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L'angio-scanner pulmonaire: une alternative à la scintigraphie de ventilation/perfusion chez des patients suspects d'embolie pulmonaire?Un essai randomisé contrôlé.
David R. Anderson, MD;
Susan R. Kahn, MD;
Marc A. Rodger, MD;
Michael J. Kovacs, MD;
Tim Morris, MD;
Andrew Hirsch, MD;
Eddy Lang, MD;
Ian Stiell, MD;
George Kovacs, MD;
Jon Dreyer, MD;
Carol Dennie, MD;
Yannick Cartier, MD;
David Barnes, MD;
Erica Burton, BSc;
Susan Pleasance, BScN;
Chris Skedgel, MSc;
Keith O'Rouke, PhD;
Philip S. Wells, MD
RÉSUMÉ
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Contexte La scintigraphie de ventilation/perfusion (scinti V/P) et
l'angio-scanner (AS) sont deux procédures d'imagerie médicale
très utilisées pour évaluer les patients suspects
d'embolie pulmonaire. L'AS a largement remplacé la scinti V/P dans de
nombreux centres malgré la rareté des évaluations
comparatives rigoureuses et malgré les préoccupations
soulevées par la faible sensibilité de l'AS (rendant plus
aléatoire la détection clinique d'embolies pulmonaires
importantes).
Objectifs Déterminer si l'AS constitue une alternative fiable
à la scinti V/P en tant que procédure initiale d'imagerie
pulmonaire pour l'exclusion d'un diagnostic d'embolie pulmonaire chez des
patients présentant des symptômes aigus.
Schéma, environnement et participants Un essai clinique
randomisé contrôlé de non infériorité en
simple insu mené, entre mai 2001 et avril 2005, dans 4 centres
canadiens et 1 centre américain de soins tertiaires, impliquant 1417
patients présentant un risque d'embolie pulmonaire aiguë sur la
base soit d'un score clinique de Wells de 4,5 ou plus ou d'un test
D-dimère positif.
Intervention Les patients étaient randomisés entre
interventions scinti V/P ou AS. Les patients pour lesquels le risque d'embolie
pulmonaire avait été éliminé, ne recevaient pas de
traitement anti-thrombotique et étaient suivis pendant une
période de jusqu'à 3 mois.
Principal critère de jugement La survenue d'une embolie pulmonaire
symptomatique ou d'une thrombose veineuse profonde (TVP) proximale chez les
patients pour lesquels on avait initialement exclu une embolie pulmonaire.
Résultats Sept cent un patients ont été
randomisés dans le groupe AS et 716 dans le groupe scinti V/P. De ces
participants, 133 patients (19,2 %) du groupe AS vs 101 patients (14,2 %) du
groupe scinti V/P ont eu un diagnostic d'embolie pulmonaire lors de
l'évaluation initiale (différence de 5,0 % avec intervalle de
confiance [IC] IC à 95 % de 1,1 % à 8,9 %). Tous ces patients
ont reçu un traitement anticoagulant. Parmi les participants pour
lesquels on avait exclu une embolie pulmonaire, 2 sur 561 patients (0,4 %) du
groupe ATAO et 6 sur 611 patients (1,0 %) du groupe scinti V/P ont
développé une thrombo-embolie veineuse pendant le suivi
(différence de -0,6 % avec IC à 95 % de -1,6 % à 0,3 %).
Un patient du groupe scinti V/P a eu une embolie pulmonaire fatale.
Conclusions Cette étude démontre la
non-infériorité de l'AS par rapport à la scinti V/P pour
exclure une embolie pulmonaire. Cependant, un nombre significativement plus
important d'embolies pulmonaires ont été détectées
par l'AS. De nouvelles recherches sont nécessaires pour
déterminer si les embolies pulmonaires détectées par AS
nécessitent un traitement anticoagulant.
Trial Registration
isrctn.org
Identifier: ISRCTN65486961
JAMA.
2007;298(23):2743-2753
L'embolie pulmonaire est une affection médicale
fréquente et grave qui provoque chaque année l'hospitalisation
ou le décès de plus de 250 000 personnes aux
États-Unis1.
C'est la troisième cause de mortalité cardio-vasculaire et on
estime qu'elle représente de 5 à 10 % de l'ensemble des
décès enregistrés dans les hôpitaux
américains2.
Malgré la nature potentiellement létale de cette pathologie,
l'embolie pulmonaire reste l'une des affections face à laquelle les
médecins peinent à poser un diagnostic
précis3.
Étant donné qu'une embolie pulmonaire présente des taux
de mortalité élevés, il est urgent et essentiel de
pouvoir compter sur des stratégies diagnostiques exactes afin de
pouvoir prescrire une thérapie anti-thrombotique aux patients chez qui
une embolie pulmonaire a été détectée tout en
évitant, à ceux chez qui ce diagnostic a été
éliminé, les risques associés à cette
affection.4-6
Encadré. Variables utilisées pour déterminer chez
un patient la probabilité pré-test d'embolie pulmonaire
(critères de Wells) a
Signes et symptômes cliniques de thrombose veineuse profonde
(inflammation et douleur aux jambes à la palpation des veines
profondes): 3,0 points
Embolie pulmonaire aussi ou plus probable qu'un autre diagnostic: 3,0
points
Fréquence cardiaque supérieure à 100/min: 1,5
point
Immobilisation ou chirurgie dans les 4 semaines écoulées: 1,5
point
Antécédent de thrombose veineuse profonde ou d'embolie
pulmonaire: 1,5 point
Hémoptysie: 1,0 point
Tumeur maligne (traitée dans les 6 mois écoulés ou
soins palliatifs): 1,0 point
a Non probabilité d'EP = score < 4,5; EP probable =
score de 4,5.
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Pendant 30 ans, la scintigraphie pulmonaire de ventilation/perfusion a
été la procédure d'imagerie de choix chez les patients
suspects d'embolie pulmonaire. On peut dire qu'essentiellement une
scintigraphie V/P normale élimine le diagnostic d'embolie pulmonaire
tandis qu'une scintigraphie de haute probabilité a une valeur
prédictive positive de 85 à 90 % dans une population affichant
une prévalence d'embolie pulmonaire de 25 à 30 %. Cependant,
chez la plupart des patients suspects d'embolie pulmonaire, les scintigraphies
V/P offrent une probabilité faible ou intermédiaire et les taux
d'incidence réelle vont de 10 à 40 % chez ces
patients.3,7
Dans ces situations, l'incertitude du diagnostic limite
sévèrement l'utilisation de la scintigraphie V/P. Au cours de la
dernière décennie, une stratégie diagnostique alternative
non envahissante a été proposée pour l'embolie
pulmonaire: l'angio-scanner
(AS)8,9.
Malgré sa faible sensibilité (de 53 à 100 % selon les
rapports), qui reste préoccupante, ce test a été
rapidement
adopté10,11.
Le dépistage par AS séduit les cliniciens parce que la
procédure présente des résultats clairs (positifs ou
négatifs) et qu'elle peut détecter des causes alternatives non
associées à une thrombose pour expliquer les symptômes des
patients. À ce jour, aucune évaluation de l'utilité de
l'AS comparée directement à la scintigraphie V/P n'a
été réalisée. Nous rapportons les résultats
d'une étude de prise en charge contrôlée et menée
en simple aveugle visant à déterminer si l'AS est une
alternative fiable à la s scintigraphie V/P en tant que
procédure d'imagerie non envahissante initiale permettant de poser un
diagnostic d'embolie pulmonaire. Conçue comme une étude de
non-infériorité, la présente étude évalue
si, largement adoptée malgré sa sensibilité incertaine,
la nouvelle technologie AS est au moins aussi fiable que la technologie
traditionnelle (de scintigraphie V/P) pour la détection d'une embolie
pulmonaire cliniquement significative.
MÉTHODES
Participants à l'étude
Pour cette étude, nous avons recruté des patients
consécutifs présentant des symptômes ou des signes pouvant
être, selon l'avis du médecin, causés par une embolie
pulmonaire grave (survenue ou recrudescence d'un essoufflement, douleur
thoracique, hémoptysie, présyncope ou syncope) avec ou sans
signes de thrombose veineuse profonde. Les critères d'exclusion
suivants ont été retenus : diagnostic, dans les 3 mois
écoulés, d'une thrombose veineuse profonde ou d'une embolie
pulmonaire, pas d'aggravation des symptômes pulmonaires dans les 2
semaines écoulées, prise pendant plus de 48 heures de doses
thérapeutiques d'anticoagulants parentéraux, comorbidités
réduisant à moins de 3 mois l'espérance de vie,
contre-indication aux produits de contraste (insuffisance rénale
notamment), besoin de prise prolongée d'anticoagulants, grossesse,
âge inférieur à 18 ans d'âge, refus de signer un
consentement éclairé et éloignement géographique
rendant impossible le suivi.
Environnement et sites
Les participants de l'étude ont été recrutés
parmi les patients des consultations externes, des services d'urgence et des
unités hospitalières de 5 centres de santé universitaires
: le Queen Elizabeth II Health Sciences Centre d'Halifax en
Nouvelle-Écosse ; l'hôpital d'Ottawa à Ottawa en Ontario ;
l'hôpital Victoria de Londres en Ontario ; le Jewish General Hospital de
Montréal au Québec et le Centre médical de
l'Université de Californie à San Diego. Les comités
d'éthique de toutes ces institutions ont approuvé la recherche
et tous les patients participants ont signé un formulaire de
consentement éclairé.
Interventions
Les médecins ont soumis les patients consécutifs suspects
d'embolie pulmonaire au modèle de Wells (voir encadré) qui
détermine la probabilité clinique ainsi qu'aux tests
D-dimères12.
On a estimé qu'un score inférieur à 4,5 indiquait une
faible probabilité d'embolie pulmonaire et que cette probabilité
devenait significative à partir d'un score de 4,5 ou plus. Des tests
D-dimères automatisés ont été effectués sur
le plasma des patients conformément aux procédures
utilisées localement. Les techniciens des laboratoires effectuant ces
tests n'étaient pas informés de la probabilité clinique
des participants. Pour la répartition ultérieure, nous avons
pris comme base la probabilité clinique pré-test des patients
ainsi que sur les résultats des tests D-dimères décrits
ci-dessous. Les patients, chez qui la probabilité d'embolie pulmonaire
était cliniquement inexistante et les tests D-dimère
négatifs, n'ont pas subi d'autres tests. Nous avons exclu chez eux la
présence d'une embolie pulmonaire et ils n'ont pas participé
à l'étude.
Randomisation
Nous avons estimé que la probabilité d'embolie pulmonaire
était plus grande chez des patients avec un critère de
probabilité clinique de 4,5 ou plus ou un test D-dimère positif.
Ces patients ont été répartis entre les deux
interventions : scintigraphie V/P et AS. Des listes établies par
ordinateur répartissaient ces patients en divers blocs de 4 ou 6. Leur
répartition a également été stratifiée par
centre et par consultation (externe ou interne). Chaque centre a reçu
ses listes de répartition dans des enveloppes opaques et
scellées numérotées consécutivement. Un
coordinateur de recherche expérimenté non engagé dans
l'étude a ouvert chacune de ces enveloppes.
Angio-scanner pulmonaire (AS)
Pour évaluer les patients du groupe AS, un scanner mono-barrette ou
un scanner multi-barrettes étaient utilisés. Un examen haute
résolution de l'ensemble du thorax a d'abord été
effectué à l'aide d'images de 1 mm d'épaisseur (140
kilovolt [max] kV[p] 280 mA avec un algorithme de reconstruction osseuse)
à des intervalles de 10 mm. L'examen initial a été
réalisé sans produit de contraste afin de détecter si
d'autres pathologies pouvaient expliquer les symptômes du patient.
D'autres images étaient réalisées pendant l'injection,
dans le pli du coude, d'un produit de contraste Omnipaque 240 (de Nykomed
Ingenor, Paris, France). Pour les scanners mono-barrette, 150 ml de produit de
contraste étaient injectés à un débit de 5 ml/s.
L'examen a commencé 12 secondes après le début de
l'injection et donnait des images de 3 mm à des intervalles de 3 mm
depuis la base de l'arche aortique jusqu'à 2 cm des veines pulmonaires
inférieures. L'acquisition s'est faite dans le sens crânio-caudal
avec un champ de 1,7:1,0 pendant une seule apnée. Pour les scanners
multi-barrettes, 100 ml de produit de contraste étaient injectés
à un débit de 4 ml/s donnant des images de 1,25 mm à des
intervalles de 1,2 mm avec un champ de 1,0: 1,0. Les résultats de l'AS
étaient catégorisés comme suit : résultat positif
en cas de constatation d'un déficit de densité intra-vasculaire
dans un vaisseau artériel pulmonaire ; résultat négatif
en l'absence de densité. Seuls les examens avec non-visualisation des
vaisseaux pulmonaires principaux ou lobaires ont été
considérés comme techniquement inadéquats. Dans
l'ensemble, 105 patients ont subi des examens AS en mode mono et 499 en mode
multi-barrettes. Des radiologistes expérimentés non
informés de la probabilité clinique ou des tests
D-dimères des patients interprétaient les résultats.
Intervention par scinti V/P
Pour évaluer les patients du groupe scinti V/P, on a utilisé
des procédures et méthodes décrites
précédemment7.
Les résultats ont été catégorisés comme
suit : probabilité élevée en cas de constatation
d'un/plusieurs déficit(s) d'irrigation segmentaire avec la ventilation
normale ou deux/plusieurs déficits importants de vascularisation
sous-segmentaire (75 % du segment) avec une ventilation
normale7. Le
résultat était considéré normal en l'absence de
déficits. Les autres résultats de la scinti V/P étaient
catégorisés comme non diagnostiques (probabilité peu
élevée). Tous les résultats étaient
interprétés par des spécialistes de médecine
nucléaire non informés de la probabilité clinique ou des
tests D-dimères des patients.
Algorithmes AS et scinti V/P
Le TABLEAU 1 montre les
examens diagnostiques par imagerie médicale subis par les patients des
groupes AS et scinti V/P. Les patients présentant une scinti V/P
à probabilité élevée au ou un résultat AS
positif étaient considérés comme ayant une embolie
pulmonaire. Chez les patients présentant une scinti V/P normale, ce
diagnostic était exclu. Tous les autres patients subissaient un examen
par imagerie ultrasonore du système veineux proximal des membres
inférieurs, depuis le fémur jusqu'à la trifurcation de la
veine poplitée à l'aide de techniques déjà
décrites13.
Si la sonde détectait un segment veineux incompressible, un diagnostic
de thrombose veineuse profonde était posé.
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Tableau 1.. Caractéristiques démographiques et cliniques de chaque groupe
pré-test
Abréviations: AS: Angio-scanner pulmonaire; V/P: Scintigraphie par
ventilation-perfusion; TVP: Thrombose veineuse profonde.
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Les médecins (recrutés dans l'étude ou traitants) ne
connaissaient pas la répartition initiale des patients. Leurs rapports
étaient des rapports génériques d'imagerie pulmonaire
dans lesquels ils formulaient l'une des conclusions suivantes :
détection d'une embolie pulmonaire (scinti V/P à
probabilité élevée ou AS positive), résultat non
diagnostique (scinti V/P à probabilité peu élevée
ou AS négative) ou absence de preuve d'embolie pulmonaire (scinti V/P
normale). Chez les patients répondant aux critères suivants :
ultrasonographie veineuse des membres inférieurs négative,
scinti V/P non diagnostique (à probabilité peu
élevée) et AS négative, une embolie pulmonaire
était exclue si, en plus, les résultats des tests
D-dimères étaient négatifs et l'embolie pulmonaire
cliniquement improbable. Les patients considérés comme ayant une
probabilité d'embolie pulmonaire et des résultats
scintigraphiques non diagnostiques ne recevaient pas de thérapie
anticoagulante et subissaient, une semaine plus tard, une
répétition d'ultrasonographie veineuse des membres
inférieurs. Les médecins pouvaient aussi réaliser une
angiographie pulmonaire classique sur les patients présentant une
probabilité élevée d'embolie pulmonaire malgré des
tests d'imagerie non diagnostiques et une ultrasonographie négative.
Cependant, le protocole n'autorisait pas de mutation du groupe AS vers le
groupe scinti V/P et vice versa. Après complétion de la phase de
diagnostic initiale et après exclusion d'une embolie pulmonaire, les
médecins pouvaient demander quelle stratégie diagnostique
utiliser pour faciliter un diagnostic alternatif approprié. Les
médecins pouvaient aussi connaître le groupe de
répartition du patient si le test assigné ne pouvait être
réalisé ou n'était pas techniquement
adéquat.
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Figure 1.. Algorithmes de diagnostic utilisés pour les angiographies
pulmonaires par tomographie informatisée et les scintigraphies V/P en
vue de dépister l'EP
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Les patients ayant des antécédents de thrombo-embolie
veineuse étaient suspects d'embolie pulmonaire et examinés
à l'aide des algorithmes présentés ci-dessus avec les
exceptions suivantes. Pour les patients ayant des antécédents
d'embolie pulmonaire, un diagnostic d'embolie pulmonaire récurrent
était posé seulement si on détectait une ou plusieurs
anomalies indiquant une probabilité élevée lors de la
scinti V/P ou un nouveau déficit de densité intra-vasculaire
lors de l'AS, et ce, dans une région anatomique différente de
celle de l'examen le plus récent. Pour les patients ayant des
antécédents de thrombose veineuse profonde, le diagnostic de
récurrence nécessitait soit la présence d'une nouvelle
zone incompressible non détectée lors de la sonographie initiale
ou un élargissement de plus de 4,0 mm du diamètre de la veine
compressée dans une zone de thrombose
antérieure14.
Prise en charge et suivi
Les patients chez qui (lors des examens initiaux) les algorithmes de
diagnostic avaient détecté une embolie pulmonaire ou une
thrombose veineuse profonde isolée suivaient une thérapie
conventionnelle par anticoagulants. Pendant 3 mois et sans les traiter par
anticoagulants, tous les autres patients étaient suivis pour
détecter des symptômes de thromboembolie veineuse. Quand des
symptômes d'embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde se
manifestaient, ces patients devaient dès que possible appeler les
services d'urgence ou le centre d'étude. Tous les patients
étaient réexaminés pour ces symptômes lors d'une
visite clinique ou par téléphone une semaine et 3 mois
après la présentation initiale. En cas de décès,
tout était fait pour documenter les causes. Les dossiers
médicaux étaient alors revus et les familles ou les
médecins des patients contactés.
Critères
Le critère principal de l'étude était la survenue
d'une thrombo-embolie veineuse (combinaison d'une thrombose veineuse proximale
profonde et d'une embolie pulmonaire) au cours des 3 mois du suivi chez les
patients pour lesquels une embolie pulmonaire avait été exclue
lors des tests initiaux. S'il y avait suspicion d'embolie pulmonaire au cours
du suivi, les patients étaient examinés soit par AS ou par
scinti V/P et avaient une ultrasonographie veineuse des veines proximales des
membres inférieurs. Une AS positive ou une scinti V/P à
probabilité élevée confirmait le diagnostic d'embolie
pulmonaire. Pour les patients ayant des antécédents d'embolie
pulmonaire, un diagnostic de récurrence nécessitait la
présence d'un nouveau déficit de densité intra-vasculaire
dans une région anatomique non détectée lors de l'AS
initiale ou une nouvelle probabilité élevée
détectée par la scinti V/P. La présence d'un nouveau
segment incompressible du système veineux proximal confirmait le
diagnostic de thrombose veineuse profonde lors de l'utlrasonographie. Chez les
patients avec antécédents de thrombose veineuse profonde, le
diagnostic de thrombose veineuse profonde reposait sur une anomalie
ultrasonographique seulement si celle-ci était située dans une
région anatomique différente de celle observée lors du
plus récent examen. Chez les patients suspects
d'événements cibles et d'issues fatales, les détails
cliniques et diagnostiques des examens par imagerie étaient revus par
un comité d'adjudicateurs experts qui ignorait les répartitions
d'imagerie exploratoire. Les causes de mortalité étaient
catégorisées de la façon suivante: embolie pulmonaire,
autre trouble, mort subite ou détérioration soudaine et
inexpliquée du système cardiorespiratoire (avec embolie
pulmonaire comme cause potentielle des deux dernières).
Taille d'échantillon et analyse statistique
Ce protocole a été conçu comme un essai de
non-infériorité15
et prend comme standard de soins la scinti V/P. En matière d'exclusion
d'embolie pulmonaire, les algorithmes de scinti V/P publiés
antérieurement ont rapporté des taux à 3 mois de
thrombo-embolie veineuse d'environ 1,4
%16. L'objectif
principal de cette étude était de déterminer si, pour
exclure une embolie pulmonaire, un algorithme basé sur l'AS est
cliniquement inférieur à une approche basée sur la scinti
V/P. Pour déterminer la taille de l'échantillon requis, nous
avons estimé que la différence minimale cliniquement importante
(DMCI) des événements liés à la thromboembolie
veineuse pendant les 3 mois de suivi devait être de 2,5 %. Si les
résultats dépassaient cette DMCI, l'AS serait
considérée comme cliniquement inférieur à la
scinti V/P. Sinon, l'AS serait considéré comme une alternative
acceptable. Le choix de cette DMCI repose sur le raisonnement clinique suivant
: puisqu'il est prévu que moins de 15 % des événements
liés à une thrombo-embolie veineuse récurrente auront une
issue fatale, les fatalités associées à cette DMCI (15 %
de 2,5 %) seront moindres que les complications fatales auxquelles on peut
s'attendre si tous les patients affichant une scinti V/P non diagnostique
subissaient une angiographie pulmonaire conventionnelle (étant
donné le taux de mortalité de 0,45 % de cette
procédure)17.
Avec ces taux, nous avons exécuté une simulation Monte Carlo
basée sur des répétitions de 1 000 et
décidé que nous avions besoin d'un échantillon de 1 148
patients chez qui on aurait exclu l'embolie pulmonaire afin de
déterminer que l'intervalle unilatéral de confiance (IC) de 95 %
exclurait la DMCI quand l'excédent réel égalerait la DMCI
5,0401 % du temps (taux de faux négatif acceptable) et 94,27 % du temps
quand l'excédent réel égalerait 0 (1 moins le taux de
faux
inférieur)18.
Nous avons imputé que 22 % des patients recevraient un diagnostic
d'embolie pulmonaire lors de la présentation initiale et que 3 % des
examens scintigraphiques seraient techniquement inadéquats. D'où
notre estimation initiale du nombre de patients à répartir
fixé à 1 530. Cependant, après une période de
recrutement, nous avons déterminé que notre taux d'embolie
pulmonaire diagnostiquée lors de la présentation initiale
était de 16 % et nous avons ramené à 1 380 le nombre de
patients randomisés de l'échantillon cible.
Pour comparer les résultats principaux entre les 2 groupes, nous
avons utilisé les tests exacts de Fisher en prenant comme
statistiquement significative la valeur P < 0,05. Toutes les analyses sont
basées sur l'intention de traiter. Nous avons également
déterminé la différence absolue et l'IC de 95 % entourant
cette différence. Pour comparer les taux des résultats
secondaires, nous avons utilisé les tests X2. Pour les analyses
statistiques, nous avons utilisé la version 9.1 du logiciel SAS (de SAS
Institute Inc de Cary en Caroline du Nord).
RÉSULTATS
Participants
Entre mai 2001 et avril 2005, un total de 3 886 patients a
été contacté. De ce nombre, 1 907 ont été
exclus pour les raisons montrées dans le
TABLEAU
2.
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Tableau 2.. Taux d'embolie pulmonaire et de thrombose veineuse profonde au
départ et après 3 mois de suivi
Abréviations: AS: Angio-scanner pulmonaire; TVP: Thrombose veineuse
profonde; EP: Embolie pulmonaire; V/P: Scintigraphie avec
ventilation-perfusion; TEV: Thrombo-embolie veineuse.
aDifférence absolue, 5.0%; intervalle de confiance
à 95%, 1.1% to 8.9%;P=.01.
bDifférence absolue, -0.63%; 95% CI, -1.6% à
0.34%; P=.20.
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Figure 2.. Diagramme de l'essai
AS : Angio-scanner pulmonaire; TVP: Thrombose veineuse profonde; V/P:
Ventilation perfusion.
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Sur les 1 979 patients restants, 402 ont refusé de signer le
formulaire de consentement et 160 n'ont pu donner leur consentement en raison
de leur état de sédation ou de démence ou de l'obstacle
de la langue. Cent soixante-dix-huit patients ont été exclus
parce qu'ils se trouvaient dans la catégorie de non-probabilité
avec des résultats D-dimères négatifs. Aucun de ces
patients n'a été réexaminé et aucun n'a subi de
thrombo-embolie durant les 3 mois du suivi.
Sur les 1 417 patients éligibles et consentants, 701 ont
été inscrits dans le groupe AS et 716 dans le groupe scinti V/P.
Les caractéristiques de départ étaient similaires dans
les deux groupes d'intervention sauf que, comme le montre le
TABLEAU 1, 9,7 % des patients
du groupe AS et 12,2 % des patients du groupe scinti V/P souffraient d'un
cancer (tumeur maligne active ou chimiothérapie dans les 6 mois
précédents). Onze patients (0,8 %) ont été perdus
pendant le suivi (7 patients AS et 4 patients scinti V/P), mais aucun de ces
patients n'a subi de thrombo-embolie veineuse pendant le temps qu'a
duré son suivi. Les patients restants constituent la cohorte
analysée dans cette étude.
Résultats thérapeutiques
Résultats initiaux concernant le diagnostic d'embolie pulmonaire.
Sur les 694 patients évaluables du groupe AS, on a diagnostiqué
133 (19,2 %) embolies pulmonaires ou thromboses veineuses profondes lors de
l'évaluation initiale (TABLEAU
2 et schéma 3). Ce score se ventile comme suit : 94
embolies pulmonaires isolées, 29 embolies pulmonaires/thromboses
veineuses profondes et 10 thromboses veineuses profondes isolées (7
proximales). Sur les 712 patients évaluables du groupe scinti V/P, on a
diagnostiqué 101 (14,2 %) embolies pulmonaires ou thromboses veineuses
profondes lors de l'évaluation initiale
(TABLEAU 2 et schéma 4).
Ce score se ventile comme suit : 64 embolies pulmonaires isolées, 19
embolies pulmonaires/thromboses veineuses profondes et 18 thromboses veineuses
profondes isolées (11 proximales). Lors du diagnostic initial, on a
relevé un taux d'ensemble des thrombo-embolies veineuses (combinaison
des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires)
significativement plus élevé chez les patients du groupe AS
(différence de 5,0 %; IC à 95 %, de 1,1 % à 8,9 %
P=0,01).
En utilisant le modèle clinique de Wells, on a relevé une
probabilité d'embolie pulmonaire chez 616 des patients participants et
une non-probabilité chez 790. Après les 3 mois de suivi, des
tests objectifs ont permis de confirmer une embolie pulmonaire chez 160
patients (différence de 26 %; IC à 95 %, de 22,6 % à 29,6
%) du groupe de probabilité et chez 82 patients (différence de
10,0 %; IC à 95 %, de 8,3% à 12,7 %) du groupe de
non-probabilité.
Critère principal
Le critère principal a comparé les taux d'embolie pulmonaire
ou de thrombose veineuse profonde symptomatique ayant affecté, pendant
les 3 mois de suivi, les patients chez qui on avait initialement exclu une
thrombo-embolie veineuse (Tableau
2). Dans le groupe AS, 2 des 561 patients (0,4 %) ont eu des
thrombo-embolies veineuses comparé à 6 des 611 patients du
groupe scinti V/P (différence de -0,6 % avec IC à 95 %, -de 1,6
% à 0,3 %; P=.29). Les 2 événements du groupe AS
étaient tous les deux des embolies pulmonaires non fatales qui se sont
manifestées 8 et 39 jours après l'inclusion. Dans le groupe
scinti V/P, 2 patients ont développé des thromboses veineuses
profondes proximales le 13e et le 36e jour et 4 patients des embolies
pulmonaires les 3e, 11e et 49e jours après l'inclusion. Dans ce groupe,
l'une de ces embolies pulmonaires (celle du 49e jour) a été
fatale.
Décès
Cinquante-huit patients sont décédés pendant les 3
mois de suivi. Parmi les cas d'embolie pulmonaire confirmés lors du
test initial, 5 patients du groupe AS et 6 patients du groupe scinti V/P sont
décédés. Parmi les patients chez qui on avait
initialement exclu une thrombo-embolie veineuse, 17 des 561 patients (3,0 %)
du groupe AS sont décédés pendant les 3 mois de suivi
comparé à 30 des 611 patients (4,9 %) du groupe scinti V/P
(différence de 1,9 % avec IC à 95 % de -0,3 % à 4,1 %;
P=0,12). Comme le montre le TABLEAU
3, deux patients (0,3 %) dans chaque groupe sont
décédés d'embolie pulmonaire, de mort subite ou de cause
cardio-pulmonaire inconnue. La plupart des décès sont dus
à des complications de malignité sous-jacente : 11 sur 17 (65 %)
dans le groupe AS et 20 sur 30 (67 %) dans le groupe scinti V/P.
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Tableau 3.. Causes des décès des patients chez qui on a exclu une embolie
pulmonaire lors de l'évaluation initiale
Abréviations: MPOC: Maladie pulmonaire obstructive chronique; AS:
Angio-scanner pulmonaire; V/P: Scintigraphie de ventilation-perfusion
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Crossover
Le protocole de l'étude n'autorisait pas de crossover d'un groupe
à l'autre. En cours d'étude, on a cependant relevé des
crossover. Cinquante et un patients du groupe AS ont eu une scinti V/P. Trois
patients ont eu une scinti V/P malgré des procédures AS
techniquement satisfaisantes. Aucun de ces patients n'a eu de diagnostic
d'embolie pulmonaire, ni au départ, ni pendant le suivi. Chez 38
patients, la procédure AS n'a pu être réalisée
(contre-indication chez 16, refus du médecin chez 8, problèmes
techniques chez 8, refus du patient chez 3 et raison inconnue chez 3). En
outre, chez 10 patients, la procédure AS a été
considérée comme techniquement inadéquate et un test
supplémentaire a été recommandé. Onze de ces 48
patients (22,9 %) ont eu un diagnostic d'embolie pulmonaire sur la base de la
scinti V/P, du scanner ou des deux.
Un total de 25 patients du groupe scinti V/P a eu un AS et 6 ont subi une
angiographie pulmonaire conventionnelle. Chez 29 de ces patients, ces
procédures ont été réalisées car la
suspicion clinique d'embolie pulmonaire restait élevée
malgré des scinti V/P non diagnostiques et une ultrasonographie
bilatérale négative. Chez les 2 autres patients, des raisons
techniques ont empêché que l'on réalise une scinti V/P.
Une embolie pulmonaire a été détectée chez neuf de
ces 31 patients (29,0 %). Pour chacun de ces 9 patients, les tests
D-dimères ont été positifs. En analysant prospectivement
les critères de diagnostic d'embolie pulmonaire (7), on a relevé
par scinti V/P une probabilité intermédiaire chez 7 patients et,
chez 2 patients, une probabilité faible.
Exactitude prédictive des tests d'imagerie initiaux
Sur les 712 patients du groupe scinti V/P, 247 (35,0 %) affichaient des
résultats normaux. Par ultrasonographie, on a détecté une
thrombose veineuse profonde proximale chez 2 de ces patients (0,8 %). Trois
cent quatre-vingt-six (54,2 %) patients avaient des scinti V/P non
diagnostiques. Par ultrasonographie, on a détecté, chez 16 de
ces patients (4,1 %), des thromboses veineuses profondes dont une lors de
l'ultrasonographie de la 1ère semaine de suivi. Dix autres patients
(2,6 %) ont également reçu un diagnostic d'embolie pulmonaire (6
par AS, 3 par angiographie pulmonaire conventionnelle et 1 par décision
clinique du médecin traitant). En conclusion, l'examen initial a permis
de détecter une thrombo-embolie veineuse chez 26 (7,0 %) des 386
patients avec scinti V/P non diagnostique. Parmi les patients avec scinti V/P
non diagnostique et ultrasonographie négative des membres
inférieurs, six patients supplémentaires (1,0 %) ont
développé une thrombo-embolie veineuse pendant le
suivi.
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Figure 3. : Résultats des patients randomisés du groupe
angiographie pulmonaire par tomographie informatisée
AS: Angio-scanner pulmonaire; TEV: Thrombo-embolie profonde; V/P:
Ventilation perfusion.
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Soixante-treize des 75 patients (97,3 %) présentant une scinti V/P
à probabilité élevée ont suivi une thérapie
par anticoagulants. Chez les 2 autres patients, leurs médecins ont
exclu une embolie pulmonaire (résultat faux-positif) et ces patients
n'ont pas suivi de thérapie par anticoagulants. Aucun de ces deux
patients n'a subi de complication liée à une thrombo-embolie
veineuse pendant le suivi.
Les 115 patients chez qui une embolie pulmonaire a été
détectée par AS ont tous suivi un traitement anticoagulant. Chez
7 (1,3 %) des 531 patients restants ayant des résultats techniquement
adéquats, une thrombose veineuse profonde a été
détectée par ultrasonographie et ces 7 patients ont
été traités par anticoagulants. Deux des 524 patients
restants ont développé une embolie pulmonaire symptomatique
pendant le suivi. Chez les patients ayant eu une AS techniquement
adéquate, une embolie pulmonaire a été
détectée chez 26 des 174 patients (14,9 %) examinés en
mode mono comparé à 89 des 472 patients (18,9 %) examinés
par multi-détecteurs (P=0,25). Les 2 patients, qui avaient eu un AS
négatif et développé une embolie pulmonaire pendant le
suivi, avaient initialement été testés par scanner
à multi-détecteurs.
Nombre et emplacement des embolies pulmonaires du groupe AS
Pour 111 des 115 patients ayant obtenu un AS positive, on disposait de
détails sur l'emplacement et la quantification scanographique des
embolies pulmonaires. Les cas de scanographies multi-vaisseaux concernaient 91
(82,0 %) de ces patients tandis que 20 (18 %) d'entre eux avaient des
thromboses affectant un seul vaisseau. L'emplacement le plus proximal de ces
thromboses était la veine pulmonaire principale chez 23 patients (20,7
%), une artère lobaire chez 21 patients (18,9 %), des artères
segmentaires chez 34 patients (30,6 %) et des artères sous-segmentaires
chez 8 patients (7,3 %).
COMMENTAIRES
À notre connaissance, il s'agit du premier essai randomisé
contrôlé comparant directement l'utilité de l'AS à
la scinti V/P pour prendre en charge des patients suspects d'embolie
pulmonaire. Nous avons démontré la non-infériorité
d'une stratégie de diagnostic utilisant l'AS en association avec la
probabilité clinique, les tests D-dimères et l'ultrasonographie
des membres inférieurs par rapport à une stratégie
utilisant la scinti V/P pour exclure l'embolie pulmonaire. Les taux des
patients chez qui un diagnostic d'embolie pulmonaire avait été
exclu lors du test initial et chez qui une thrombo-embolie veineuse a
été confirmée pendant les 3 mois de suivi sont faibles
dans les deux stratégies (0,4 % pour l'AS vs 1,0 % pour la scinti V/P).
Cliniquement ou statistiquement, ces taux ne diffèrent pas d'un groupe
à l'autre (différence absolue de -0,6 % avec IC à 95 % de
-1,6 % à 0,3 %). L'intervalle de confiance à 95 % entourant
cette différence exclut la variation de 2,5 % (notre DMCI
définie au préalable) des taux d'événements
relevés pendant le suivi, ce qui nous permet d'affirmer que la
stratégie AS n'est pas inférieure à la stratégie
scinti V/P.
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Figure 4. : Résultats des patients randomisés du groupe scinti
V/P
AS: Angio-scanner pulmonaire; TEV: Thrombo-embolie profonde; V/P:
Ventilation perfusion.
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Malgré les taux similaires des complications liés à la
thrombo-embolie affichés par les patients chez qui une embolie
pulmonaire avait été exclue, notre étude permet de faire
la constatation inattendue suivante : les diagnostics de thrombo-embolie
veineuse posés par AS sont significativement plus nombreux que ceux
posés par scinti V/P (19,2 % vs 14,2 %; différence absolue de
5,0 % avec IC à 95 % de 1,1 % à 8,9 %; P=0,01). Cette
différence découle du taux plus élevé d'embolies
pulmonaires détectées par l'AS. Il convient d'explorer et
d'analyser plus en profondeur cette importante constatation. Comme
explications probables, on peut avancer que l'AS détecte plus
d'incidences réelles d'embolies pulmonaires que la scinti V/P ou
souligner que le taux de faux-positif de l'AS est plus élevé.
Des études antérieures ont démontré que l'AS
constitue un test plus spécifique pour l'embolie pulmonaire que la
scinti V/P7,
10,
11,
19,
20. Cependant, la vaste
étude PIOPED II (Prospective Investigation of Pulmonary Embolism
Diagnosis II) a rapporté qu'on a identifié des études
d'AS fausses-positives en particulier pour des thromboses des vaisseaux
artériels pulmonaires
périphériques21.
Pour l'embolie pulmonaire segmentaire et sous-segmentaire, les valeurs
prédictives positives étaient seulement de 68 et 25
%21. Dans notre
étude, 30 % des embolies pulmonaires concernaient les vaisseaux
segmentaires et 7 % les vaisseaux sous-segmentaires, ce qui soulève
l'hypothèse que, parmi ces embolies, figurent peut être des
études fausses-positives.
Le fait que notre étude détecte des taux similaires de
complications liées aux thrombo-embolies dans les 2 groupes
suggère que beaucoup des thromboses supplémentaires
diagnostiquées par AS sont cliniquement peu importantes. Le fait que
l'AS détecte une embolie pulmonaire chez 30 % de patients en plus peut
avoir des conséquences indésirables importantes. D'abord, cela
exposerait à la thérapie par anticoagulants un plus grand nombre
de patients. On pourrait s'attendre à ce qu'au moins 2 % des patients
recevant des anticoagulants pour embolie pulmonaire souffrent de complications
liées aux saignements et que celles-ci pourraient être
mortelles22,
23. En outre, les
conséquences en termes d'hospitalisation, de thérapie
anticoagulante et de complications potentielles liées à des
saignements rendraient presque certainement la prise en charge par AS plus
coûteuse que la prise en charge par scinti V/P des patients suspects
d'embolie pulmonaire.
En termes de mortalité, on n'a pas relevé de
différence entre les 2 groupes. On n'a confirmé qu'un seul
décès lié à une embolie pulmonaire, celui d'un
patient du groupe scinti V/P. Trois autres patients sont
décédés dont 1 dans le groupe AS et 2 dans le groupe
scinti V/P. Les décès de l'un de ces patients (de mort subite)
comme des deux autres (de détériorations respiratoires
inexpliquées) sont peut-être liés à des embolies
pulmonaires. Tous les patients qui décédèrent au cours de
l'étude affichaient des comorbidités identifiées avant
leur décès. La plupart des patients décédés
étaient atteints d'un cancer métastasé. Le groupe scinti
V/P comprenait 87 patients cancéreux comparés à 67 dans
le groupe ATAO. Pour la majorité de ces patients, la maladie
était au stade avancé et le pronostic pauvre.
Dans cette étude, nous avons testé un nouveau système
simplifié d'évaluation par score en utilisant le modèle
clinique de Wells et en partageant les patients en 2 catégories selon
leur probabilité (score 4,5) ou leur non-probabilité (score
< 4,5) d'embolie pulmonaire. Les évaluations antérieures du
modèle de Wells partageaient les patients en 3 catégories :
probabilité élevée, modérée ou faible.
Partager les patients en 2 catégories permet de garder la valeur
discriminatoire du modèle puisque l'embolie pulmonaire a
été confirmée chez 26 % des patients de la
catégorie probable comparé à seulement 10 % dans la
catégorie de non-probabilité (P < 0,05). En outre, on a pu en
toute sécurité exclure le diagnostic d'embolie pulmonaire chez
les patients de la catégorie de non-probabilité obtenant un test
D-dimère négatif sans devoir réaliser d'autres tests de
diagnostic.
Notre étude comporte plusieurs limitations. Premièrement, la
réticence des médecins de l'étude à exclure le
diagnostic d'embolie pulmonaire était plus grande pour les patients
affichant des scinti V/P non diagnostiques que pour les patients obtenant des
résultats AS négatifs. Pour 31 des 604 patients chez qui les
scinti V/P, l'ultrasonographie bilatérale ou les deux procédures
excluaient, selon pulmonaire, les médecins ont prescrit soit une
angiographie pulmonaire (6 patients) ou une AS (25 patients) et une embolie
pulmonaire a été détectée chez 9 de ces patients
(1,5 %). Chez ces patients, la probabilité clinique d'embolie
pulmonaire est restée élevée sur la base de tests
D-dimères positifs pour 9 patients et d'une scintigraphie pulmonaire
à probabilité intermédiaire chez 7 patients. En
contraste, dans le groupe AS, on a réalisé une scinti V/P chez
seulement 3 patients parce que, pour le médecin, la suspicion clinique
d'embolie pulmonaire restait élevée après des
résultats AS négatifs. Aucun des patients de ce groupe n'a eu un
diagnostic d'embolie pulmonaire. Les mutations n'ont pas altéré
les conclusions principales de l'étude démontrant la
non-infériorité de l'AS par rapport à la scinti V/P pour
exclure le diagnostic d'embolie pulmonaire. Cependant, nous ne pouvons exclure
la possibilité d'une supériorité de l'AS par rapport
à la scinti V/P étant donné que des embolies pulmonaires
ont été détectées par AS ou angiographie
pulmonaire chez jusqu'à 9 patients qui auraient pu subir des effets
indésirables durant le suivi.
Autre limitation de notre étude : la majorité des
participants (89 %) étaient des patients externes. Nous avons
analysé séparément les données des patients
externes et hospitalisés et nous n'avons pas relevé de
différence. Mais la petite proportion des patients hospitalisés
interdit de tirer des conclusions définitives concernant les avantages
comparés des 2 stratégies pour la population
hospitalisée. On a, dans la présente étude,
utilisé deux technologies de scanographie différentes : 72 % des
patients ont eu des AS à multi-détecteurs et 28 % à
barrette unique. Cependant, même si tous les patients avaient subi des
AS à détecteurs multiples, il est peu probable que
l'étude puisse démontrer la supériorité clinique
de l'AS par rapport à la scinti V/P étant donné le faible
taux (1 %) des effets liés à une thrombo-embolie pendant le
suivi du groupe scinti V/P. Finalement, 11 patients ont été
perdus pendant le suivi. Bien qu'improbable, ceci aurait pu modifier nos
conclusions si une forte proportion de ces patients avait manifesté un
effet de suivi dans un groupe comparé à l'autre.
Malgré ces limitations, les conclusions de notre étude sont
probablement solides. Il s'agissait d'un vaste essai randomisé
optimisé pour exclure des différences cliniques peu marquantes.
Des patients consécutifs ont été examinés dans 5
centres importants. Le processus d'adjudication a minimisé les
distorsions. Les conclusions de cette étude devraient pouvoir
être généralisées pour d'autres centres
similaires.
Les résultats de notre étude sont rassurants étant
donné que les rapports publiés antérieurement
soulignaient la sensibilité médiocre de l'AS pour
dépister une embolie
pulmonaire10,11.
Notre essai confirme les conclusions des études de cohorte de notre
groupe et d'autres chercheurs qui soutiennent que, combinée à
une ultrasonographie normale, un AS négatif exclut validement le
diagnostic d'embolie pulmonaire et que ces patients ne doivent pas suivre de
traitement
anticoagulant24,29.
Deux études de cohorte récentes ont évalué la
validité de l'exclusion d'une embolie pulmonaire en se basant
uniquement sur un AS négatif. Le Dr Ghanima et
collaborateurs30
ont mené une étude de prise en charge de 221 patients chez qui
une embolie pulmonaire était exclue sur la seule base d'un AS
négatif. Le taux des effets liés à une thrombo-embolie
veineuse était de 0,6 % pendant ce suivi au cours duquel 2 patients
sont décédés à cause, peutêtre, d'une
embolie pulmonaire. Dans le cadre de l'étude
Christopher31, 1,3
% des 1 436 patients suspects d'embolie pulmonaire affichant une AS normale
ont développé des complications liées à une
thrombo-embolie veineuse pendant les 3 mois du suivi au cours duquel on
soupçonne que 7 (0,5 %) des patients ont subi une embolie pulmonaire
fatale. Dans notre étude, 1,4 % des patients du groupe AS ont
reçu un diagnostic de thrombo-embolie veineuse sur la base d'une
ultrasonographie effectuée après une AS négatif.
La scintigraphie pulmonaire de ventilation-perfusion devrait encore avoir
un rôle à jouer dans le dépistage de l'embolie pulmonaire.
Cet examen expose beaucoup moins à la radiation et comporte moins de
réactions indésirables et de contre-indications que la
procédure AS. Une scinti V/P normale exclut essentiellement le
diagnostic d'embolie pulmonaire. Cette étude et une autre ont
démontré qu'une scinti V/P non diagnostique associée
à une ultrasonographie veineuse négative exclut essentiellement
un diagnostic d'embolie pulmonaire si la suspicion clinique n'est pas
élevée16.
On devrait envisager d'effectuer un AS chez les patients ayant subi une scinti
V/P non diagnostique et présentant une probabilité clinique
élevée d'embolie pulmonaire.
Les résultats de notre essai randomisé de prise en charge
diagnostique indiquent qu'une stratégie d'exclusion d'embolie
pulmonaire utilisant l'évaluation de la probabilité clinique,
les tests D-dimères et l'ultrasonographie des membres inférieurs
en association avec soit l'AS ou la scinti V/P résultent en des taux
faibles ou similaires d'effets liés à une thrombo-embolie
veineuse pendant les 3 mois de suivi dans les 2 groupes. Cependant, un nombre
significativement plus important de patients ont été
diagnostiqués et traités pour embolie pulmonaire dans le groupe
AS que dans le groupe scinti V/P. Des recherches approfondies devront
confirmer si certaines embolies pulmonaires détectées par AS
pourraient être cliniquement sans importance et comparables à une
thrombose veineuse profonde isolée et limitée aux veines du
mollet. Ces embolies pulmonaires pourraient ne pas nécessiter de
thérapie par anticoagulants.
Informations sur les auteurs
Correspondance : David R. Anderson, MD, Room 430, Bethune Bldg, 1278
Tower Rd, Queen Elizabeth II Health Sciences Centre, VGH Site, Halifax, Nova
Scotia B3H 2Y9, Canada
(david.anderson{at}dal.ca).
Les affiliations des auteurs sont mentionnées à la fin
de l'article.
Contributions des auteurs : Le Dr Eterson a eu un accès
illimité à toutes les données de l'étude et assume
la responsabilité de l'intégrité des données et de
l'exactitude de l'analyse des données.
Conception et schéma de l'étude : Eterson, Kahn,
Rodger, M. J. Kovacs, Hirsch, Cartier, Barnes, O'Rouke, Wells.
Acquisition des donnés : Eterson, Kahn, Rodger, M. J.
Kovacs, Morris, Hirsch, Lang, Stiell, G. Kovacs, Dreyer, Dennie, Cartier,
Barnes, Burton, Pleasance, Skedgel, Wells.
Analyse et interprétation des données : Eterson,
Kahn, Rodger, M. J. Kovacs, Burton, Pleasance, Skedgel, Wells.
Rédaction du manuscrit : Eterson, Kahn, Rodger, M. J.
Kovacs, Wells.
Revue critique du manuscrit pour les contenus importants :
Eterson, Kahn, Rodger, M. J. Kovacs, Morris, Hirsch, Lang, Stiell, G. Kovacs,
Dreyer, Dennie, Cartier, Barnes, Burton, Pleasance, Skedgel, O'Rouke,
Wells.
Analyse statistique : Eterson, Burton, Skedgel, O'Rouke.
Obtention des fonds : Eterson, Kahn, Rodger, M. J. Kovacs, Morris,
Cartier, Barnes.
Aide administrative, technique ou matérielle : Eterson,
Kahn, Rodger, Morris, Hirsch, Dreyer, Cartier, Barnes, Burton, Pleasance.
Supervision de l'étude : Eterson, Rodger, M. J. Kovacs,
Hirsch, Stiell, G. Kovacs, Dreyer, Pleasance, Wells.
Liens financiers : Aucun rapporté.
Financement/soutien : Cette étude a été
financée par une subvention opérationnelle de l'Institut
canadien de la recherche médicale.
Rôle du sponsor : L'Institut canadien de la recherche
médicale n'a pas participé au schéma ni à la
conduite de l'étude, au recueil, à la gestion, à
l'analyse ou à l'interprétation des données; ni à
la préparation, revue ou approbation du manuscrit.
Informations complémentaires : Le Dr Kahn est le
lauréat d'un titre d'investigateur principal senior du Fonds de la
recherche de santé du Québec. Le Dr Rodger est le lauréat
d'un titre de nouvel investigateur de la Heart and Stroke Foundation du
Canada. Le Dr Wells est le lauréat d'un titre de la Canada Research
Chair in Thromboembolic Diseases.
Autres contributions : Nous remercions les équipes de
recherche de chacun des centres. Sans leur aide, la réalisation de
cette étude n'aurait pas été possible. Jewish General Ho
spital, Montreal, Quebec: Chris Tselios, MD, Carla Strulovitch, RN, Marc
Afilalo, MD, Alex Guttman, MD; Ottawa Hospital, Ottawa, Ontario: Elizabeth
Chatelain, BScN, Laura Radey, BScN; Victoria Hospital, London, Ontario:
Melinda Robbins, RPN; Queen Elizabeth II Health Sciences Centre, Halifax, Nova
Scotia: Darlene MacLeod, BScN; University of Californian, San Diego Medical
Centre, San Diego: Pat Cal, BScN. Dr Tselios; Mss Strulovich, Chatelain,
Radey, Robbins, et MacLeod; et Ms Cal ont reçu une compensation
financière pour leur rôle dans cette étude.
Affiliations des auteurs : Departments of Medicine, Emergency
Medicine, et Radiology, Dalhousie University, Halifax, Nova Scotia, Canada;
Departments of Medicine and Emergency Medicine, McGill University, Montreal,
Quebec, Canada; Departments of Medicine and Emergency Medicine, University of
Western Ontario, London, Ontario, Canada; Departments of Medicine, Emergency
Medicine, et Radiology, OttawaUniversity, Ottawa, Ontario; et Department of
Medicine, University of California at San Diego, San Diego.
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ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA
JAMA. 2007;298:2711.
Texte Complet
Imagerie de l'embolie pulmonaire: Une bonne chose en trop grande quantité?
Jeffrey Glassroth
JAMA. 2007;298:2788-2790.
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