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Survivre à un Arrêt CardiaqueLe lieu, le lieu, le lieu
Arthur B. Sanders, MD;
Karl B. Kern, MD
JAMA. 2008;300(12):1462-1463
Larrêt cardiaque en dehors de lhôpital (OHCA en anglais) est un syndrome dévastateur dont le pronostic est sombre dans de nombreuses communautés.1,2 Cependant, limportance du problème aux Etats-Unis et au Canada est telle que même de petites améliorations dans la survie se traduisent par des milliers de vies sauvées. Larrêt cardiaque en dehors de lhôpital reste un problème de santé majeur, incitant lAmerican Heart Association à suggérer quil soit désigné maladie à signaler.3
Larrêt cardiaque en dehors de lhôpital est dabord un problème de systèmes de communautés locales. Il est important que les cliniciens préconisent dans leurs communautés détablir une réponse optimale et un système de traitement pour que les patients aient une chance raisonnable de réanimation. La survie est généralement une réflexion des services médicaux durgence (EMS en anglais, SAMU en France) et des systèmes hospitaliers de soins intensifs exécutant la « chaîne de survie », incluant laccès au SAMU, lentraînement à la réanimation cardio-pulmonaire des témoins (CPR), les programmes de défibrillation précoce, la réanimation avancée précoce, et les soins optimaux de post réanimation hospitalière.4 (pp 19- 34)
Dans ce numéro de JAMA, 2 articles mettent en évidence larrêt cardiaque comme problème de santé public communautaire. Létude par Nichol et al.5du Consortium des Résultats de Réanimation (ROC) rapporte lincidence des OHCA indépendamment du fait que la réanimation a été tentée. Bien que les sites détude nétaient pas sélectionnés pour représenter les populations des Etats-Unis et du Canada, les sites choisis reflètent quelques-uns des systèmes de SAMU les mieux organisés, et les données rapportées représentent une population de plus de 21 millions de personnes et de plus de 20 000 OHCA.5
Il est remarquable que 42% des arrêts cardiaques non traumatiques ne soient pas traités par CPR ou défibrillation par le personnel de secours du SAMU du fait dune longue histoire directive davance, de maladie terminale ou difficile ou dune demande de la famille du patient. En général, seuls 4,6% de tous les patients qui avaient expérimenté un arrêt cardiaque ont quitté lhôpital en vie. Parmi les patients pour lesquels la réanimation avait été tentée, 7,9% de tous les patients avec un arrêt cardiaque et 21% des patients avec une fibrillation ventriculaire ont survécu jusquà la sortie de lhôpital. Il y a eu des différences régionales dans lincidence et le résultat de lOHCA. Lincidence ajustée de larrêt cardiaque sétendait plus de 2 fois parmi les sites, alors que les taux de survie à la sortie pour les patients traités avec un arrêt cardiaque varient significativement pour tous les arrêts cardiaques (de 3% en Alabama à 16,3% à Seattle) et pour les patients avec une fibrillation ventriculaire (de 7,7% en Alabama à 39,9% à Seattle).5
Cette large variabilité dans le résultat souligne le besoin pressant pour chaque communauté dabord de « connaître son nombre », puis de se concentrer sur la façon daméliorer les taux de survie en se concentrant sur les zones de problème identifié localement à lintérieur de la chaîne de survie. Dans une petite étude du Wisconsin rural, Kellum et al6ont mis en œuvre un protocole de SAMU consistant en une série initiale de compressions ininterrompues de la cage thoracique, une administration passive doxygène sans ventilation active, une analyse du rythme avec un déchoquage simple, 200 compressions immédiates post-déchoquage avant le contrôle du pouls ou une nouvelle analyse du rythme, et une intubation endo-trachéale retardée. En comparaison avec des données dil y a 3 ans avant (n=92 arrêts cardiaques) et après (n=89 arrêts cardiaques) le changement de protocole, la survie sans séquelles neurologiques des patients avec des rythmes déchoquables observés a été améliorée de 15% à 39%, comparable au meilleur site de létude ROC.6 Des améliorations à partir des changements du protocole du SAMU ont aussi été documentées en Arizona et à Seattle.7,8 Ces données montrent que le protocole et la technique peuvent être plus importants que le terrain pour la survie à un OHCA. Une attention centrée et des améliorations des problèmes locaux identifiés dans la chaîne de survie peuvent influencer significativement la survie.
La variabilité des taux de survie dans les différents systèmes de SAMU soulève dimportantes questions en ce qui concerne la tentative pour évaluer la futilité de continuer la réanimation, comme il a été évalué dans létude de ce numéro de JAMA par Sasson et al9 du Registre des Arrêts Cardiaques pour Améliorer la Survie (CARES en anglais). Les chercheurs ont évalué 2 recommandations proposées pour linterruption de la réanimation (TOR en anglais) pour les OHCA sans transport vers lhôpital. Les 2 recommandations TOR comprennent une recommandation pour le personnel de réanimation de base (BLS en anglais) et lautre pour le personnel de réanimation avancée (ALS). La recommandation TOR comprend 3 critères : accident non observé par le SAMU, pas de défibrillateur externe automatique/choc manuel sur le terrain, et pas de retour de la circulation sanguine sur le terrain. La règle ALS ajoute 2 critères supplémentaires : accident non observé par un témoin et aucune réanimation cardio-pulmonaire par un témoin.10,11
En général, 7,1% des 5505 patients compris dans la banque de données de létude ont survécu à la sortie de lhôpital. Lutilisation de la recommandation BLS aurait résulté en 47% de patients prononcés morts dans le cadre extra hospitalier. Néanmoins, 70 patients répondant aux critères de TOR ont survécu à ladmission et 5 à la sortie de lhôpital. Lutilisation de la recommandation plus rigoureuse ALS TOR aurait résulté en 24 patients admis à lhôpital mais dont aucun nest sorti vivant. La recommandation ALS aurait résulté en une augmentation de linterruption des efforts de réanimation dans le cadre extra hospitalier de 17,2% initialement à 21,7%.9
Les directives 2005 de lAmerican Heart Association permettent clairement de prononcer comme décédés les patients qui ont eu un OHCA et qui ne répondent pas au traitement de réanimation avancée. Les directives stipulent « Léquipe de réanimation doit faire un effort consciencieux et compétent pour apporter au patient un essai de CPR et ALCS [réanimation cardiaque avancée]... Les systèmes de réponse médicale durgence ne devraient pas nécessiter de transporter chaque victime dun arrêt cardiaque par le personnel sur place vers un hôpital ou un servie durgence... si les soins ACLS sur place ne peuvent réanimer la victime, les soins du ED (en anglais) [département durgence] ne réanimeront pas la victime. »4 (pp61-62)
Bien que les auteurs aient mené une évaluation rigoureuse des facteurs pronostiques associés aux résultats médiocres compris dans les recommandations TOR, le problème-clé est de savoir si les recommandations TOR sont désirées et nécessaires. De telles recommandations desservent-t-elles mieux les patients victimes dun arrêt cardiaque ? Les recommandations cliniques pour interrompre le traitement ont une façon de devenir une prophétie auto-suffisante.
La science de la réanimation est active, promettant de nouvelles approches pour améliorer les résultats.6-8 Si les villes de la banque de données CARES ont amélioré les résultats OHCA au niveau du meilleur site ROC (7 à 16% de survie), les règles TOR peuvent ne plus être valables. De plus, dautres facteurs pronostiques, comme le temps total darrêt, le temps total de réanimation, les maladies comorbides, létiologie présumée de larrêt cardiaque, le délai darrivée du SAMU, et les 5 facteurs TOR décrits, peuvent être pris en compte par les cliniciens. Si le problème réside dans le fait que trop de patients sont transportés vers les hôpitaux, la formation des médecins des stations de base, les personnels sanitaires, et les directeurs de SAMU sur ce qui doit et ne doit pas être fait à lhôpital peut être préférable à une recommandation pour renoncer aux efforts de réanimation.
De plus, des progrès significatifs ont été faits dans les soins post réanimation. Par exemple, dans létude de Sasson et al, seuls 5 des 70 patients répondant aux recommandations TOR et admis à lhôpital ont survécu jusquà la sortie.9 Dans une étude récente de patients qui ont reçu des soins de post-réanimation agressifs, y compris une hypothermie thérapeutique, une intervention coronaire percutanée, et un contrôle des niveaux hémodynamiques, de glucose et de la ventilation, Sunde et al12 ont rapporté une amélioration des résultats de létat neurologique favorable de 26% (parmi 58 patients dans la période pré interventionnelle) à 56% (parmi 61 patients dans la période post interventionnelle) . Ainsi, les améliorations dans le domaine de la science des soins de réanimation et de post réanimation peut vite rendre un règlement spécifique de décision obsolète.
Enfin, il est temps de reconnaître limportance des systèmes de SAMU pour la santé dune communauté. Les médecins et le public devraient exiger des données sur la survie des arrêts cardiaques dans chaque communauté. Des publications et des organisations devraient utiliser ces données de survie lorsquelles évaluent les villes pour les indices de qualité de vie et de santé, et les sociétés et les individus devraient prendre en compte des données de santé publique lorsquils décident de se développer ou de déménager dans une nouvelle ville. Il est temps de travailler à surmonter les obstacles de chaque communauté, de consacrer des ressources appropriées, et doptimiser la survie de tous les patients de sorte que la localisation par ville ne devienne quun facteur mineur dans la survie à un arrêt cardiaque.
Informations sur les auteurs
| | Correspondance : Arthur B. Sanders, MD, Department of Emergency Medicine, University of Arizona Health Sciences Center, PO Box 245057, Tucson, AZ 85724-5057 (art{at}aemrc.arizona.edu).
Liens financiers : Aucun déclaré.
Les éditoriaux représentent les opinions des auteurs et du JAMA mais pas ceux de lAmerican Medical Association.
Affiliations des auteurs : Departments of Emergency Medicine (Dr Sanders) and Internal Medicine (Dr Kern), Sarver Heart Center, University of Arizona, Tucson.
Voir aussi pp 1423 et 1432.
BIBLIOGRAPHIE
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ARTICLES EN RAPPORT
Cette semaine dans le JAMA-Français
JAMA. 2008;300:1383.
Texte Complet
Variation régionales dans lincidence et le pronostic des arrêts cardiaques survenant hors contexte hospitalier
Graham Nichol, Elizabeth Thomas, Clifton W. Callaway, Jerris Hedges, Judy L. Powell, Tom P. Aufderheide, Tom Rea, Robert Lowe, Todd Brown, John Dreyer, Dan Davis, Ahamed Idris, et Ian Stiell
JAMA. 2008;300:1423-1431.
Résumé
Interruption de la réanimation pré-hospitalière dans le cas darrêts cardiaques réfractaires survenant en dehors de lhôpital
Comilla Sasson, A.J. Hegg, Michelle Macy, Allison Park, Bryan McNally, et Pour le Groupe de Surveillance CARES
JAMA. 2008;300:1432-1438.
Résumé
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