes et à un risque accru de poursuites pour
faute professionnelle, ainsi qu'à de plus mauvais résultats
cliniques.1-16
En réponse à ce problème, les facultés de
médecine ont intégré un enseignement sur la communication
avec le patient et les aptitudes cliniques dans leur programme. Cependant, ces
aptitudes n'étaient pas systématiquement évaluées,
pas plus qu'un niveau minimum de compétence n'était requis pour
l'obtention du permis d'exercice de la
médecine.17
Afin de traiter ce problème, des réformes des conditions de
délivrance de ce permis ont été entreprises en
Amérique du
Nord.18 Le
Conseil médical du Canada (CMC)
(1993),19
l'Educational Commission for Foreign Medical Graduates
(1998),20 et
plus récemment, le USMLE (United States Medical Licensing Examination)
(2004),21
ont tous introduit une évaluation des aptitudes cliniques (examen
clinique objectif structuré, ECOS) -évaluation
standardisée à l'échelle nationale des aptitudes en
matière de communication avec le patient, d'interrogatoire clinique et
d'examen physique - comme condition requise pour l'obtention du permis
d'exercer. Tous les diplômés des facultés de
médecine américaines et canadiennes doivent désormais
passer un examen sur une série de cas avec des patients
standardisés, au cours duquel un patient et un médecin
examinateur observent et notent les aptitudes cliniques et relationnelles du
candidat pour prédire ses compétences à exercer.
Tandis que l'évaluation obligatoire des compétences cliniques
et relationnelles est soutenue par l'opinion
publique,22
des objections sont soulevées par le coût de l'examen et le
manque de données démontrant que l'évaluation d'un jour
puisse prédire la pratique future, surtout dans la mesure où
elle est liée à des déficiences dans la communication
patient-médecin.23-27
Depuis l'instauration de l'ECOS pour tous les médecins canadiens, le
CMC a évalué plus de 25 000 diplômés en
médecine en utilisant un format d'examen similaire à la
deuxième partie de l'USMLE (USMLE Step 2
CS).19 Nous
avons étudié la capacité des ECOS à prédire
les plaintes futures dans la pratique médicale. Nous avons testé
l'hypothèse selon laquelle des scores inférieurs dans la
communication patient-médecin seraient associés à un taux
supérieur de plaintes des patients concernant la qualité des
soins et la communication. Nous avons également évalué si
l'utilisation des scores de l'examen clinique améliorait la
prédiction des plaintes au-delà des résultats de l'examen
écrit traditionnel.
MÉTHODES
Contexte
Au Canada et aux États-Unis, les organismes de réglementation
de la profession médicale (Ordres des médecins des états
et Collèges provinciaux des médecins et des chirurgiens)
utilisent un cadre commun pour régir les modalités de formation
des médecins, d'intégration dans la pratique, de
réglementation, de sanction, et de
radiation.28-32
L'une des principales obligations des organismes de réglementation des
provinces et des états de ces deux pays consiste à traiter et
à résoudre les plaintes déposées par les patients
contre les médecins. Conformément à un ensemble commun de
principes et de procédures, toutes les plaintes reçues par
écrit sont étudiées. Un système de triage est
utilisé pour recueillir des informations auprès des patients et
des médecins pour chaque plainte, éliminer les actions
inconsistantes ou procédurières, et prendre des mesures
informelles pour parvenir à une prompte résolution des
problèmes mineurs. Lorsque ces mesures informelles sont infructueuses
ou considérées comme inadaptées, la plainte est
traitée par une commission ou un conseil plus formel qui décide
des suites à donner. La plupart des plaintes sont résolues par
le biais d'une série graduelle d'actions réglementaires, qui
sont généralement l'éducation, le blâme, et
l'avertissement. Pour les plaintes les plus graves, comme toutes celles
concernant des problèmes d'inconduite sexuelle, des audiences
disciplinaires formelles de nature quasi-judiciaire sont convoquées.
Ces audiences peuvent aboutir à diverses sanctions allant jusqu'au
retrait du permis d'exercice. Lorsque la plainte d'un patient contre un
médecin est déposée directement auprès d'un
hôpital, ce dernier, dans la plupart des juridictions territoriales et
provinciales, doit rapporter les problèmes d'inconduite professionnelle
à l'organisme de réglementation concerné.
Schéma et population
Les cohortes de médecins ayant passé l'examen d'aptitude
clinique du CMC entre 1993 et 1996 et ayant obtenu le permis d'exercer la
médecine en Ontario et/ou au Québec, ont été
identifiées. Près des deuxtiers de la population canadienne et
environ 50 % de l'ensemble des médecins résident dans ces deux
provinces. Toutes les plaintes déposées contre ces
médecins auprès des organismes de réglementation de la
profession de ces deux provinces, entre la date d'octroi du permis d'exercice
et mars 2005, ont été recherchées. Le CMC a
identifié les 6 677 médecins ayant passé l'examen pendant
cette période, et communiqué aux ordres des médecins de
l'Ontario et du Québec les nom et prénom, le sexe, la
faculté de médecine, et l'année d'obtention du
diplôme de chaque candidat. Ces 5 champs nominaux ont été
utilisés pour établir le lien avec le registre des
médecins agréés dans chaque province. Les médecins
ayant une correspondance de tous les champs étaient retenus. Les
correspondances partielles étaient étudiées manuellement
et jugées. La spécialité, le lieu et les dates de
formation postdoctorale, ainsi que l'année du diplôme ont
été obtenus dans les dossiers des organismes de
réglementation provinciaux, ainsi que dans le registre national de
formation pour tous les médecins ayant effectué leur formation
médicale postdoctorale au Canada. Sur les 6 677 médecins, 8,6 %
n'ont pas pu être reliés aux fichiers des organismes de
réglementation de l'Ontario/Québec ou au registre national de
formation postdoctorale. Comparés aux médecins reliés,
ils étaient plus susceptibles d'être plus âgés (>
45 ans, 44,2 % vs 11,4 %; 2, p < 0,001), d'être de
sexe masculin (73,6 % vs 57,4 %; 2, p < 0,001), d'avoir
été formés en dehors du Canada (83,4 % vs 12,7 %;
2, p < 0,001), de ne pas avoir encore passé l'ECOS
(15,7 % vs 1,8 %; 2, p < 0,001), et d'avoir obtenu des
scores inférieurs à l'examen écrit traditionnel (495,4 vs
524,7; test t, p < 0,001) ainsi qu'à l'ECOS (436,8 vs 517,8; test t,
p < 0,001).
L'identité des médecins et les informations confidentielles
les concernant étaient protégées en remplaçant
toutes les données nominales par un numéro d'étude
généré par le CMC, qui était utilisé pour
associer les données démographiques, les notes et les dossiers
de plainte à chaque médecin de l'étude. Le comité
d'éthique de la faculté de médecine de
l'université McGill a donné son approbation. La commission
provinciale de la protection de la vie privée, les ordres des
médecins de l'Ontario et du Québec, ainsi que le CMC ont
approuvé et surveillé les procédures d'accès aux
données, de croisement des données et d'anonymisation.
Évaluation des plaintes
Les organismes de réglementation des provinces recueillent des
informations standardisées pour chaque plainte écrite
déposée contre un médecin. Ces informations incluent les
noms des patients et des médecins concernés, ainsi qu'une
description du problème, de ses circonstances, des interventions
médicales, du résultat, et du lieu de l'incident. Le processus
d'enquête inclut un examen de la lettre du plaignant, de la
réponse du médecin, des dossiers médicaux du patient, des
informations provenant de l'hôpital le cas échéant (pour
les complications chirurgicales par exemple), et les informations de
témoins. Toutes les données sont revues par des médecins
examinateurs (Québec) ou par un comité des plaintes (Ontario),
qui déterminent la légitimité de la plainte, le type et
la gravité du problème, et l'approche recommandée pour sa
résolution ainsi que les suites à donner. Les plaintes sont
classifiées par les examinateurs dans 1 sur 55 (Québec) ou 57
(Ontario) catégories mutuellement exclusives (notamment complications
dues à une erreur médicale ou chirurgicale, rupture de
confidentialité, rapports médicaux incomplets), avec leur
aboutissement (retenue ou non) et la mesure prise (avertissement,
conseils/formation, révocation de permis, suspension, ou limitation du
droit d'exercice).
Toutes les plaintes enregistrées pour les médecins de
l'étude ont été recherchées par le personnel des
organismes de réglementation. Les données incluaient le
numéro d'étude du médecin, la date du dépôt
de plainte et de clôture, la classification du type de problème,
et sa conclusion (décision de maintien de la plainte et mesure prise).
Les codes de classification des plaintes des organismes de
réglementation respectifs ont été groupés dans 6
catégories selon les regroupements comparables utilisés par les
organismes de l'Ontario et du Québec: communication et attitude;
qualité des soins; professionnalisme; problème lié au
cabinet; problème comportemental du médecin lié à
la santé (maladie mentale, par exemple); et autre (publicité
mensongère notamment). L'attribution des codes de classification des
plaintes était vérifiée indépendamment par des
examinateurs des organismes de réglementation, qui tranchaient les
désaccords sur l'attribution finale.
Le critère primaire d'évaluation était le taux de
plaintes, c'est-à-dire le nombre de plaintes retenues comme valables
par l'ordre des médecins, après enquête par année
de pratique. Dans la mesure où le jugement sur la validité d'une
plainte peut varier en fonction des ordres provinciaux, nous avons
effectué une analyse de sensibilité incluant toutes les plaintes
pour déterminer si nos résultats étaient
influencés par les décisions de maintien. Le sous-groupe de
plaintes maintenues, liées à des problèmes de
communication et de qualité des soins, a été
évalué en critère secondaire, ces problèmes
étant supposés plus fortement associés aux
compétences évaluées par l'examen.
Le taux de plaintes pour chaque médecin a été
calculé en utilisant en dénominateur les années
d'exercice, définies par le nombre d'années
écoulées entre la date d'achèvement de la dernière
année de formation postdoctorale et la fin du suivi (mars 2005). Pour
évaluer la validité de l'utilisation de la date de fin de
formation postdoctorale comme date de début de pratique, nous avons
recherché, pour 1 161 médecins du Québec, le
décompte du nombre d'années pendant lesquelles le médecin
avait facturé ses services aux patients à l'organisme assureur
provincial. Comparé aux données de facturations réelles
entre 1993 et 2003, notre approche surestime modestement le nombre
d'années de pratique (moyenne [ET] à partir des facturations,
4,2 [2,4] ans; estimation à partir de l'année de fin de
formation, 4,9 [2,2] ans). Cependant, un très bon niveau d'accord
était relevé entre les 2 méthodes (corrélation
intraclasse, 0,67; intervalle de confiance [IC] à 95 %, 0,54-0,75), et
aucune relation n'était observée entre les années
d'exercice et le score de communication (corrélation de Pearson, r =
-0,06). En conséquence, les erreurs potentielles dans
l'évaluation des années d'exercice ne devraient pas confondre
l'association entre les plaintes et le score de communication.
Examens du Conseil médical du Canada
Examen écrit traditionnel. Cet examen évalue les
compétences d'un candidat pour intégrer une formation
postdoctorale. Il se passe généralement à la fin de la
faculté de médecine et est nécessaire pour obtenir le
permis d'exercer. Les connaissances médicales sont testées
à l'aide d'environ 450 questions à choix multiples permettant
d'évaluer les connaissances en médecine, en chirurgie, en
gynécologie obstétrique, en psychiatrie, en pédiatrie, et
en médecine
préventive.33
La prise de décision clinique est évaluée par des
questions portant sur des aspects clés de problèmes cliniques.34
Les candidats doivent répondre à des aspects essentiels du
diagnostic ou de la prise en charge de 36 à 40 cas cliniques, en
utilisant des réponses écrites ou à menu
court.34
À la différence des questions à choix multiples, les
questions portant sur les aspects clés sont exclusivement axées
sur les composantes d'un cas, pour lesquelles il est demandé aux
médecins de prendre des décisions essentielles, et où les
erreurs peuvent nuire au patient. La notation est basée sur la
qualité relative de la réponse plutôt que sur une simple
réponse correcte, les erreurs d'omission et de prescription
étant prises en compte dans la notation. Le score est calculé
par la somme pondérée de la composante à choix multiples
(pondération = 0,75) et de celle de l'aptitude à la prise de
décision clinique (pondération = 0,25), où les
pondérations reflètent le temps d'examen consacré
à chaque composante. Une note de passage critérielle est
calculée selon la méthode de Nedelsky
modifiée,33,34êt
les notes pour les nouveaux candidats sont standardisées en une moyenne
(ET) de 500 (100). Pour la population étudiée, l'estimation? de
Cronbach de la fiabilité de l'examen écrit variait de 0,90
à 0,92 pour la composante à choix multiples, et de 0,60 à
0,69 pour la composante d'aptitude à la décision clinique dans
les différents centres d'examen.
Examen d'aptitude clinique. Cet examen évalue les
compétences des candidats dans le recueil des données
(interrogatoire, examen physique), la communication avec le patient, et la
résolution des problèmes (diagnostic et prise en charge), par le
biais d'un examen clinique objectif structuré (ECOS) portant sur 20
cas; il peut être passé après 1 an de formation
postdoctorale.19
La plupart des médecins le passent au cours de la seconde année
postdoctorale ou du premier semestre de la troisième année de ce
cycle (93 % des médecins ayant passé l'examen entre 1993 et
1996). Le recueil des données est évalué dans une
rencontre de 5 ou 10 minutes avec un patient standardisé, par des
médecins examinateurs entraînés utilisant des check-lists
spécifiques aux
cas.19 La
communication axée sur le patient est évaluée dans 3
à 4 cas, sélectionnés pour représenter des
situations où une bonne communication est nécessaire pour une
prise en charge optimale (par exemple, refus de discuter du traitement pour
une maladie en phase terminale, délivrance de conseils à un
adolescent sur le contrôle des naissances). Les exemples de
communication médecin-patient mal notée incluent les
comportements condescendants ou blessants, l'émission de jugements
catégoriques, ou l'absence d'attention portée aux
réponses du patient pendant la rencontre. La résolution des
problèmes est évaluée par un questionnaire après
rencontre effectué par écrit, incluant des questions à
réponse courte sur le diagnostic, les explorations,
l'interprétation des résultats d'analyse, et la prise en charge.
Les réponses sont notées par des médecins examinateurs
à l'aide d'une grille de correction. La note de passage pour l'examen
global est établie selon des méthodes
critérielles,19,33-35
et les notes des nouveaux candidats sont standardisées en une moyenne
(ET) de 500 (100). Pour la population étudiée, l'estimation
de Cronbach de la fiabilité des notes de l'ECOS variait de 0,25
à 0,50 pour la communication, de 0,59 à 0,75 pour le recueil des
données, et de 0,41 à 0,67 pour la résolution des
problèmes, dans les différents centres d'examen.
Covariables
Les caractéristiques des médecins pouvant être
associées à l'aptitude à communiquer ou au taux de
plaintes ont été évaluées en facteurs de confusion
potentiels et en modificateurs de
l'effet.6,10
Elles incluaient les données relatives au sexe du médecin, au
statut de diplômé international en médecine, et à
la spécialité, qui ont été obtenues dans les
fichiers centraux du CMC, le registre de formation postdoctorale, et
auprès des ordres des médecins. La province d'exercice
était également considérée comme un facteur de
confusion potentiel, dans la mesure où des différences peuvent
exister dans la délivrance des services de santé et dans le
traitement des plaintes en fonction des juridictions.
Analyse statistique
Les corrélations entre les notes à l'examen ont
été estimées par des coefficients de corrélation
moment-produit de Pearson. La fiabilité des scores a été
évaluée en utilisant une valeur de Cronbach
pondérée, où les poids étaient basés sur le
nombre de candidats à l'examen dans chaque centre d'examen. Les
corrélations non atténuées ont également
été calculées pour déterminer la
corrélation attendue si les deux scores étaient
évalués avec une fiabilité parfaite, à l'aide de
la formule36
La relation entre les scores de l'ECOS et le taux de plaintes a
été évaluée à l'aide d'une
régression multivariée de Poisson (SAS version 9.1, SAS
Institute, Cary, Caroline du Nord), avec un ajustement sur le sexe du
médecin, la spécialité, le pays de formation (Canada ou
international), et la province. Un test bilatéral avec une valeur de p
de 0,05 a été utilisé pour évaluer la
signification statistique. Le nombre de plaintes était la variable
dépendante, et le nombre d'années de pratique était
utilisé pour mesurer la personne-temps pour chaque médecin. La
capacité prédictive de chaque score à l'examen a
été évaluée dans un modèle
séparé avec ajustement sur le sexe, la spécialité,
le statut de diplômé international en médecine, et la
province d'exercice, en utilisant des scores continus ainsi que des quartiles
de score. Pour déterminer si la relation entre les scores à
l'examen et les plaintes était modifiée par des
caractéristiques pouvant être associées aux notes en
communication, notamment la juridiction d'exercice, le sexe du médecin,
et la formation à l'étranger, nous avons évalué
les interactions entre le score d'examen et ces caractéristiques, et
utilisé le test du rapport de vraisemblance pour déterminer si
les termes d'interactions amélioraient l'ajustement du
modèle.
Les examens d'aptitude visent à évaluer un niveau requis de
compétence; en conséquence il peut exister des seuils minimaux
d'aptitude de communication en dessous desquels le taux de plaintes est
élevé et au-dessus desquels ce taux est inférieur et
relativement uniforme. Pour déterminer si une relation linéaire
fournissait une représentation appropriée de l'association entre
le score à l'examen et le taux de plaintes, nous avons testé les
modèles multivariés de Poisson pour la
non-linéarité, en utilisant une extension non
paramétrique de modèles additifs
généralisés (GAM) sur la régression de
Poisson.37
L'effet ajusté du score à l'examen a été
estimé en utilisant des splines de lissage avec 4 df, et la
signification statistique de l'effet non linéaire a été
testée par test 2 non paramétrique. Tous les
modèles ont été estimés séparément
pour les critères primaires et secondaires. Afin de déterminer
si l'inclusion du score de communication de l'ECOS améliorait la
prédiction des plaintes au-delà des résultats de l'examen
écrit traditionnel, nous avons tout d'abord estimé la relation
indépendante entre les scores obtenus à l'examen écrit
traditionnel et le taux de plaintes. Le score de communication de l'ECOS
était ensuite ajouté au modèle qui incluait le score
d'examen écrit traditionnel, et l'amélioration dans la
prédiction des plaintes était évaluée par un test
du rapport de vraisemblance. La puissance du score de communication ECOS
à prédire les plaintes était estimée par la
fraction de risque attribuable, proportion de toutes les plaintes
expliquées par les médecins situés dans le quartile
inférieur des notes de
communication,38
après ajustement sur les facteurs prédictifs existants.
La puissance était estimée selon la méthode
proposée par Signorini39 pour la régression de Poisson. Sur la
base d'une erreur de type I de 5 %, un taux de plaintes initial de 3,1 % dans
la population étudiée, et 3 424 médecins suivis pendant
une moyenne de 6,5 ans, l'étude avait une puissance de 95 % pour
détecter une différence de taux relative de 12 % par diminution
de 2 ET du score.
RÉSULTATS
Sur les 6 677 médecins ayant passé l'ECOS entre 1993 et 1996,
3 424 (51,3 %) ont obtenu un permis d'exercer en Ontario et/ou au
Québec. Au moment de l'examen, 71,6 % des médecins
étudiés étaient âgés de 25 à 30 ans,
55,5 % étaient des hommes, et 12,3 % avaient obtenu leur diplôme
en médicine à l'étranger. Après l'examen, 84 % ont
effectué une formation postdoctorale en soins primaires ou dans des
sous-spécialités médicales, et deuxtiers sont
entrés en pratique en Ontario
(Tableau 1). Le score moyen de
la population étudiée pour l'examen d'aptitude clinique et
l'écrit traditionnel était d'environ un quart d'un ET au-dessus
de 500. Cependant, l'étendue était considérable - environ
7 ET pour l'ECOS et 5 ET pour l'examen écrit traditionnel. Globalement,
230 médecins (6,7 %) ont échoué à l'ECOS à
leur premier passage ; 52 de ces médecins ne l'ont jamais
réussi, mais ont obtenu le permis d'exercer pendant la période
de transition précédant l'instauration des nouvelles exigences
pour sa délivrance.
|
|
Tableau 1.. Caractéristiques des 3 424 médecins ayant passé
l'examen national postdoctoral d'aptitude clinique entre 1993 et 1996 et ayant
obtenu le permis d'exercer en Ontario et/ou au Québec,
Canadaa
aLes pourcentages peuvent ne pas totaliser 100 % en raison des
arrondis.
bScores standardisés avec une moyenne (ET) de 500 (100)
pour tous les nouveaux candidats à l'examen issus de facultés de
médecine canadiennes dans un centre d'examen donné.
|
|
|
Les corrélations entre les scores totaux et les sous-scores des
examens écrit traditionnel et clinique variaient entre r = 0,10 et r =
0,40 (Tableau 2). Le score de
communication présentait la plus faible corrélation avec les
scores de l'examen écrit traditionnel et avec les autres scores de
l'ECOS. Même après correction pour le manque de
fidélité, la corrélation entre les scores de
communication et ceux de l'examen écrit traditionnel était
faible (r non atténué = 0,23). Il a été
démontré précédemment que l'aptitude à
communiquer était un domaine indépendant de capacités
plus cognitives qui sont évaluées dans les examens écrits
traditionnels.40 Dans l'ensemble, 1 116 plaintes ont été
déposées dans un total de 22 585 années de pratique (4,9
plaintes par 100 années de pratique)
(Tableau 3). Le suivi moyen
(ET) par médecin était de 6,5 (2,4) ans, correspondant aux 2
à 12 premières années d'exercice.
|
|
Tableau 2.. Corrélation entre les scores totaux et les sous-scores aux examens
écrit traditionnel et clinique du Conseil médical du
Canadaa
aPour les scores de l'examen écrit traditionnel, la
valeur de Cronbach pondérée dans differents centres
d'examen était de 0,92 pour le score total; questions à choix
multiples, 0,91 ; et prise de décision clinique, 0,64. Pour les scores
de l'examen clinique, la valeur de Cronbach pondérée
était de 0,77 pour le score total; communication, 0,41; recueil de
données, 0,66; et résolution des problèmes, 0,54. Les
pondérations étaient basées sur le nombre de candidats
passant l'examen dans chaque centre.36 Les corrélations non
atténuées (r)30 entre les scores de l'examen écrit
traditionnel et celui de l'examen clinique étaient de 0,47 pour le
score total et de 0,23 pour la communication; entre le score de
décision clinique de l'examen traditionnel et celui de l'examen
clinique : score total, 0,47 et communication, 0,43.
bCoefficients de corrélation moment-produit de Pearson.
Toutes les corrélations étaient statistiquement significatives
(p < 0,001).
|
|
|
|
|
Tableau 3.. Fréquence des plaintes par type, statut et nombre de médecins
parmi les 3 424 praticiens suivis pendant leurs 2 à 12 premières
années d'exercice et 22 585 années de pratique combinées
en Ontario et au Québec, Canada
Abréviation: IC, intervalle de confiance.
aLes exemples de manque de professionnalisme incluaient le
conflit d'intérêt et la publicité. Les exemples de
plaintes en relation avec le cabinet incluaient les dossiers médicaux
incomplets et les problèmes liés au personnel du cabinet. Les
exemples de problèmes médicaux du médecin incluaient la
maladie mentale et les troubles comportementaux liés à l'alcool.
Les autres plaintes incluaient celles qui étaient classifiées
dans des catégories multiples.
b118 médecins avaient 2 plaintes maintenues ou plus. La
distribution des 191 plaintes retenues contre ces médecins était
similaire à celle de l'ensemble des 696 plaintes retenues:
communication, 86 (45%); qualité des soins, 68 (35,6%);
professionnalisme, 24 (12,5%); problèmes liés au cabinet, 10
(5,2%); problème médical du médecin, 1 (0,5%); et autre,
2 (1,0%).
cSous-catégories des plaintes les plus fréquentes
dans chaque catégorie.
|
|
|
Sur les 3 424 médecins, 21,5 % avaient reçu au moins 1
plainte, et 17,1 % avaient des plainte(s) retenues dans leur dossier
après enquête. La majorité (81,9 %) des plaintes retenues
concernaient des problèmes d'attitude/communication et de
qualité des soins. Les problèmes de communication dans la prise
en charge et le traitement/suivi inappropriés étaient les causes
les plus fréquentes de plaintes concernant la qualité des soins.
Sur les 696 plaintes maintenues, aucune n'a entraîné de
révocation immédiate de permis, 71 (10,2 %) ont abouti à
des recommandations de conseils/formation complémentaires ou à
des mesures disciplinaires, et les autres ont donné lieu à des
avertissements verbaux et écrits.
Les scores de communication de l'ECOS inférieurs étaient
associés à un taux supérieur de plaintes retenues, plus
particulièrement dans le quartile le plus bas de ces scores
(Tableau 4). Les 853
médecins dans le quartile inférieur des scores de communication
avaient 236 plaintes retenues, déposées dans leur total
combiné de 5 542 années d'exercice. Ceci produisait un taux
global de 4,26 plaintes par 100 années d'exercice comparé
à 2,51 par 100 années d'exercice pour les médecins dans
le quartile supérieur du score de communication
(Tableau 4). Dans les
modèles multivariés ajustant sur d'autres
caractéristiques des médecins, des taux de plaintes
significativement plus élevés étaient également
observés pour les médecins hommes vs femmes, les chirurgiens et
les médecins de soins primaires vs sous-spécialistes, et les
médecins exerçant en Ontario vs ceux exerçant au
Québec (Tableau 4).
Même après ajustement sur ces caractéristiques, les
médecins dans le quartile inférieur du score de communication
avaient un taux de plaintes excédentaire de 1,75 par 100 années
de pratique comparé aux médecins dans le quartile de score
supérieur (risque relatif [RR] ajusté, 1,52 ; IC 95 %,
1,30-1,78), et un taux de plaintes excédentaire de 2,15 par 100
années de pratique comparé aux 3 quartiles supérieurs (RR
ajusté, 1,43 ; IC 95 %, 1,22-1,68). La fraction de risque attribuable
indiquait que 10,0 % (IC 95 %, 6,0 %-13,9 %) de l'ensemble des plaintes
maintenues étaient expliqués par les médecins dans le
quartile inférieur des scores de communication.
|
|
Tableau 4.. Score de communication de l'examen d'aptitude clinique du Conseil
médical du Canada et taux de plaintes retenues
Abréviations: IC, intervalle de confiance; GP, médecin
généraliste.
aEstimation à l'aide d'une régression de Poisson,
ajustée sur le sexe du médecin, la spécialité, le
pays de formation (Canada ou international) et la province.e.
bSeuils pour les quartiles étaient pour le premier
quartile, <457; pour le deuxième quartile, 457-518; pour le
troisième quartile, 519-575; pour le quatrième quartile,
>575.
|
|
|
Aucune non-linéarité significative (p = 0,25 pour le test non
paramétrique GAM) n'a été démontrée. Selon
le modèle linéaire, une réduction de 2 ET du score de
communication était associée à une augmentation relative
de 38 % du taux de plaintes (1,17 plainte supplémentaire par 100
années de pratique) (Tableau
4). La relation entre les scores de communication et le taux de
plaintes était significativement plus forte au Québec (RR, 1,84
; IC 95 %, 1,51-2,24) comparé à l'Ontario (RR, 1,34 ; IC 95 %,
1,25-1,49). Le sexe du médecin et le statut de diplômé
international en médecine ne modifiaient pas significativement l'effet
du score de communication.
L'analyse de sensibilité intégrant toutes les plaintes
(retenues et non retenues) montrait la même augmentation significative
du taux relatif de plaintes avec la diminution du score de communication (6,55
par 100 années de pratique dans le quartile inférieur
comparé à respectivement 4,78, 4,46 et 4,05 dans les
troisième, second et premier quartiles supérieurs) ; cependant,
le risque était inférieur pour toutes les plaintes (RR, 1,30 ;
IC 95 %, 1,22-1,39).
Dans les notes de l'ECOS, seule la note de communication était
significativement associée aux taux de plaintes
(Tableau 5). Les notes
relatives au recueil des données et à la résolution des
problèmes de l'ECOS n'avaient aucune relation avec le taux de plaintes,
incluant celles concernant la qualité des soins. La note de
communication de l'ECOS était celle qui présentait la plus forte
association avec le risque de plaintes concernant la communication. L'examen
écrit traditionnel était également significativement
associé au taux de plaintes, la plus forte association concernant le
score de prise de décision clinique. L'association entre les notes des
questions à choix multiples et le taux de plaintes était
significative pour l'ensemble des plaintes retenues, mais non significative
pour les plaintes relatives à la communication ou à la
qualité des soins. Une non-linéarité statistiquement
significative a été trouvée dans la relation entre les
notes de prise de décision médicale et le taux de plaintes
global (p = 0,02, pour 3 df du test GAM). Le taux de plaintes augmentait avec
la diminution des scores de décision clinique entre 600 et 450, sans
effet systématique au-delà de cet intervalle.
|
|
Tableau 5.. Scores aux examens d'aptitude du Conseil médical du Canada et taux
de plaintes retenues: total et par type de plainte
Abréviation : IC, intervalle de confiance.
aEstimé par régression multivariée de
Poisson, avec ajustement sur sexe du médecin, spécialité,
pays de formation (Canada, international), et province, avec score à
l'examen en variable continue. Résultats présentés en
variation du taux relatif par diminution de 2 ET du score. Un modèle
indépendant a été utilisé pour estimer
l'association de chaque score avec les plaintes retenues, avec ajustement sur
les mêmes caractéristiques des médecins.
bEstimé par régression multivariée de
Poisson. Le modèle inclut le score de communication, le sous-score de
prise de décision clinique de l'examen écrit traditionnel, le
sexe du médecin, la spécialité, le pays de formation
(Canada, international), et la province. L'amélioration de l'ajustement
du modèle avec le score de décision clinique seul et le score de
décision clinique plus score de communication a été
évaluée par un test du rapport de vraisemblance.
|
|
|
Le score de communication de l'ECOS, lorsqu'il était ajouté
à un modèle incluant le score de décision clinique de
l'examen écrit traditionnel, améliorait significativement la
prédiction de l'ensemble des plaintes maintenues et des plaintes
relatives à la communication, mais pas celles concernant la
qualité des soins (Tableau
5). Après ajustement sur le score de décision
clinique de l'examen écrit traditionnel, un surcroît de 9,2 % (IC
95 %, 4,7 %-13,1 %) des plaintes maintenues et de 11,2 % (IC 95 %, 5,8 %-16,9
%) de celles relatives à la communication étaient
expliqués par les médecins dans le quartile inférieur des
scores de communication.
COMMENTAIRE
| |
Dans une étude longitudinale de médecins ayant passé
l'examen d'aptitude clinique du CMC, qui sont entrés en exercice en
Ontario et/ou au Québec, les notes obtenues dans la communication avec
le patient étaient des facteurs prédictifs statistiquement
significatifs de futures plaintes aux organismes de réglementation de
la profession. La crédibilité de l'association était
renforcée par des données démontrant une relation
linéaire entre les taux de plaintes et les scores de communication, une
association légèrement plus forte lorsque le critère
était limité aux plaintes relatives à la communication,
l'uniformité et la signification statistique de l'association en
Ontario et au Québec, ainsi que la persistance de l'association
après ajustement sur le sexe du médecin, sa
spécialité, le statut de diplômé international en
médecine, et les années d'exercice.
Nous avons observé un taux de plaintes de 0,0491 par médecin.
Ce taux se situe dans l'intervalle de celui des ordres de médecins des
états américains, où le taux de plaintes moyen pour tous
les médecins autorisés à exercer (incluant ceux n'ayant
pas fait l'objet de plainte) variait de 0,02 par médecin dans le
Wisconsin à 0,20 par médecin en Alabama, entre 2001 et
2003.41
Comme d'autres, nous avons trouvé que les problèmes de
communication étaient la cause la plus fréquente de
plaintes42 :
49,1 % des plaintes dans notre étude comparé à 55 % de
celles déposées auprès d'1 ordre des médecins
américain entre 1989 et
2000,43 et
à 74,7 % dans une étude sur des plaintes dans le secteur
hospitalier entre 2001 et 2003.6 Nos résultats constituent une source
d'informations pour les instructeurs et les organismes de
réglementation de la profession médicale. Notre étude
soutient la validité prédictive de l'évaluation
standardisée des aptitudes de communication avant l'entrée en
exercice. Près d'1 médecin sur 5 avait une plainte maintenue,
déposée auprès d'organismes de réglementation
provinciaux dans les 2 à 12 premières années d'exercice.
Le risque de plainte était significativement supérieur chez les
médecins dans le quartile inférieur des scores de communication.
Ce résultat suggère que l'observation et l'évaluation
directes des aptitudes à communiquer avec le patient pourraient
être utiles pour identifier les jeunes médecins plus susceptibles
de connaître des difficultés dans la pratique.
L'évaluation des capacités de communication pourrait jouer un
rôle à différentes étapes de la formation pour
sélectionner les candidats à l'admission en faculté de
médecin44
ou pour identifier les jeunes recrues susceptibles de nécessiter un
enseignement plus intensif en capacités de communication, ces aptitudes
pouvant être améliorées par la
formation.45
En outre, nos résultats suggèrent qu'une norme de passage
minimum devrait être établie pour la composante communication de
l'ECOS, comme cela a été fait dans la deuxième partie de
l'USMLE aux
États-Unis.21
Pour ce faire, le nombre de cas dans lesquels la communication est
évaluée devrait être augmenté de 3 à 4
à environ 10 à 14 cas pour obtenir un score suffisamment fiable
pour statuer sur l'échec ou la
réussite.46
Le CMC a déjà augmenté le nombre de cas dans
l'évaluation des capacités de communication, afin d'approcher ce
seuil de fiabilité. Les plaintes étaient essentiellement
associées à 2 sous-scores -prise de décision clinique et
communication. L'évaluation de la prise de décision clinique a
été spécifiquement conçue pour sélectionner
des problèmes et des aspects du processus de prise de décision
où les médecins étaient plus susceptibles de faire des
erreurs qui auraient eu un effet sur l'évolution du
patient.34
Cette méthode de sélection du matériau de test pourrait
expliquer pourquoi cette composante de l'examen était prédictive
de plaintes, tandis que les composantes recueil des données et
résolution des problèmes de l'ECOS ne l'étaient pas.
L'utilisation des aspects clés d'un problème clinique dans
l'évaluation de la prise de décision clinique a
été instituée pour la première fois en 1992 par le
CMC, et à notre connaissance, il s'agit ici de la première
évaluation de sa capacité à prédire la pratique
future.47 Il
pourrait être utile de renforcer l'utilisation de cette méthode
dans l'évaluation écrite traditionnelle, ce format se
révélant plus prédictif des plaintes relatives à
la qualité des soins que les questions à choix multiples
habituelles. La sélection de cas et d'éléments de test
pour l'ECOS national sur la même base que les questionnaires
écrits sur les aspects clés pourrait également être
bénéfique. La capacité discriminante de
l'évaluation du recueil des données et de la résolution
des problèmes dans l'ECOS pourrait être améliorée
par la sélection d'aspects du recueil de données qui sont
essentiels à un problème clinique donné, sur lesquels les
médecins tendent à faire des erreurs.
Notre étude présente plusieurs limites. La fiabilité
faible à moyenne de la composante du score de communication de l'examen
a probablement produit une sous-estimation de la force de la relation entre la
communication et les plaintes.48 L'utilisation des années de pratique
comme dénominateur dans l'estimation du taux de plaintes pourrait ne
pas prendre en compte les différences entre médecins dans la
fréquence du contact avec les patients, le type de patients, et les
actes effectués, tous ces éléments pouvant être
associés au risque de plaintes. Cependant, il semble improbable que les
médecins ayant les moins bons scores dans la communication
rechercheraient systématiquement des actes et des populations de
patients plus susceptibles de générer des
plaintes.13
Par ailleurs, les taux supérieurs de plaintes que nous avons
trouvés chez les chirurgiens, les médecins de famille, et les
médecins de sexe masculin, même après ajustement sur les
scores inférieurs en communication, pourraient être
associés à un volume d'exercice plus important ou à des
différences dans les activités ou dans les populations de
patients. Dans la mesure où des taux supérieurs de plaintes et
de poursuites pour faute professionnelle ont également
été trouvés pour ces sous-groupes de médecins dans
d'autres
études1,10,
il serait important de mieux en comprendre les les facteurs contributifs.
Enfin, nous ne disposions pas d'informations sur la langue dans laquelle les
médecins présentaient le plus d'aisance ou sur celle
utilisée dans les examens, et n'avons pas pu inclure ces facteurs dans
les analyses. En résumé, nous avons observé que les
capacités de communication et de prise de décision clinique
étaient des facteurs prédictifs majeurs de plaintes futures
auprès des organismes de réglementation. Les examens actuels
pourraient être modifiés pour tester plus efficacement et plus
précocement ces qualités dans le processus de formation. Les
études futures devront examiner si le traitement des problèmes
de communication permettrait de réduire le nombre de plaintes, et si
d'autres indicateurs de la qualité de la pratique pourraient être
évalués par un examen d'aptitude clinique.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Robyn Tamblyn, PhD, McGill University, 1140 Pine Ave W,
Montreal, QC Canada, H3A 1A3
(robyn.tamblyn{at}mcgill.ca).
Contributions des auteurs: Le Dr Tamblyn a eu un accès
complet à toutes les données de l'étude et accepte la
responsabilité de l'intégrité des données et de
l'exactitude de l'analyse des données.
Conception et schéma de l'étude: Tamblyn,
Abrahamowicz, Dauphinee, Jacques, Klass, Winslade.
Recueil des données: Tamblyn, Dauphinee, Wenghofer,
Jacques, Klass, Smee, Girard, Bartman.
Analyse et interprétation des données: Tamblyn,
Abrahamowicz, Dauphinee, Wenghofer, Jacques, Klass, Blackmore, Girard, Du
Berger, Bartman, Hanley, Buckeridge.
Rédaction du manuscrit: Tamblyn, Abrahamowicz, Dauphinee,
Smee, Blackmore, Girard, Bartman, Hanley.
Revue critique du manuscrit: Tamblyn, Dauphinee, Wenghofer,
Jacques, Klass, Winslade, Du Berger, Hanley, Buckeridge.
Analyse statistique: Tamblyn, Abrahamowicz, Girard, Du Berger,
Bartman, Hanley, Buckeridge.
Obtention du financement: Tamblyn, Dauphinee.
Aide administrative, technique et matérielle: Tamblyn,
Dauphinee, Wenghofer, Jacques, Klass, Smee, Blackmore, Winslade.
Supervision de l'étude: Tamblyn, Abrahamowicz, Dauphinee,
Jacques, Klass.
Liens financiers: Aucun rapporté.
Financement/soutien: Le Medical Council of Canada (MCC) et le
Canadian Institutes of Health Research (CIHR) ont assuré le financement
de cette étude. Le CIHR a fourni les fonds opérationnels
à cette étude et un soutien de type fellowship au Dr
Winslade.
Rôle des sponsors: Le CIHR n'a joué aucun rôle
dans le schéma et la conduite de l'étude, le recueil, la
gestion, l'analyse et l'interprétation des données ainsi que
dans la préparation, la revue ou l'approbation du manuscrit. Le MCC, le
College of Physicians and Surgeons of Ontario, et le College of Physicians of
Quebec, en tant qu'organisations, n'ont pas été impliqués
dans l'approbation de cet article. Les co-auteurs du Medical Council ofCanada
(Dr Blackmore, Mss Smee et Bartman), du College of Physicians and Surgeons in
Ontario (Drs Klass et Wenghofer), et du College of Physicians of Quebec (Dr
Jacques) ont supervise le recueil, l'association et l'anonymisation des
données à partir de leur établissements respectifs, de
même que leurs idées sur la conduite de l'étude, le
recueil, la gestion et l'interprétation des données, la
préparation, la revue, et l'approbation du manuscrit. Mss Girard et Du
Berger ont réalisé l'analyse statistique.
Affiliations des auteurs: Departments of Medicine and Epidemiology
& Biostatistics, McGill University, Montreal, Quebec, Canada; Ontario
College of Physicians and Surgeons, Toronto, Ontario, Canada; Quebec College
of Physicians, Montreal; Medical Council of Canada, Ottawa, Ontario.
BIBLIOGRAPHIE
| |
1. Levinson W, Roger D, Mullooly J, Dull V, Frankel R.
Physician-patient communication: the relationship with malpractice claims
among primary care physicians and surgeons. JAMA.1997; 277(7):553
-559.
FREE FULL TEXT
2. Franks P, Fiscella K, Shields CG, et al. Are patients' ratings of
their physicians related to health outcomes? Ann Fam
Med.2005; 3(3):229
-234.
FREE FULL TEXT
3. Hickson GB, Clayton EW, Githens PB, Sloan FA. Factors that prompted
families to file medical malpractice claims following perinatal injuries.
JAMA.1992; 267(10):1359
-1363.
FREE FULL TEXT
4. Beckman HB, Markakis KM, Suchman AL, Frankel RM. The doctor-patient
relationship and malpractice: lessons from plaintiff depositions.
Arch Intern Med.1994; 154(12):1365
-1370.
FREE FULL TEXT
5. Kohatsu ND, Gould D, Ross LK, Fox PJ. Characteristics associated
with physician discipline: a case-control study. Arch Intern
Med.2004; 164(6):653
-658.
FREE FULL TEXT
6. Stelfox HT, Gandhi TK, Orav EJ, Gustafson ML. The relation of
patient satisfaction with complaints against physicians and malpractice
lawsuits. Am J Med.2005; 118(10):1126
-1133.
PUBMED
7. Baldwin LM, Larson EH, Hart LG, Greer T, Lloyd M, Rosenblatt RA.
Characteristics of physicians with obstetric malpractice claims experience.
Obstet Gynecol.1991; 78(6):1050
-1054.
PUBMED
8. Bovbjerg RR, Petronis KR. The relationship between physicians'
malpractice claims history and later claims: does the past predict the future?
JAMA. 1994;272
(18):1421
-1426.
FREE FULL TEXT
9. Sloan FA, Mergenhagen PM, Burfield WB, Bovbjerg RR, Hassan M.
Medical malpractice experience of physicians: predictable or haphazard?
JAMA. 1989;262
(23):3291
-3297.
FREE FULL TEXT
10. Hickson GB, Federspiel CF, Pichert JW, Miller CS, Gauld-Jaeger J,
Bost P. Patient complaints and malpractice risk. JAMA.2002; 287(22):2951
-2957.
FREE FULL TEXT
11. Hickson GB, Pichert JW, Federspiel CF, Clayton EW. Development of
an Early Identification and Response Model of Malpractice Prevention.
Law and Contemporary Problems.1997; 60(1):7
-29. Medical Malpractice: External Influences and
Controls, part 1.
12. Vincent C, Young M, Phillips A. Why do people sue doctors? a study
of patients and relatives taking legal action. Lancet.1994; 343(8913):1609
-1613.
PUBMED
13. Hickson GB, Clayton EW, Entman SS, et al. Obstetricians' prior
malpractice experience and patients' satisfaction with care.
JAMA.1994; 272(20):1583
-1587.
FREE FULL TEXT
14. Moore PJ, Adler NE, Robertson PA. Medical malpractice: the effect
of doctor-patient relations on medical patient perceptions and malpractice
intentions. West J Med.2000; 173(4):244
-250.
PUBMED
15. Papadakis MA, Teherani A, Banach MA, et al. Disciplinary action by
medical boards and prior behavior in medical school. N Engl J
Med.2005; 353(25):2673
-2682.
PUBMED
16. Fiscella K, Meldrum S, Franks P, et al. Patient trust: is it
related to patient-centered behavior of primary care physicians?
Med Care.2004; 42(11):1049
-1055.
PUBMED
17. Stillman P, Swanson D, Regan MB, et al. Assessment of clinical
skills of residents utilizing standardized patients. Ann Intern
Med.1991; 114(5):393
-401.
FREE FULL TEXT
18. AAMC. Report III: Contemporary Issues in Medicine: Communication in
Medicine.
http://www.aamc.org/meded/msop/.
Washington, DC: Association of American Medical Colleges; 2006:1-29. Medical
School Objectives Project. Accessed August 10, 2007.19. Reznick RK, Blackmore D, Dauphinee WD, Rothman AI, Smee S.
Large-scale high-stakes testing with an OSCE: report from the Medical Council
of Canada. Acad Med.1996; 71(1)(suppl):S19
-S21.
PUBMED
20. Whelan G. Educational Commission for Foreign Medical Graduates:
lessons learned in a high-stakes, high-volume medical performance examination.
Med Teach.2000; 22(3):293
-296.
21. Papadakis MA. The Step 2 clinical-skills examination. N
Engl J Med.2004; 350(17):1703
-1705.
PUBMED
22. USMLE. Harris Interactive Poll, Results from: United States Medical
Licensing Examination.
http://www.usmle.org/news/Step2CSNews/Harris.asp.
Accessed August 10, 2007.23. Hoppe RB. Performance Assessment: Why Should Medical
Schools Care? Henry R, Mavis B, Mullan P, Pryor O, Solomon D,
eds. East Lansing: Office of Medical Education Research and Development,
Michigan State University; 2002.24. Bogdonoff MD. The clinical-skills examination. N Engl J
Med.2004; 351(5):507
-509.
PUBMED
25. Musco S. The clinical-skills examination. N Engl J
Med.2004; 351(5):507
-509.
PUBMED
26. Henry SG. Playing doctor. JAMA.2005; 294(17):2138
-2140.
FREE FULL TEXT
27. Hallock JA, Melnick DE, Thompson JN. The step 2 clinical skills
examination. JAMA.2006; 295(10):1123
-1124.
FREE FULL TEXT
28. Federation of State Medical Boards. Elements of a modern state
medical board.
http://www.fsmb.org/pdf/GRPOL_Elements_Modern_Medical_Board.pdf.2006.
Accessed August 10, 2007.29. Federation of State Medical Boards. A guide to the essentials of a
modern medical practice act-tenth edition.
http://www.fsmb.org/pdf/2003_grpol_modern_medical_practice_act.pdf.2003.
Accessed August 10, 2007.30. Dauphinee WD. Self regulation must be made to work.
BMJ.2005; 330(7504):1385
-1387.
FREE FULL TEXT
31. Federation of Medical Regulatory Authorities of Canada.
http://www.fmrac.ca.2007.
Accessibility verified July 16, 2007.32. Federation of State Medical Boards.
http://www.fsmb.org.2007.
Accessibility verified July 16, 2007.33. Mandin H, Dauphinee WD. Conceptual guidelines for developing and
maintaining curriculum and examination objectives: the experience of the
Medical Council of Canada. Acad Med.2000; 75(10):1031
-1037.
PUBMED
34. Page G, Bordage G, Allen T. Developing key-feature problems and
examinations to assess clinical decision-making skills. Acad
Med.1995; 70(3):194
-201.
PUBMED
35. Scherpbier AJJA, van der Vleuten C, Rethans J-J, van der Steeg AFW,
eds. Optimizing the Input of Physician Examiners in Setting
Standards for a Large Scale OSCE: Experience With Part II of the Qualifying
Examination of the Medical Council of Canada. Dordrecht, the
Netherlands: Kluwer Academic Publishers; 1997.36. Osborne JW. Effect sizes and disattentuation of correlation and
regression coefficients: lessons.
http://pareonline.net/getvn.asp?v=8&n=11
8[11]. 2003. Practical Assessment, Research & Evaluation. Accessed August
10, 2007.37. Hastie TJ, Tibshirani RJ. Generalized Additive
Models. London, England: Chapman & Hall;1990
.38. Hanley JA. A heuristic approach to the formulas for population
attributable fraction. J Epidemiol Community Health.2001; 55(7):508
-514.
FREE FULL TEXT
39. Signorini D. Sample size for Poisson regression.
Biometrika.1991; 78(2):446
-450.
FREE FULL TEXT
40. Edelstein RA, Reid HM, Usatine R, Wilkes MS. A comparative study of
measures to evaluate medical students' performance. Acad
Med.2000; 75(8):825
-833.
PUBMED
41. Roberts RG, Friedsam D, Beasley JW, Helstad C, Moberg DP. The state
of quality reports: comparing states by their rankings.
WMJ.2006; 105(8):60
-66.
PUBMED
42. Federation of State Medical Boards. State medical board
disciplinary reports: 2005; trends in physician regulations-2006.
http://www.fsmb.org/pdf/PUB_FSMB_Trends_in_Physician_Regulation_2006.pdf.
April 2006. Accessibility verified July 16, 2007.43. Halperin EC. Grievances against physicians: 11 years' experience of
a medical society grievance committee. West J Med.2000; 173(4):235
-238.
PUBMED
44. Lumsden MA, Bore M, Millar K, Jack R, Powis D. Assessment of
personal qualities in relation to admission to medical school. Med
Educ.2005; 39(3):258
-265.
PUBMED
45. Yedidia MJ, Gillespie CC, Kachur E, et al. Effect of communications
training on medical student performance. JAMA.2003; 290(9):1157
-1165.
FREE FULL TEXT
46. Ben-David MF, Klass DJ, Boulet J, et al. The performance of foreign
medical graduates on the National Board of Medical Examiners (NBME)
standardized patient examination prototype: a collaborative study of the NBME
and the Educational Commission for Foreign Medical Graduates (ECFMG).
Med Educ.1999; 33(6):439
-446.
PUBMED
47. Page G, Bordage G. The Medical Council of Canada's key features
project: a more valid written examination of clinical decision-making skills.
Acad Med.1995; 70(2):104
-110.
PUBMED
48. Cleary TA, Linn RL, Walster GW. Effect of reliability and validity
on power of statistical tests. Sociol Methodol.1970; 2:130
-138.
ARTICLES EN RAPPORT
Importance d'une évaluation et d'une optimisation des aptitudes à la communication
Gregory Makoul et Raymond H. Curry
JAMA. 2007;298:1057-1059.
Texte Complet
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:953.
Texte Complet
|