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Pages du praticien
Soins palliatifs de patients atteints de la sclérose latérale amyotrophique« Préparer le pire en espérant le mieux »
Hiroshi Mitsumoto, MD, DSc;
Judith G. Rabkin, PhD, MPH
RÉSUMÉ
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La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie
neuro-dégénérative dévastatrice dont
l'évolution clinique est très prévisible si bien qu'il
faut entamer des soins palliatifs dès le diagnostic posé ou peu
après. Dans la plupart des cas, l'issue est certaine. Aux
États-Unis, le seul traitement approuvé est le riluzole. Il
prolonge la vie d'environ deux mois. Presque tous les muscles sont finalement
affectés. Une approche multidisciplinaire est nécessaire pour
prendre en charge les nombreux problèmes, tels que notamment: gestion
dynamique des symptômes, réhabilitation en vue du maintien des
fonctions motrices, support nutritionnel et respiratoire, dispositifs toujours
plus complets de communication, soutien psychologique aussi bien des patients
que des familles, car les proches jouent souvent un rôle crucial au
niveau de la gestion et des soins. Bien avant d'envisager un recours à
l'alimentation entérale ou à la ventilation assistée, il
faut prendre en considération les problèmes sociaux,
bioéthiques et financiers ainsi que les souhaits anticipés de
prise en charge. Les buts de la prise en charge doivent être
réévalués de jour en jour. En présentant le cas
inhabituel d'un patient atteint de la SLA qui est aussi un neurologue de renom
spécialisé en soins de la SLA, nous énumérons les
problèmes que posent la gestion et les soins palliatifs applicables
à la SLA ainsi qu'à d'autres maladies neurologiques progressives
et fatales telles que la chorée d'Huntington et les derniers stades de
la maladie de Parkinson.
JAMA.
2007;298(2):207-216
CAS CLINIQUE
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Le Dr SP est un neurologue de 56 ans spécialisé dans la prise
en charge des patients atteints de la sclérose latérale
amyotrophique ou maladie de Charcot (ALS pour amyotrophic lateral sclerosis).
Son expérience familiale et médicale n'a rien d'extraordinaire.
Il est marié et père de deux enfants adultes. En juillet 2003,
il remarque un affaiblissement de son pied droit et constate qu'il marche avec
difficulté. En septembre, il développe une urgence urinaire et
fécale et son pied gauche s'affaiblit. Des examens approfondis ne
révèlent rien de particulier sauf une hernie discale avec
indentation de la racine au niveau des vertèbres thoraciques 6 et 7.
Une décompression thoracique du rachis est pratiquée en
septembre 2003 suivie de deux opérations chirurgicales pour traiter la
hernie discale au même niveau thoracique. Vers la mi-mai 2004, son bras
droit s'affaiblit. Une analyse électromyographique signale une
dénervation des muscles de la jambe droite et des changements
chroniques dans la réinnervation de multiples myotomes des membres
supérieurs et inférieurs droits. Des examens neurologiques
détectent une atrophie musculaire dans les deux jambes et une
augmentation du tonus musculaire dans tous les membres avec une
hyperréflectivité pathologique généralisée.
Sa marche devient spasmodique. Les résultats des examens sensoriels
sont tout à fait normaux. Sa capacité vitale forcée est
de 4,97 l ou 109 % de la valeur théorique avec une pression
inspiratoire maximale de 60 mm H2O ou plus. Un diagnostic de la SLA est
posé et il contacte lui-même la clinique SLA multidisciplinaire
d'un centre médical universitaire pour la suite de son traitement.
On lui a prescrit du riluzole, du celecoxib (alors utilisé dans un
essai clinique) et plusieurs médicaments pour son urgence urinaire et
sa spasticité. L'équipe des soins de la SLA lui a vivement
recommandé de continuer à assurer ses fonctions au travail comme
à la maison. Pour ses problèmes respiratoires, nutritionnels et
de communication, elle lui a suggéré de prendre des mesures
proactives. À partir de juillet 2004, il éprouve de la
difficulté à s'exprimer. Une thrombose veineuse profonde est
venue compliquer son cas et il débute la warfarine par voie orale. En
janvier 2006, il ne peut plus parler et, pour communiquer, il commence
à utiliser un tableau alphabétique avec un marqueur au laser
attaché à ses montures de lunettes. Il prend du glycopyrrolate
pour assécher sa salive, mais développe une constipation. Il vit
avec sa famille à la maison et engage une aide soignante à
domicile. Une désaturation nocturne de l'oxygène amène
à recourir à un insufflateur manuel. À son régime
médicamenteux viennent s'ajouter oméprazole, lactulose,
loratadine, bupropion, et budésonide par vaporisateur nasal. Il prend
aussi 1200 mg de Coenzyme Q10 quatre fois par jour ainsi que des vitamines E
et de l'acide alpha-lipoïque. Sa condition continue à se
détériorer avec une faiblesse musculaire et une
spasticité plus généralisée. En janvier 2006, sa
capacité vitale forcée est de 1,88 l ou 42 % de la valeur
théorique avec une pression inspiratoire maximale de 60 mm H2O ou
plus.
Depuis le printemps 2007, sa paralysie est complète, mais sa
condition s'est relativement stabilisée cette dernière
année. Il peut encore utiliser ses yeux pour communiquer à
l'aide d'un tableau alphabétique. Il s'en est servi récemment
lors d'une conversation en public. Le 29 mars 2006, un rédacteur de
Perspectives a interviewé le Dr SP qui avait, à ses
côtés, son épouse et son fils. À l'aide d'un
marqueur au laser attaché à ses lunettes, le Dr SP
sélectionnait, sur un tableau alphanumérique, les lettres
formant les mots de ses réponses. Son épouse et son fils
répétaient ces réponses à haute voix pour les
confirmer. Après quelques minutes d'orientation, ce mode laborieux de
communication s'est perfectionné pour atteindre une vitesse de
conversation presque normale ainsi que le montrent la sophistication et la
complexité des réponses.
PERSPECTIVES
Dr SP (LE PATIENT): Chaque jour, concentres-toi sur ce que tu peux
faire...J'ai toujours essayé de prévoir le pire en
espérant le meilleur...Les neurologues n'aiment pas les surprises. Ils
aiment tout planifier avec soin.
TP (L'ÉPOUSE DU PATIENT): Notre vie est pratiquement en suspens et
nous nous concentrons exclusivement sur SP...Nous essayons d'apprécier
quelque chose chaque jour, même si ce n'est qu'une émission de TV
ou un film, un voyage vers le soleil ou la plage...
Dr A (LE NEUROLOGUE TRAITANT): Nous ne voulons pas prolonger
quantitativement la vie d'une personne si nous ne pouvons pas en
améliorer aussi la qualité...
Le diagnostic de la SLA entraîne inévitablement un pronostic
fatal. Bien qu'il n'existe pas de traitement susceptible de guérir, on
doit s'efforcer de permettre au patient de fonctionner le mieux possible et de
garder son indépendance à chaque stade de la maladie. Pour cela,
il faut soulager les nombreux symptômes qui se développent avec
le temps. 1 Les patients recevant un diagnostic de la SLA ont besoin de soins
palliatifs. Au sens large, ces derniers « visent à
prévenir, soulager, réduire et adoucir les symptômes de la
maladie ou du trouble sans aboutir à une guérison ». 2
Parce qu'aucun spécialiste ne peut prendre en charge la myriade de
problèmes qui se posent tandis que la maladie progresse, des
équipes multidisciplinaires sont essentielles pour assurer des soins
optimaux et complets. Pour les médecins, l'équilibre à
maintenir est délicat. Ils doivent gérer efficacement les
multiples symptômes tout en préservant la dignité et
l'autonomie des patients et en minimisant les peurs du patient et de la
famille. Au cours des tout derniers stades de la SLA, des technologies
invasives peuvent prolonger la vie des patients si ceux-ci le désirent,
mais la plupart ne le souhaitent pas. Participer à une recherche donne
aux patients un certain espoir: ils ont le sentiment de contribuer vitalement
à une meilleure compréhension de l'étiologie et du
traitement de la SLA.
En présentant le cas inhabituel d'un patient atteint de la SLA qui
est aussi un neurologue de renom spécialisé en soins de la SLA,
nous énumérons les problèmes que posent la gestion et les
soins palliatifs applicables à la SLA ainsi qu'à d'autres
maladies neurologiques progressives et fatales telles que la chorée
d'Huntington, la paralysie supra-nucléaire progressive et les derniers
stades de la maladie de Parkinson.
La SLA: Diagnostic, pronostic et étiologie
La sclérose latérale amyotrophique est une maladie
neurodégénérative progressive dont on ignore la cause et
la pathogenèse et que l'on ne peut pas
guérir.3
Elle se caractérise par une perte progressive des neurones moteurs.
Jusqu'à 80 % de ces neurones peuvent avoir disparu avant que
n'apparaissent les premiers symptômes
cliniques.4
L'incidence de la maladie est de 0,2 à 2,4 cas pour une population de
100 000. La maladie affecte plutôt les hommes que les femmes et les
blancs plutôt que les non
blancs.5 Elle
se déclenche habituellement vers le milieu ou la fin de la vie. Plus de
90 % des cas sont sporadiques. De 5 à 10 % des cas sont d'origine
familiale (et principalement autosomale dominante). 3 Parmi les cas de SLA
héréditaire, 15 à 20 % sont attribuables à la
mutation du gène SOD1 (bien que l'on ait détecté d'autres
mutations). 6 L'étiologie de la maladie reste inconnue, mais plusieurs
hypothèses plausibles font actuellement l'objet de
recherches.7-11
Le diagnostic peut s'avérer difficile dans les stades
précoces. Souvent, il ne s'élabore que de 9 à 11 mois12
et même plus13 après l'apparition des symptômes. Les
critères diagnostiques (mise à jour des critères d'El
Escorial,
http://www.wfnals.org)
réclament la présence de signes dans plus de 1 à 4
régions corporelles, des preuves de la
dégénérescence des nerfs moteurs des membres tant
supérieurs qu'inférieurs et une progression entre régions
ou à l'intérieur de celles-ci. Il n'existe pas de test de
diagnostic définitif. La survie moyenne est de 3 à 5 ans. De 8
à 16 % des patients survivent 10 ans sans ventilation assistée
prolongée
(LTMV).14
Avec la LTMV, la survie peut atteindre 15 ans ou
plus.15
Tant les symptômes d'apparition que l'évolution de la maladie
peuvent varier considérablement. Pour quelque 60 à 80 % des
patients, un affaiblissement des membres est le symptôme initial, comme
ce fut le cas pour le Dr SP. Comme le relèvent le Dr Rowland et ses
collègues,3
éprouver sans douleur des difficultés à boutonner un
vêtement ou à tourner une clé sont, au milieu de
l'âge adulte, des symptômes inquiétants. Bien qu'il
n'existe pas de stades typiques, l'affaiblissement devient plus
sévère et affecte avec le temps, plus de régions du
corps. Il s'accompagne peut-être de crampes musculaires et d'une perte
de poids. L'évolution est progressive sans période de
rémission. Les périodes de stabilité sont
rares.3
Presque tous les systèmes peuvent finalement être
impliqués, sauf le contrôle des sphincters et les mouvements
oculaires qui sont généralement épargnés, mais pas
toujours. Aux États-Unis, la plupart des patients ne souhaitent pas
utiliser la LTMV et meurent d'insuffisance respiratoire.
Comme pour toutes les maladies terminales, il est difficile de
prédire combien de temps un patient va survivre. Un
déclenchement à un âge avancé et le tableau
clinique à forme bulbaire sont cependant des facteurs pronostiques
négatifs.14,18
Aux stades avancés de la maladie, on estime que la perte des
capacités respiratoires représente un critère
d'éligibilité pour les soins palliatifs, car le pronostic est
dès lors de 6 mois ou
moins.19
Pour entamer une discussion sur les souhaits anticipés et pour
déterminer les préférences de traitement, on se base sur
l'évolution de la maladie chez l'individu, sur son état de
préparation et sur l'imminence d'une crise respiratoire.
Le riluzole constitue le seul traitement de la SLA approuvé par la
FDA (Administration pour les Denrées Alimentaires et les
Médicaments). Prescrit en dose de 50 mg deux fois par jour, il prolonge
la survie d'environ deux
mois.20 Les
neurologues apprécient la mise à disponibilité de ce
médicament homologué qui permet d'offrir un espoir aux patients
et rend le diagnostic plus tolérable. La fatigue est l'un de ses effets
secondaires fréquents avec une légère
élévation du niveau des enzymes hépatocytaires. Des
essais cliniques en cours testent actuellement d'autres
médicaments.
Élaboration du diagnostic de la SLA
DR SP (LE PATIENT): Je savais que le diagnostic de loin le plus probable
était celui de la SLA... J'avais accepté ce diagnostic avant de
le partager avec ma famille et mes amis.
Exploration des alternatives
Aux stades précoces, il se peut qu'il ne soit pas aisé de
poser un diagnostic de la SLA et le pourcentage de faux diagnostics
négatifs faits par des médecins généralistes est
élevé.21
Le neurologue chez qui le patient a été envoyé doit
d'abord déterminer si l'on a exclu toutes les maladies alternatives et
traitables, notamment la myélopathie spondylitique, la maladie de Lyme
et la neuropathie motrice
multifocale.22
Pour cela, une intervention chirurgicale, comme dans le cas du Dr SP, ou
d'autres procédures invasives et coûteuses peuvent
s'avérer
nécessaires.23,24
Si, face à une maladie incurable et fatale comme la SLA, d'autres
options diagnostiques plausibles existent, nous croyons que ces efforts sont
justifiés.
Annonce du diagnostic
Comme le notent le Dr McCluskey et ses
collègues25,
« annoncer un diagnostic de la SLA est une tâche monumentale
». Dans leur sondage épistolaire de 94 paires patients-soignants,
50 patients et 19 soignants (soit seulement 44 % des patients et 52 % des
soignants) ont estimé bonne ou excellente la manière avec
laquelle le médecin a annoncé la nouvelle. Parmi les autres
problèmes signalés par les participants au sondage, citons le
fait de ne pas avoir mentionné la gestion des symptômes, les
organisations d'aide aux patients atteints de la SLA ou les essais cliniques
en cours. Comme pour toutes les maladies graves, quand le diagnostic est
prononcé, un parent ou un ami doit être présent et, avant
d'aller plus loin, le médecin doit déterminer ce que le patient
sait déjà ou ce à quoi il s'attend. Il est essentiel que
le message du médecin soit ressenti comme positif et qu'il soit
présenté avec délicatesse et
compassion.26-30
Voici ce qu'il faut notamment communiquer: la SLA n'est pas contagieuse, nous
pouvons gérer pratiquement tous les symptômes dès qu'ils
se présentent, les ressources éducatives ne manquent pas. Le
patient et sa famille ont besoin d'entendre affirmer avec certitude que l'on
peut beaucoup pour assurer bienêtre et soins, que les décisions
seront prises en commun et que le médecin sera toujours à leur
disposition. Les patients et les parents qui les accompagnent ne se
souviendront peut-être pas de tous les détails qui leur seront
présentés en ces circonstances, mais ils n'oublieront jamais le
ton et le message sous-jacent. Ce dernier doit être un message d'espoir
et de réassurance de soins constants plutôt que de
désespoir et
d'abandon.30
Le tableau 1 propose quelques suggestions et des exemples de conversations
basées sur notre expérience clinique.
Le neurologue devrait prévoir une réunion de suivi dans les
quinze jours. À ce moment-là, les échanges pourront se
concentrer sur la gestion des premiers symptômes et passer en revue les
problèmes à anticiper (p. ex. les mesures de précautions
à prendre dans la maison). Il convient aussi de fournir des
renseignements spécifiques, de la documentation écrite, des
références à des groupes de soutien et à des sites
Internet (pour des ressources complémentaires, consulter le site
http://www.jama.com).
On peut aborder aussi les questions concernant les souhaits anticipés
et les problèmes de fin de vie.
Dans le cas du Dr SP, le diagnostic était au départ incertain
et une série d'interventions chirurgicales ont été
réalisées. Ces procédures n'ayant pas produit d'effets,
le patient lui-même a posé un diagnostic de la SLA et s'est
ensuite rendu, pour une évaluation, chez un neurologue
spécialisé en soins de la SLA. En fait, voici ce qu'il a dit:
« J'ai prévenu le neurologue que je pensais être atteint de
la SLA. Je voulais qu'avant de me voir, il se sente à l'aise pour
m'examiner en tant que patient. » Après confirmation du premier
diagnostic, le Dr SP a été dirigé vers un centre SLA
multidisciplinaire où il a reçu des soins constants.
Rôle de la clinique et de l'équipe interdisciplinaire
TP (L'ÉPOUSE DU PATIENT): Quand nous visitons le centre SLA, il est
reçu par le kinésithérapeute...
l'ergothérapeute... l'infirmière... et le médecin. Ils
examinent ses médicaments et testent sa force. Ils lui annoncent ce qui
se profile à l'horizon de la recherche portant sur la SLA. Un
travailleur social aura une entrevue avec lui et/ou moi. L'orthophoniste aura
un entretien avec nous... Le diététicien nous verra et il le
pèsera. Le kinésithérapeute à orientation
respiratoire évaluera sa capacité respiratoire. Tous sont
très, très méticuleux.
Clinique SLA interdisciplinaire
Des centres et des cliniques spécialisés en SLA peuvent
fournir des soins complets qui prennent en charge divers problèmes
allant des préoccupations purement médicales aux
considérations psychosociales, financières et de
planification.31,32
On trouve en Amérique du Nord 76 cliniques SLA multidisciplinaires
certifiées par des organisations bénévoles telles que
l'ALS Association et la Muscular Dystrophy Association (qui comprend une
division SLA). Aux Pays-Bas, une comparaison entre soins multidisciplinaires
et soins généraux a relevé que les patients pris en
charge par une équipe multidisciplinaire avaient plus de chance de
recevoir des soins et des dispositifs adéquats. Leurs indices de
fonctionnement social et de santé mentale étaient nettement plus
élevés.33
On a utilisé une base de données américaine sur les
soins multidisciplinaires de la SLA pour comparer plus de 6 000 patients avec
111 patients ayant reçu des soins en ville et décrit leurs
expériences via un registre basé sur
Internet.32
Les patients ne recevant pas de soins multidisciplinaires ont reçu
moins de traitements symptomatiques (p. ex. 3 % des patients ont reçu
une thérapie contre l'excès de salive versus 32 % dans les
cliniques multidisciplinaires; 5 % des patients ont reçu un traitement
contre la paralysie pseudo-bulbaire versus 24 % dans les cliniques
multidisciplinaires). Les patients soignés en ville rapportent des taux
plus élevés d'annonce brutale de diagnostic (46 % versus 2
%).32 Dans
l'ensemble, on associe les soins prodigués dans les cliniques
multidisciplinaires à une meilleure qualité de vie, car ils
allègent les
symptômes34
et peuvent prolonger la
survie.35
L'équipe multidisciplinaire peut inclure un neurologue
spécialisé dans les soins de la SLA, une infirmière
spécialisée dans les soins de la SLA, un
kinésithérapeute (qui aide à gérer la
spasticité), un ergothérapeute, un diététicien, un
orthophoniste (qui explique et commande les appareils de communication), un
pneumologue ou un kinésithérapeute à orientation
respiratoire, une assistante sociale, un coordinateur des services offerts au
patient par des associations de bénévoles, un coordinateur de
recherches, un professionnel de la santé mentale, un
gastroentérologue, un radiologue interventionniste, un orthotiste (qui
évalue, sélectionne et fabrique des orthèses
personnalisées) et un prothodontiste (qui évalue et fabrique une
orthèse palatine pour améliorer l'élocution nasale).
Encadré 1. Sur la base de l'expérience clinique des
auteurs, voici les mots qu'il faut dire.
Présentation du diagnostic: comment annoncer la nouvelle
« Tout bien considéré, le diagnostic le plus probable
est celui de la SLA [sclérose latérale amyotrophique], bien que
nous ne disposions pas de test de laboratoire pour confirmer de manière
définitive ce diagnostic. » « Aux États-Unis, la SLA
s'appelle souvent maladie de Lou Gehrig ou maladie des neurones moteurs. C'est
une maladie neurodégénérative comme la maladie
d'Alzheimer ou de Parkinson. Elle survient chez des adultes en bonne
santé. Elle provoque une paralysie progressive des muscles du corps.
Malgré des années de recherche, nous n'en connaissons pas la
cause et nous ne pouvons pas la guérir. Cela ne signifie pas qu'on ne
peut rien faire. Dans un centre SLA, nous pouvons faire beaucoup pour soigner
cette maladie. » « Vous pouvez m'appeler ou appeler n'importe quel
membre de mon équipe à n'importe quelle heure. Nous allons
garder des contacts très étroits. »
Pronostic
Le pronostic varie d'un individu à l'autre. Environ 50 % des
patients meurent dans les 3 à 4 ans qui suivent l'apparition des
symptômes. Chez 10 à 20 % des patients, la survie dépasse
les 10 ans. Très peu de patients survivent au-delà de 20 ans. Un
certain nombre de facteurs sont associés à une progression lente
de la maladie. » (Il est utile de détailler certains de ces
facteurs associés avec un meilleur pronostic.)
Expliquer la gastrostomie endoscopique percutanée (GEP)
« Les soins nutritionnels sont très importants. En fait, vous
allez peut-être brûler plus de calories qu'avant parce que vous
allez utiliser plus de muscles qu'avant pour mener à bien des
activités de routine. Vous allez peut-être remarquer des crampes,
des raideurs et des contractions musculaires. Tout cela consomme un
supplément d'énergie. En plus de faire bouger votre corps, vos
muscles emmagasinent l'énergie dont le corps a besoin rapidement. En se
détériorant, les muscles n'emmagasinent plus autant
d'énergie. En vous pesant chaque semaine, vous évaluerez mieux
les besoins en calories de votre corps. »
« Utiliser une sonde gastrique réduit le temps consacré
au repas, qui peut prendre une heure ou plus. Certains patients cessent de
manger parce que cela les fatigue trop. Une sonde gastrique fournit tous les
aliments dont vous avez besoin et peut même restaurer le poids perdu.
C'est important parce que la perte de poids est associée à une
réduction des capacités respiratoires et à une survie
écourtée. »
« La GEP comporte des risques: infections à l'endroit
où la sonde est posée, modification de la forme corporelle et
diarrhée ou constipation qui peuvent ne pas rester transitoires. Une
sonde gastrique est encombrante. Avec la perte du mouvement des mains, on a
besoin d'un assistant à chaque repas. Vous pouvez refuser ce mode
d'alimentation. Vous ne risquez pas de vous affamer. Votre corps s'adaptera et
vous ne ressentirez pas la faim. Cependant, beaucoup de patients ont dit:
`Pourquoi n'ai-je pas demandé qu'on le fasse plus tôt?'
»
Recommander la ventilation non invasive
« Beaucoup de dispositifs d'appui peuvent grandement aider votre
respiration. Respirer sans assistance peut réduire votre énergie
et vous empêcher de dormir pendant la nuit. L'un de ces dispositifs est
un ventilateur à pression positive non invasif. Il est muni d'un masque
qui s'adapte facilement à votre visage. Vous vous sentirez plus
énergique et vous dormirez mieux. »
Expliquer la trachéostomie et la ventilation assistée
prolongée.
« Le moment venu, vous aurez peut-être besoin d'une assistance
supplémentaire pour respirer. Vous pourriez envisager une
trachéostomie et une ventilation assistée prolongée.
Cette décision implique toute votre famille et demande une
évaluation mûrement réfléchie. »
« Avec une trachéostomie et la ventilation assistée
prolongée, respirer devient plus facile. Une pneumonie par aspiration
devient moins probable et la durée de survie s'allonge. Ce dernier
avantage peut avoir de l'importance pour ceux qui ont des objectifs
spécifiques à atteindre. »
« En progressant, la maladie peut induire dans un « syndrome
d'enfermement » (« locked-in state ») et rendre impossible
la communication. Certains patients, qui peuvent s'exprimer avant la
procédure, ne sont pas affectés par celle-ci, mais d'autres ne
peuvent plus parler après une trachéostomie. Pour enlever les
sécrétions, une aspiration mécanique fréquente est
nécessaire. Cette procédure, qui est essentielle, cause une
suffocation transitoire et un inconfort. Très peu de patients souffrent
d'infection ou de saignement. Chez ceux ayant un ballonnet à haute
pression dans les voies respiratoires, des lésions de la muqueuse
trachéale peuvent survenir de façon rare. Les frais
d'équipement et de soins à domicile non couverts par les
assurances sont élevés. Manipuler les équipements en
respectant les procédures demande beaucoup d'effort de la part des
soignants. Le dispositif exige la mise en place permanente, au niveau du cou
et sur la voie respiratoire supérieure, d'un tube qui est constamment
relié à une machine. Pour que le patient puisse se
déplacer, des modèles portables sont disponibles.
« Il vaut mieux prendre cette décision longtemps avant que
vous n'en ayez soudainement besoin de sorte que votre famille sache quels sont
vos souhaits. Nous pouvons vous fournir beaucoup d'information et vous
prêter une vidéo qui vous donnera une meilleure idée de ce
à quoi peut ressembler l'expérience. Si vous trouvez que la
ventilation assistée prolongée n'est pas une option acceptable,
vous avez légalement le droit de l'arrêter. Vous devriez
rédiger une directive préalable pour nous informer des
circonstances dans lesquelles vous souhaitez ne pas continuer 1a
ventilation.
Recommander les soins palliatifs
« Je souhaiterais pouvoir utiliser les soins palliatifs
aussitôt que possible et de préférence dès que le
diagnostic de la SLA est posé, mais les réglementations en
matière de soins palliatifs ne le permettent pas. Les soins palliatifs
sont couverts par Medicare et offrent les meilleurs soins et soutien. Les
services à domicile comprennent des visites par une infirmière,
un travailleur social ou un aumônier, certaines prestations de soins de
santé à domicile et un numéro d'assistance
médicale permanente. Nous travaillons avec l'équipe des soins
palliatifs parce que nous prenons en charge, non seulement le maintien de vos
fonctions vitales et de votre qualité et dignité de vie, mais
aussi votre bien-être physique. »
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Souvent 5 ou 6 spécialistes différents voient le patient au
cours de la même visite. Le processus de détérioration est
parfois plus rapide que ne l'anticipent le patient et la famille. Des
professionnels de la santé peuvent les aider à identifier ces
changements et à s'y adapter. Des membres du personnel soignant peuvent
aider les patients à obtenir une couverture que les compagnies
d'assurance leur refusent dans un premier temps et à négocier
les meilleurs soins possibles. Le travailleur social ou un membre du personnel
proche du patient ou du soignant peut prendre en charge des besoins
psychosociaux ou spirituels, tels que le deuil anticipatoire. Après
l'admission en soins palliatifs, des conseillers pastoraux sont disponibles
pour des visites à domicile.
Nature progressive de la SLA: gestion des symptômes
DR A (NEUROLOGUE TRAITANT): Toutes les méthodes que nous
recommandons ont pour but d'assurer aussi bien la qualité de vie que la
durée de la survie. En raison de ses connaissances sur l'importance de
la nutrition, le Dr SP continue de surveiller soigneusement son poids et il
fait attention à ne pas perdre du poids. Il doit beaucoup à sa
famille... qui passe plusieurs heures par jour à l'alimenter. C'est la
raison pour laquelle il a accepté de se faire poser une sonde de
gastrostomie endoscopique (PEG), car cela lui permettra... de libérer,
pour lui-même et sa famille, un temps précieux qu'il ne passera
pas à se nourrir.
Dès l'apparition des symptômes, il faut rassurer les patients
en insistant sur le fait que de nombreuses solutions ont été
conçues pour remédier aux problèmes auxquels ils doivent
faire face et qui peuvent évoluer. Ces symptômes dont l'ordre
d'apparition n'est pas déterminé comprennent notamment:
faiblesse des
membres16,
crampes,4
spasticité,36
douleur,37
dysarthrie, sialorrhée, 38 fatigue et
insomnie,39
dépression,10,40,41
angoisse et anxiété, troubles involontaires de l'expression
émotionnelle,39,42
constipation,
aspiration,43
et spasmes
laryngés.44
Troubles cognitifs On pensait généralement que la SLA
n'affectait pas la mémoire ni les capacités
cognitives,45
mais près de la moitié des patients atteints de la SLA peuvent
présenter au moins un trouble cognitif
léger.46
Des troubles de la fonction lombaire frontale ont été
rapportés dans une proportion allant de 28 % à 48 % des patients
atteints de la
SLA.47 On
associe plus particulièrement avec la SLA48 les démences
fronto-temporales dont le diagnostic repose sur les critères de Neary.
Ce diagnostic est compliqué à poser, car ces critères
incluent la perte précoce du discernement, la rigidité mentale
et d'autres
caractéristiques49
qu'affecte l'ensemble des handicaps associés à la SLA (dont, par
ex., l'incapacité de parler ou d'écrire). Bien qu'aucun
traitement ne soit disponible, il est crucial d'identifier la démence
frontotemporale, car sa présence peut influencer de manière
significative les capacités du patient à prendre des
décisions en matière de
traitement.50
S'agissant des interventions qui aideront le patient à supporter les
symptômes de la maladie, les décisions à prendre sont
presque toujours évidentes. En revanche, la gestion de l'insuffisance
nutritionnelle grâce à une alimentation entérale et la
gestion de l'insuffisance respiratoire grâce à une ventilation
non invasive ou à une ventilation assistée prolongée
(LTMV) sont plus complexes, plus lourdes de conséquences et peuvent
s'avérer discutables. Les patients peuvent choisir de repousser
à plus tard la pose d'une sonde endoscopique d'alimentation
entérale ou peuvent refuser catégoriquement cette intervention.
De même, bien que, selon notre expérience, la plupart des
patients acceptent la ventilation non invasive, la ventilation assistée
prolongée soulève plus de problèmes. La progression
rapide de la SLA peut rendre difficiles, pour les patients et les familles,
les adaptations aux nouvelles décisions de traitement, mais retarder la
planification préalable des soins peut diminuer l'efficacité de
certaines interventions ou les rendre impossibles à réaliser
(par ex., la pose d'une sonde d'alimentation entérale après la
détérioration respiratoire). La difficulté que rencontre
le médecin est de s'assurer que le patient reçoive le traitement
convenable sans exercer, sur la famille et le patient, une pression qu'ils ne
sont pas prêts à accepter. Soins nutritionnels et alimentation
entérale. Une nutrition et une hydratation correctes sont essentielles
pour le bien-être et bien entendu, la
survie.51
Les difficultés d'alimentation sont souvent associées à
une perte de poids et elles posent souvent des problèmes pour les
patients atteints de la SLA. Avec l'augmentation des difficultés de
déglutition, chaque repas peut prendre plus d'une heure et la prise
orale de médicaments peut également poser des problèmes.
D'après notre expérience, la pose d'une sonde d'alimentation
entérale (PEG) réduit les difficultés rencontrées
par les patients ou le personnel soignant. Ainsi, une quantité plus
importante de calories peut être consommée, ce qui
améliore l'état de santé et la résistance. En se
basant sur des données médicales factuelles, les directives
pratiques de l'Académie américaine de neurologie (American
Academy of
Neurology),52
recommandent que l'alimentation entérale soit envisagée pour les
patients présentant une dysphagie et une perte de poids, et ceci, bien
que de nombreux neurologues s'y
opposent.53,54
Des amorces d'une discussion sur la pose d'une sonde PEG sont
présentées dans le tableau 1. Une sonde PEG peut être
placée en toute sécurité lorsque la capacité
respiratoire est au-dessus de 50 % par rapport à la valeur
théorique.52
Aucun essai randomisé n'a été effectué en vue de
mettre en évidence le prolongement de la survie grâce à la
sonde PEG, mais la malnutrition est un facteur de risque indépendant
résultant en un bon pronostic pour la
SLA.14,55
Au cours d'une étude réalisée sur 55 patients, il a
été démontré qu'un indice de masse corporelle
faible augmentait le risque de
décès.51
Le Dr SP a opté pour une sonde PEG, comme il l'a rapporté dans
son entretien médical.
Dyspnée. L'essoufflement apparaît lorsque les muscles
respiratoires s'affaiblissent. Ce symptôme peut être
présent au départ ou se développer des années
après, d'abord au moment de l'effort, puis en position allongée.
Plus tard, il peut provoquer ou accroître l'insomnie. Lorsque les
difficultés respiratoires commencent à perturber le sommeil du
patient ou lorsque la capacité vitale forcée décline
fortement (habituellement à moins de 50 % de la valeur
théorique), on recommande, en général, la ventilation non
invasive.52
Depuis récemment, on trouve plus fiable de mesurer la pression
inspiratoire
maximum56 ou
la pression de reniflement57 que la capacité vitale forcée.
D'après notre expérience, presque tous les patients sont
d'accord pour essayer la ventilation non invasive quand on leur conseille de
le faire. Parfois, certains patients présentant un grave
dysfonctionnement bulbaire ne peuvent tolérer cette méthode et
d'autres ne se servent pas de l'équipement installé à
leur intention. Des études longitudinales prouvent que la ventilation
non invasive peut prolonger la vie d'environ 12 à 18
mois58 et
améliore la qualité de la vie en diminuant l'essoufflement, en
améliorant le sommeil et en augmentant la vivacité mentale et
l'énergie nécessaire à l'implication dans des
activités
sociales.59
Une étude randomisée a montré que, par rapport aux soins
ordinaires,58
la ventilation non invasive a allongé d'au moins trois mois la
période pendant laquelle les scores de qualité de vie sont
restés au-dessus de 75 % de la ligne de départ. Dans une
étude d'observation basée sur un étalonnage
standardisé de la qualité de vie, les scores obtenus ont,
après l'installation d'une ventilation non invasive et malgré la
progression de la maladie, augmenté de près de 25 %, et ce, pour
16 patients par rapport à un groupe de contrôle de 11 patients
ayant refusé la ventilation non
invasive.60
À un stade plus avancé de la maladie, le traitement visant
à prolonger la survie nécessite une trachéostomie et une
ventilation assistée prolongée, Cette dernière permet de
soutenir indéfiniment la respiration, même quand la maladie
continue, sans relâche, à
progresser.61
La ventilation assistée prolongée est présentée
plus en détail ci-dessous.
Encadré 2. Coûts approximatifs de diverses interventions
destinées aux patients atteints de la sclérose latérale
amyotrophique (*)
Coûts associés à la gastrostomie entérale
percutanée Alimentation
Consultation chez un gastroentérologue: 500 USD
Procédure: de 2 200 à 2 400 USD
Une journée d'hôpital: 3 950 USD
Aliments (6 boîtes de 236 ml d'Ensure Plus): 260 USD par mois
Location d'une pompe entérale: 560 USD par mois
Aides respiratoires
Ventilateur non invasif: 6000 USD
Ventilateur volumétrique: 18 000 USD
Oxymètre de pouls: 1 200 USD
Moniteur d'apnée: 4 600 USD
Appareil d'aspiration: 375 USD
Insuffateur: 6 500 USD
Aides à la motricité
Fauteuil roulant manuel: 600 USD
Fauteuil électrique traditionnel: 5 000 à 8 000 USD
Fauteuil électrique sophistiqué: 10 000 à 40 000
USD
Ascenseur mécanique Hoyer: 1 000 USD
Aides à la communication
Dispositif d'aide
Traditionnel: 200 à 1 500 USD
Sophistiqué: 4 000 à 15 000 USD
Médicaments
Riluzole, 50 mg per os deux fois par jour: 550 USD par mois
Assistance médicale à domicile
Infirmière diplômée: 50 à 75 USD par heure
Infirmière auxiliaire: 35 à 45 USD par heure
Aide médicale à domicile: 15 à 20 USD par heure
(*) Ces coûts sont basés sur les données fournies en
2007 par des représentants commerciaux situés dans la
région de New York City. Les frais peuvent varier en fonction de la
situation géographique. Pour les articles mentionnés, les
couvertures d'assurance peuvent également varier.
|
|
Impact de la SLA sur les prestataires non officiels de soins, la famille et les amis
TP (FEMME DU PATIENT): Cette famille se rassemble et se serre les coudes.
Les enfants sont merveilleux. Nous sommes une famille très
soudée. La situation de SP nous y a amené.... Nous avons mis
notre vie en suspens et nous portons toute notre attention sur SP.
WP (FILS DU PATIENT): Je suis heureux que ma famille ait eu assez d'argent
et d'avoir pu revenir à la maison. Je n'ai pas eu besoin de trouver un
deuxième emploi pour subvenir aux besoins de ma famille. Je peux passer
la plupart de mon temps, non seulement à aider [mon père], mais
aussi à rester tout simplement à ses côtés.
Responsabilités des personnes prodiguant des soins. Toute personne
prodiguant des soins à des patients gravement malades ou atteints de
conditions médicales ou d'une démence, doit répondre
à des demandes
complexes.62
Aucun soignant ne se trouve dans des situations plus difficiles que celui qui
prend en charge des patients atteints de la SLA. Lorsque la maladie progresse,
les patients atteints de la SLA ont besoin de plus en plus d'assistance pour
pratiquement toutes les activités
quotidiennes.63
En outre, leur capacité à communiquer diminue et les demandes
physiques imposées par leurs soins deviennent plus onéreuses en
même temps qu'on ne peut sans risque les laisser
seuls.64 Le
foyer doit subir des modifications radicales, et, si la situation
financière le permet, les membres de la famille peuvent devoir
s'arrêter de travailler pour leur apporter des soins. Paradoxalement, le
membre de la famille qui dispose d'une assurance santé ne peut pas
s'arrêter de travailler quand l'assurance santé de la famille
dépend de l'activité professionnelle. Bien qu'elles aient
elles-mêmes besoin de soutien, les personnes désireuses de
prodiguer des soins, peuvent se voir incapables — ou décident de
refuser — de participer à des groupes ou à des
activités de soutien psychologique afin de rester à la maison
avec le patient. Même avec le renfort d'une assistance
rémunérée, on estime que les personnes qui prodiguent des
soins passent en moyenne 11 heures par jour avec le patient atteint de la
SLA.65
Fardeau émotionnel. Dans des études sur les patients atteints
de la SLA et les dispensateurs de soins, les facteurs associés de
manière indépendante au fardeau émotionnel perçu
sont le niveau du handicap du patient et la durée de la maladie (qui
sont eux-mêmes liés). Ces facteurs ne sont pas toujours
soulagés par la participation à des groupes de soutien ou au
nombre de personnes capables de remplacer les dispensateurs de
soins.63 Une
autre étude a montré que la mesure globale du niveau de
détresse des dispensateurs de soins allait à la longue en
augmentant et qu'elle se trouvait exacerbée par les difficultés
émotionnelles du patient, par le nombre d'autres personnes se trouvant
à leur charge ainsi que par les remarques négatives (ou
critiques) émanant de leurs
connaissances.66
Les dispensateurs de soins qui mentionnent un fardeau émotionnel plus
important rapportent également souffrir de symptômes de
dépression, même si une dépression clinique claire se
révèle
exceptionnelle.63,67
Impact du patient sur le dispensateur de soins. A la différence des
patients atteints de la maladie d'Alzheimer dont les dispensateurs de soins
ont fait l'objet de nombreuses études, les patients souffrant de la SLA
retiennent une capacité d'appréciation des soins qui leur sont
dispensés. Ils expriment leur affection et savent s'impliquer dans leur
vie et leurs relations aux autres, même si cela se fait de
manière silencieuse ou immobile. La charge des dispensateurs de soins
peut s'en trouver profondément allégée quand les patients
sont particulièrement satisfaits des soins. Souvent, ceci est
relié à l'appréciation du patient à l'égard
de la personne qui s'occupe de
lui.68,69
Aspects financiers et fardeau représenté par les soins. Les
dépenses de leur propre poche sont très élevées
pour les familles de patients atteints de la SLA. Les coûts d'une
ventilation assistée et des soins 24 heures sur 24 peuvent atteindre
200 000 USD par an (Tableau
2).61,70
Pour ceux qui ne disposent pas d'une assurance pharmaceutique, les coûts
à payer de leur poche pour le riluzole se chiffrent à environ
$550 USD par mois pour une survie allongée de 2 mois
supplémentaires en moyenne.
L'objectif du maintien, le plus longtemps possible, de la qualité de
vie du patient et de son autonomie à la maison nécessite un
équipement coûteux et des modifications du foyer: fauteuils
roulants électriques, lits rotatifs, chaises à inclinaison
automatique, ascenseur mécanique, équipement informatique
spécialisé, véhicule équipé de
contrôles manuels et fourgonnette équipée d'un
élévateur et d'une rampe. Bien que la plupart de ces articles
soient pris en charge par les assurances, les dépenses personnelles
peuvent s'élever à plusieurs milliers de dollars par an. Le
Tableau 2 présente les coûts des équipements et des
services offerts par les prestataires de la région de la ville de New
York. C'est la police d'assurance qui détermine l'étendue de ce
qui est pris en charge. Il est crucial qu'une équipe
expérimentée en soins SLA fournisse aux patients et à
leurs familles des conseils en matière d'utilisation efficace de leur
couverture d'assurance. L'Association de la dystrophie musculaire (Muscular
Dystrophy Association) et les associations de la SLA peuvent apporter un
soutien dans la mesure de leurs capacités.
Soutien de l'équipe professionnelle
DR A: Je tiens à signaler que tout travail avec ce type de patient a
toujours été difficile... car, dans cette
spécialité, toutes les personnes atteintes de la maladie
finissent par mourir.... Je rends un vibrant hommage également aux
groupes de soutien qui travaillent avec notre personnel... J'ai l'impression
d'être engagé dans un effort de longue haleine et je tiens
à économiser mon énergie ainsi que celle de mon
équipe.
Le Dr A met en évidence les facteurs de stress du personnel et les
stratégies d'adaptation permettant d'éviter l'épuisement.
Il est important d'accepter sa propre vulnérabilité face
à l'épuisement et de reconnaître les signes de
stress.71
Philosophie de groupe, soutien en équipe et stratégies
collectives d'adaptation sont des facteurs significatifs pour le maintien d'un
sentiment de compétence et de motivation parmi les membres du
personnel. Ceux qui se spécialisent dans les soins pour patients
atteints de la SLA connaissent souvent leur patient depuis plus longtemps que
les spécialistes des soins palliatifs. Ainsi, lorsqu'un patient atteint
de la SLA décède, les professionnels de la SLA peuvent ressentir
très profondément un sentiment de
perte.72
Trachéostomie et ventilation assistée prolongée
DR A: Très souvent les patients ne sont pas capables de prendre
cette décision [de prolonger leur vie au moyen d'un système de
ventilation assistée prolongée]... Pour la plupart de mes
patients qui ont dû prendre cette décision, la situation s'est
avérée plus facile à gérer, car à ce point
ils étaient si handicapés par la maladie qu'ils étaient
prêts à franchir le pas. Il ne s'agit pas en
général d'une décision difficile.
Encadré 3. Amorces des discussions en vue d'aborder avec des
patients atteints de la sclérose latérale amyotrophique les
problèmes de fin de vie, y compris le pronostic, les directives
préalables et les soins palliatifs (*)
Le patient ou la famille demande—ou manifeste un intérêt
pour—des renseignements et des interventions concernant la fin de vie
(spontanément ou de manière provoquée, verbalement ou
non)
Sévère détresse psychologique, sociale ou spirituelle
ou bien souffrance réclamant de fortes doses de médicaments
analgésiques
Dysphagie réclamant une sonde gastrique d'alimentation
Dyspnée ou symptômes d'hypoventilation ou une capacité
vitale forcée de 50 % de la valeur théorique ou moins
Perte de fonctions dans 2 régions corporelles (dont la région
bulbaire, les bras et les jambes)
(*) Sur la base du consensus exprimé par 20 experts en soins de la
SLA
|
|
Dans le cas de la SLA, la capacité respiratoire finit par devenir
défectueuse, même avec une ventilation non invasive. Les patients
et les familles doivent alors décider d'une intervention pour installer
un système de ventilation assistée prolongée (LTMV). Et
une planification précoce est essentielle si on veut éviter une
trachéostomie réalisée en urgence dans des conditions de
crise. Avec une ventilation assistée prolongée, les patients
peuvent à la longue atteindre un « état d'enfermement
» dans lequel ils ne sont plus du tout capables de
communiquer.15
Il se peut que, dans cette situation, ils désirent interrompre la
ventilation, mais, à moins que cela n'ait été clairement
spécifié à l'avance; les décisions à
prendre sur la démarche à suivre peuvent se
révéler vraiment problématiques.
La prévalence de la ventilation assistée prolongée est
influencée par les attitudes des médecins, les couvertures
d'assurance (publique ou privée), et les normes culturelles (par ex. si
c'est le médecin, le patient ou la famille qui décide), si bien
que cette prévalence varie beaucoup entre les pays ou au sein du
même
pays.73 En
Amérique du Nord, refuser les procédures visant à
maintenir en vie le patient (comme la ventilation assistée
prolongée dans le contexte d'une insuffisance respiratoire) est
à la fois légal et considéré comme respectant le
droit de choisir du patient en vertu du principe éthique d'autonomie.
Il en est de même pour le droit d'interrompre ces mêmes
procédures de maintien de la vie. Une étude
réalisée aux États-Unis (n = 1458) a
révélé un taux d'utilisation du système de
ventilation assistée prolongée de 2
%,34, alors
qu'en Angleterre (n = 50) un échantillon a mis en évidence un
taux de 0 % au moment où l'assurance de sécurité sociale
ne couvrait pas la ventilation au
foyer.74 En
Allemagne, une étude de 121 patients rapporte un taux de 3
%.74 Au
contraire, dans une étude réalisée au Japon en 2004, le
taux de ventilation assistée prolongée était de 27
%.31 Au
Japon, le taux semble en voie d'augmentation, peut-être en raison des
considérations financières (le gouvernement japonais couvre tous
les coûts de ventilation assistée prolongée), du soutien
des médecins pour la ventilation assistée prolongée, de
la pression sociale de l'Association de la SLA japonaise et de
l'évolution des attitudes culturelles des Japonais par rapport à
l'annonce de la vérité et à la mort. Traditionnellement
et au moins jusqu'à une époque récente, les patients
japonais et leurs familles attendaient que le médecin décide du
choix des stratégies et des
traitements.31,75
Encadré 4: Critères de Medicare pour l'admission en soins
palliatifs des patients atteints de la sclérose latérale
amyotrophique
Les patients doivent répondre à au moins un des
critères suivants
1. Capacité respiratoire gravement compromise attestée par
tous les symptômes suivants:
Capacité vitale forcée de moins de 30 % de la valeur
normale
Dyspnée au repos
Le patient refuse la ventilation assistée
2A. Le patient affiche une progression rapide aussi bien de la
sclérose latérale amyotrophique que des troubles de la fonction
nutritionnelle
Une progression rapide du stade ambulatoire à la chaise roulante ou
au lit
Une progression de l'expression normale à une élocution
à peine intelligible
Une progression d'un régime normal aux aliments en purée
Un besoin d'assistance dans toutes les activités de la vie
quotidienne
2B. Un trouble grave de la fonction nutritionnelle attesté par tout
ce qui suit:
Ingestion par voie orale d'aliments et de boissons ne suffisant pas
à maintenir le patient en vie
Perte constante de poids
Déshydratation ou hypovolémie
Absence de méthodes d'alimentation artificielle suffisante pour
maintenir le patient en vie, mais pas pour assouvir sa faim
3. Le patient doit afficher une progression rapide aussi bien de la
sclérose latérale amyotrophique que d'au moins une des
complications mortelles suivantes:
Pneumonie d'aspiration récurrente
Escarre de décubitus
Fièvre récurrente après prise d'antibiotiques
Incapacité à maintenir un apport en fluides et en calories
avec perte de poids de 10 % au cours des derniers six mois ou une
sérumalbumine inférieure à 2,5 g/dl
Pour des informations spécifiques, consulter
http://www.umd.nycpic.com/cgi-bin/bookmgr/bookmgr.exe/BOOKS/M984/?FRONT
|
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Les taux de ventilation assistée prolongée varient beaucoup
au sein d'un pays également. Une étude menée au
début des années 90 aux États-Unis a mis en
évidence que le pourcentage de patients atteints de la SLA recevant une
ventilation assistée prolongée dans différents centres de
traitement allait de 1,4 % à 14 % et ce taux était
associé aux attitudes des médecins vis-à-vis de son
utilisation.76
Cependant, les trachéostomies ne sont pas toutes planifiées ou
volontaires. En fait, Moss et ses
collègue77
jugent qu'une minorité seulement des personnes recevant un traitement
par ventilation assistée prolongée font ce choix à
l'avance. Dans leur étude de 50 patients assistés par
ventilation assistée prolongée, moins de la moitié en
avait fait le choix précocement. Dans un sondage allemand, 66 % des
patients ayant reçu une ventilation assistée prolongée
ont subi une intubation d'urgence et 81 % n'ont fourni aucun formulaire de
consentement éclairé pour cette
procédure.78
Dans une étude longitudinale portant sur 80 patients atteints de la SLA
dont l'espérance de vie ne dépassait pas 6 mois et qui
étaient soignés dans notre propre clinique, 14 sur 80 (18 %) ont
reçu, de manière programmée, une ventilation
assistée prolongée. Ce taux particulièrement
élevé pourrait être dû en partie au fait qu'ils ont
été recrutés dans l'étude à des stades
avancés de leur maladie.70 Après la trachéostomie, 50 %
des patients ont mentionné, comme circonstances susceptibles de les
amener à souhaiter cesser le traitement, l'admission dans une maison de
soins infirmiers, un internement ou la démence. Dans une étude
prospective, Albert et ses
collègue79
ont montré que les patients atteints de la SLA exprimaient clairement
des préférences en faveur de ou contre la trachéostomie
et la ventilation assistée prolongée, et ce, bien avant le point
de crise. L'étude a montré aussi que ces
préférences étaient associées aux résultats
réels.
Bien qu'aucune recherche n'ait exploré, chez les patients atteints
de la SLA, les différents aspects du compromis imposé par le
choix ou le refus de la ventilation assistée prolongée, des
scénarios hypothétiques ont étudié, chez des
patients plus âgés et gravement malades, les
préférences en matière d'acceptation ou de rejet d'un
traitement.80
Bien que 99 % choisiraient un traitement léger avec retour à
l'état de santé actuel, la plupart préféreraient
mourir plutôt que survivre en ayant à supporter, après un
traitement, de graves difficultés fonctionnelles et cognitives,
même si le traitement luimême n'avait rien de pénible. Dans
une autre
étude81
menée dans une communauté regroupant personnes valides et
malades en phase terminale, on a proposé 5 états de santé
hypothétiques aux participants en leur demandant d'indiquer leurs
préférences en matière de maintien de la vie. Dans
l'ensemble des groupes, le traitement a été refusé
lorsque le résultat hypothétique était
considéré comme pire que la mort. Dans les deux études,
la définition d'« état pire que la mort » s'est
avérée être un jugement de nature subjective
déterminé par les valeurs et les croyances perçues. Ainsi
que le signalent Meier et
Morrison82
dans une note de rédaction: « Lorsque des patients très
malades ou leur famille choisissent des traitements de dernier recours, on
devrait aussi leur demander dans quelles circonstances ils opteraient pour la
mort de préférence à une vie avec un handicap grave et
s'il faut interrompre les traitements quand ces circonstances surviennent.
»
En résumé, le grand avantage de la ventilation
assistée prolongée est qu'elle garantit le passage de l'air,
empêche ou réduit le risque de pneumonie d'aspiration et prolonge
la durée de vie en assurant une respiration mécanique
automatisée (Tableau
1).15
Certains patients continuent à ressentir que la vie garde une
signification et un but. Ils peuvent s'impliquer dans des activités
sociales, religieuses, intellectuelles, de loisirs ou d'autres
activités même en perdant leur mobilité et en ne bougeant
plus que leurs
yeux.70,83
Bien qu'entièrement paralysée et muette, une de nos patientes a
continué à se déplacer en fauteuil roulant
électrique et avec respirateur portable pour se rendre à
l'opéra accompagnée 24 h sur 24 d'une infirmière
diplômée. Pendant des périodes de temps variables, la
communication reste possible grâce à des systèmes de
pointeurs au laser, à des ordinateurs, à des tableaux
alphabétiques et à d'autres appareils d'assistance. Aux stades
avancés, un regard ou un clin d'œil suffit pour répondre
« oui » ou « non
».36
Les inconvénients concernent aussi bien les parents qui prodiguent des
soins que le patient. Bien que ce dernier soit vivant, la maladie progresse
sans relâche. Avec une ventilation assistée prolongée, il
est essentiel de procéder fréquemment (quelquefois toutes les
heures) à une aspiration mécanique fréquente afin de
retirer les sécrétions. Cette procédure peut provoquer
une suffocation et un sentiment de détresse. Les soins à
domicile coûtent très cher et imposent à la famille de
lourdes charges et responsabilités. Les personnes prodiguant des soins
à des patients qui dépendent d'un système de ventilation
invasive font mention de niveaux élevés de détresse et,
dans les quelques études réalisées sur cette population,
les soignants sont ceux qui expriment, plus souvent que les patients, des
regrets vis-à-vis du choix de la ventilation assistée
prolongée.70,84
Idéalement, le patient, la famille et le médecin auront
discuté ensemble des problèmes et préférences
reliés à la fin de vie et les souhaits du patient auront
été reconnus bien avant qu'une situation de crise ne
survienne.81
SP nous fournit le meilleur des scénarios. Il a formulé un plan
et a annoncé à sa famille et au médecin comment il veut
mourir. Il a choisi de ne pas recourir à la trachéostomie ni
à la ventilation assistée prolongée.
La prévalence des interruptions de la ventilation assistée
prolongée n'est pas connue. Certains patients peuvent avoir besoin
d'une sédation palliative en phase
finale.85
Pour les patients qui décident d'interrompre la ventilation
assistée prolongée ou qui choisissent de ne pas recourir
à cette procédure, la palliation devient l'objet principal des
interventions, y compris pour le traitement des douleurs et la gestion des
autres symptômes, comme la dyspnée, les angoisses,
l'anxiété, la sialorrhée et la constipation.
Soins de fin de vie et admission en soins palliatifs
DR SP (LE PATIENT): Quand je dépendrai de la ventilation à
pression contrôlée (BiPAP) ou non invasive pendant la majeure
partie de la journée et de la nuit, je me mettrai au lit un soir en
débranchant le système BiPAP et j'aurai ma famille autour de
moi. TP (L'ÉPOUSE DU PATIENT): C'est facile à dire, mais je ne
sais pas si ce sera facile à vivre.
La nature fatale de la SLA et les décisions à prendre en fin
de vie sont des sujets qu'il n'est pas facile d'aborder avec les patients et
les familles. Le mieux est d'avoir une discussion d'ordre
général concernant ces questions peu après le diagnostic.
Pour ce qui est des soins palliatifs, la décision concrète doit
être prise avant que ne déclinent sévèrement les
capacités respiratoires. Le tableau 3 résume les amorces de
discussion de ces problèmes. Le tableau 4 présente les
critères médicaux d'une admission en soins palliatifs.
Aux stades avancés de la maladie, les soins palliatifs à
domicile représentent, pour les patients atteints de la SLA, une aide
particulièrement précieuse. Ayant perdu leur mobilité, la
plupart de ces patients sont alors cloués chez eux. Sans soins
palliatifs à domicile, ils n'auraient pas accès aux nombreux
services offerts.86 Les soins à domicile ne sont cependant pas une
option pour les patients qui choisissent une trachéostomie ou la
ventilation à pression controlée. Ni pour ceux qui ne disposent
pas de soignants bénévoles à domicile.
Désir de mourir et mort accélérée
Les patients atteints de la SLA sont peut-être plus enclins à
envisager une mort accélérée que les autres
patients,87
mais la vaste majorité d'entre eux ne font qu'envisager cette
possibilité sans revendiquer le passage à l'action. La mort
accélérée peut être associée plus
étroitement à la fatigue, à la souffrance ou à la
perte d'un sens ou d'un élan vital plutôt qu'à la
dépression
clinique,88
mais cela n'a pas été déterminé
systématiquement.
Dans une étude prospective de patients en phase terminale de la SLA,
le Dr Albert et ses
collègues89
relèvent que, bien que 10 des 53 patients (soit 19 %)
décédés pendant la période d'observation, aient
exprimé auparavant un désir de mourir, seulement 3 (soit 6 %)
ont en fait pris des arrangements pour accélérer l'issue fatale.
à la différence du refus de la ventilation assistée ou de
la défaillance respiratoire qui aboutit également à une
issue fatale, la mort accélérée implique une
requête spécifique de la part du patient. Ce dernier prend des
arrangements en vue d'organiser son propre décès alors qu'il
n'est pas imminent. Cela peut aller jusqu'au suicide avec assistance
médicale.
Selon les Dr Ganzini et
Johnston90
environ 30 % de la totalité des décès dus à la SLA
sont des suicides assistés. Dans l'État d'Oregon où la
procédure est légale, la SLA représente le diagnostic le
plus habituel parmi les patients qui choisissent le suicide
médicalement
assisté.91
Par contraste, parmi les autres patients atteints d'une maladie terminale,
telle que le SIDA, le fait d'entériner leur choix d'une date de
décès inévitable et prévisible les aide à
prolonger la durée de leur désir de
vivre.92
CONCLUSIONS
Les maladies neuro-dégénératives chroniques comme la
SLA figurent parmi les maladies les plus difficiles que puissent avoir
à traiter les médecins. Ces maladies, et la SLA en particulier,
évoluent de façon prévisible vers une issue fatale en
détruisant la communication verbale, l'ingestion par voie orale et la
respiration. La détérioration est souvent trop rapide pour que
le patient et sa famille s'adaptent bien à ces changements. Cette
maladie est bien connue et en annoncer le diagnostic requiert une grande
délicatesse et de la prudence. Le plus tôt possible après
le diagnostic, le médecin doit expliquer la nature de la maladie et
l'importance des souhaits anticipés sans cesser pour autant de faire
apparaître des espoirs réalistes. Même à l'approche
de la mort, il faut appliquer une stratégie multidisciplinaire et
aider, dans leur rôle crucial de soignants, les parents des patients qui
sont idéalement placés pour les prendre en charge. Le
médecin ayant à traiter des patients atteints de la SLA se
trouve face à un fardeau et à des opportunités
extraordinaires: prodiguer, tout au long de cette maladie tragique, les soins
les plus compétents.
Informations sur les auteurs
Correspondance: Judith G. Rabkin, PhD, MPH, Department of Psychiatry,
College of Physicians and Surgeons, Columbia University and Research
Scientist, New York State Psychiatric Institute, 1051 Riverside Dr, New York,
NY 10032
(jgr1{at}columbia.edu).
Perspectives on Care at the Close of Life est produit et
publié à l'Université de Californie, San Francisco, par
Stephen J. McPhee, MD, Michael W. Rabow, MD, et Steven Z. Pantilat, MD; Amy J.
Markowitz, JD, est le rédacteur exécutif. Rédactrice en
chef de la section Perspectives on Care at the Close of Life: Margaret A.
Winker, MD, Rédacteur en Chef, JAMA.
Liens financiers: Le Dr Mitsumoto a déclaré avoir
reçu des honoraires de Avanir Pharmaceuticals pour un meeting de
comité scientifique en 2006. Il a rapporté avoir
été consultant pour Eisai Pharmaceutical Co entre 2005 to 2007
et d'avoir reçu une bourse de recherche pour un essai clinique à
la Columbia University de Aeolus. Il déclare aussi avoir reçu
des bourses éducationnelles à la Columbia University de
Sanofi-Aventis, Ethena Diagnostic et Bioscrips. Le Dr Rabkin n'a
rapporté aucun lien financier.
Financement/Soutien: Ce projet était partiellement soutenu
par la Muscular Dystrophy Association's Wings Over Wall Street (DrMitsumoto),
et par le Eleanor and Lou GehrigMDA/ALS Research Center, Columbia University.
La série Perspectives on Care at the Close of Life a été
rendue possible grâce à un financement de la California
HealthCare Foundation.
Rôle des sponsors: La fondation California HealthCare
Foundation, l'organisation Wings over Wall Street de la Muscular Dystrophy
Association et le centre de recherche MDA/ALS d'Eleanor et Lou Gehrig n'ont
joué aucun rôle dans la préparation, la révision ou
l'approbation du manuscrit.
Autres sources: Pour obtenir une liste des sites Web et des
recommandations destinées aux patients, voir l'article affiché
par le JAMA sur son site
http://www.jama.com.
Affiliations des auteurs: Eleanor and Lou Gehrig ALS/MDA Center,
College of Physicians and Surgeons, Columbia University, Neurological
Institute (Dr Mitsumoto) and Clinical Psychology in Psychiatry, Department of
Psychiatry, College of Physicians and Surgeons, Columbia University and New
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